Ce dimanche, des milliers d’employés de maison ont manifesté dans les rues de Hong Kong afin de réclamer justice suite au cas symptomatique d’une employée indonésienne victime de maltraitances de la part de ses employeurs. Voici ci-dessous l’article de nos camarades de Socialist Action, section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong.
Le cas d’une employée de maison indonésienne torturée, Erwiana Sulitiyaningsih, a exposé au grand jour la vie extrêmement dure des immigrés à Hong Kong. Erwiana a non seulement dû subir la violence de la part de ses employeurs, mais elle n’avait pas non plus été payée durant les huit mois où elle les avait servi, sans même recevoir un jour de congé. Cette affaire ne constitue toutefois que le sommet de l’iceberg. Mais après cet exemple, plus de travailleurs osent s’exprimer publiquement sur la façon dont leurs employeurs abusent d’eux. Le système de l’esclavage moderne qui sévit à Hong Kong est devenu un scandale international.
Une politique injuste
Les agences de recrutement constituent un exemple brutal de l’exploitation capitaliste. Ces agences obligent les travailleurs domestiques immigré à payer le prix fort pour qu’on leur »présente » un travail. Les agences ne se soucient que de leur profit, sans aucune considération pour les conditions de travail des travailleurs. La règle des 2 semaines est extrêmement injuste pour les travailleurs immigrés, elle les contraint à rester avec un mauvais employeur plutôt que de risquer d’être expulsés de Hong Kong (le droit hongkongais dispose que les employés de maison étrangers doivent trouver un nouvel emploi et obtenir un visa de travail dans les deux semaines suivant la fin de leur contrat, faute de quoi ils doivent quitter Hong Kong, NDT) ! La loi exigeant que ces travailleurs doivent vivre avec leur employeur les prive de toute vie indépendante. Ce droit humain fondamental ne s’applique pas aux immigrés à Hong Kong. Ils perdent donc leur propre vie privée et certains travailleurs sont obligés de travailler de nuit également. Socialist Action revendique l’abrogation de la règle des 2 semaines et le droit des travailleurs à vivre de façon autonome. Nous exigeons une forte expansion du nombre de logements publics, y avec de logements indépendants bons marchés pour les travailleurs immigrants actuellement exclus du logement public.
Combattons l’exploitation capitaliste !
Les immigrés sont victimes de discrimination systémique ainsi que du racisme des autorités, ils doivent subir de longues heures de travail pour des salaires misérables et une faible protection au travail. Le gouvernement a délibérément érigé des murs pour séparer les travailleurs immigrés du reste de la classe ouvrière afin qu’ils puissent être plus facilement exploités dans les intérêts des grandes entreprises, qui s’opposent à ce que plus de moyens soient accordés aux services sociaux tels que la garde d’enfants, les soins aux personnes âgées ou qui refusent encore toute réduction des heures de travail, ce qui permettrait aux travailleurs de passer plus de temps avec leurs familles.
Seule l’organisation et la création de syndicats combatifs s’opposant résolument à cette ségrégation pourra livrer une solution. L’élite milliardaire craint les luttes des immigrés car leur combat pour de meilleures conditions de travail et de salaire pourrait se joindre à la lutte menée à Hong Kong pour les droits démocratiques, les droits de tous les travailleurs et pour une meilleure protection sociale de base. Dans de plus en plus de pays, les travailleurs ripostent – comme nous l’avons encore tout récemment vu au Cambodge et en Indonésie – avec de nouveaux syndicats de combat et de grands mouvements de grève pour un salaire décent.
Luttons contre le racisme !
Socialist Action se bat pour l’obtention des droits démocratiques et pour une protection juridique pour les immigrés et tous les travailleurs – le droit d’adhérer à un syndicat, le droit à la négociation collective, le droit de grève, et un droit de séjour identique pour chacun. La seule façon de se débarrasser des agences de recrutement privées qui enfreignent la loi est de les remplacer par une autorité publique gratuite et à but non lucratif afin de gérer l’embauche des immigrés, sous contrôle démocratique. Il faut également reconnaître qu’au vu de l’état famélique des services sociaux à Hong Kong, les travailleurs domestiques étrangers fournissent des services sociaux essentiels qui ont un grand impact économique.
Le cas d’Erwiana est un signal d’alerte et de réveil qui illustre la nécessité d’une lutte commune pour les droits des femmes, contre le racisme et pour une protection égale à tous les travailleurs. Le racisme est attisé par les médias et les politiciens afin de diviser et d’affaiblir la lutte pour les droits des travailleurs et les droits démocratiques. Socialist Action est d’avis qu’il est crucial de construire un mouvement de masse à Hong Kong contre toutes les discriminations. Tout comme d’autres groupes, nous serons ainsi également présents à la marche de la Journée internationale des femmes le 8 mars prochain. Luttons pour l’égalité des femmes et contre le racisme et toutes les tentatives des capitalistes de nous diviser et nous affaiblir.
Socialist Action déclare :
- Il faut poursuivre les employeurs !
- Abolition du système privé des agences de recrutement. Tout le travail domestique doit être placé sous un nouveau secteur public non-marchand.
- Pour le droit des travailleurs immigrés de vivre leur vie de façon indépendante. Pour la construction de 50.000 logements publics chaque année afin d’en finir avec les listes d’attentes, et avec un provision pour les immigrés.
- Pour un salaire minimum de 40 HK$ par heure et un temps de travail de 8 heures par jour, sans exception !
- Pour la construction de syndicats combatifs et pour des conventions collectives de travail pour tous les travailleurs, travailleurs immigrés inclus.
- Pour une augmentation massive des fonds publics alloués aux services à la petite enfance et à l’aide aux personnes âgées. Taxons les riches, les banques et les grandes compagnies.
- Pour que tous les services publics soient placés sous propriété, gestion et contrôle démocratiques – pour la fin des privatisations et de la sous-traitance.
- Solidarité internationale !