Nous avions rencontré M. Poujet, responsable syndical CGT à l’usine Lu de Calais, le lendemain de la manifestation qui y avait eu lieu. Nous lui avions demandé entre autre ce qu’il pensait de l’action du gouvernement sur le problème des licenciement, alors qu’à ce moment là le plan Guigou n’était qu’un projet. Voilà ce qu’il nous avait répondu :
Article paru dans l’Egalité n°87
« Les propositions qui sont faites par Jospin, ce qu’il a dit et ce qu’il compte discuter à l’assemblée nationale, ne répondent pas aux attentes des salariés qui étaient dans la rue hier. M. Jospin comme madame Guigou doivent comprendre que les salariés ne veulent pas entendre parler d’indemnité. Ils veulent parler de non-fermeture de leur usine, de conserver leur emploi. L’argent c’est pas le problème. Le problème c’est de conserver son emploi.
Je crois que la seule solution ce n’est pas d’augmenter les indemnités de licenciements, de taxer ou de pénaliser les entreprises qui licencient parce que généralement les entreprises ont beaucoup d’argent, comme Danone par exemple qui fait 4,7 milliards de bénéfice pour l’année 2000. La seule solution pour mettre un terme aux fermetures d’entreprises et aux suppression d’emplois, c’est d’interdire tous simplement aux entreprises qui font des bénéfices importants comme Danone, de fermer des usines et de licencier. Je crois qu’une loi peut être votée dans ce sens là.
On est convaincu que seule cette loi sera utile. Ce qui est proposé actuellement, y compris ce qui est proposé par Mme Guigou sur le renforcement des droits des comité d’entreprise, ne changera rien. Si c’est pour renforcer nos droits dans le cadres des discussions sur le plan social, là encore madame Guigou n’a rien compris : le plan social on ne veut pas en discuter !
Nous, ce que l’on veut discuter, c’est le dossier économique dont se servent les directions pour justifier leur fermeture d’usine et les suppressions d’emplois et le rejeter. Bien sûr si on a un droit de veto sur ce dossier, les chose sont complètement différentes. Mais apparemment c’est pas ce qui est prévu dans le projet. Donc je ne vois pas ce qui peut changer demain. »