Le 22 janvier, les salariés le cœur gros, ont voté à main levée le protocole de fin de conflit à l’usine GoodYear Amiens Nord. Ainsi s’est terminée une belle et grande lutte de 7 ans qui a permis aux Goodyear de stopper par les grèves ou les procédures judiciaires tous les plans et les chantages de la direction. 7 ans de combat, avec zéro emploi perdu et 7 ans de salaires! Nous saluons ce combat que nous avons toujours popularisé et soutenu.
Solidaires jusqu’au bout.
L’accord arraché à la direction par l’occupation de l’usine et la ténacité de la CGT prévoit un triplement de l’enveloppe globale par rapport au premières offres de la direction. Surtout tous les salariés, et notamment les plus jeunes vont toucher une prime. Par exemple un salarié avec un an d’ancienneté n’aurait eu que 560 euros en 2012. L’accord signé mercredi lui permet de partir avec 21000 euros. Avec toutes les primes et congés de reclassement, les primes varient de 60000 euros à 130000 maximum. Durant toute la période de « reclassement », la mutuelle et une grande partie de la protection santé sera intégralement payée par Goodyear.
Ce sont 1173 emplois que Goodyear détruit, et le double d’emplois induits. Sans parler des suppressions d’emplois par centaines sur les deux sites d’Amiens depuis que Goodyear a entamé sa restructuration mondiale. La lutte des ouvriers de Goodyear a toujours été de sauver toute l’usine, de rester ensemble jusqu’au bout, et de refuser la régression sociale que représente l’instauration des 4×8 à Amiens Sud qui fait qu’on se retrouve à travailler (pour fabriquer des pneus !) le dimanche ou les jours fériés. C’était une résistance face à l’acharnement de la direction à détruire les emplois mais également les personnes, brisant les solidarités : comment se croiser dans la rue si on a accepté que son voisin soit dans la charrette de licenciement pour qu’on garde son emploi ? Il était extrêmement dur d’empêcher la fermeture dans un contexte économique mondial où toute la filière automobile est restructurée, pneumatiques compris. Politiquement, le slogan de la nationalisation de l’usine sous contrôle des travailleurs aurait eu une grande utilité et obligé au débat dans la gauche et les syndicats, car les grandes réorganisations sont loin d’être terminées dans le secteur automobile.
Le sale rôle de Montebourg.
Depuis quelques années, Goodyear voulait fermer l’usine et en vendre une partie (la production de pneus agraires) au groupe Titan, histoire de faire du profit tout en licenciant. Montebourg, après avoir fait semblant d’être du côté des travailleurs à des fins politicardes et sur une rengaine « patriotique » qui n’a toujours été qu’un leurre d’où qu’elle vienne, s’est ingénié à saboter la résistance des travailleurs et de la CGT Goodyear.
Montebourg et Hollande ont négocié la reprise de l’usine par Titan dans le dos des travailleurs mais s’il en reprend, aucun salarié ne sera transféré à Titan s’il n’est pas indemnisé avant par Goodyear. Un collectif de salariés ex-Goodyear va être créé pour agir aux prud’hommes et montrer l’inexistence de toute justification économique des licenciements.
Avant de quitter l’usine occupée, deux journées de solidarité.
Le 17 janvier, suivant une proposition de la CGT Arcelor Mittal, 3 à 400 personnes se sont rassemblées sous une pluie perçante autour d’un barbecue de soutien à l’occupation de l’usine et aux négociations en cours. Des délégations de nombreuses sections syndicales (principalement CGT : PSA-Aulnay, Renault Cleon, Faurecia Auchel, Livre-CGT, Renault-Douai, Petroplus, Ford-Blanquefort, plusieurs UL et l’UD CGT de la Somme, des syndicalistes CGT transport routier de Rouen, des militants FSU d’Amiens ou encore une délégation de SUD-PTT 92) pour rappeler la nécessité de lutter ensemble et participer au soutien à cette lutte emblématique.
Le 18 janvier, les familles et les salariés se sont rassemblés en nombre devant la mairie. Dans une longue intervention Mikaël Wamen a rappelé la lutte courageuse des salariés et dénigré toutes les accusations dont ils ont été victimes et par là même leurs familles. Un chèque aussi gros soit-il « ne remplacera jamais ce qu’ils perdent : un emploi » sans parler des drames humains qu’entraîne cette perte.
Les Goodyear ont souvent participé aux journées de mobilisation des autres entreprises comme celles des Continental ou autres secteurs. Pendant la grève contre la casse des retraites en septembre-octobre 2010, la CGT Goodyear avait été le moteur de grandes initiatives qui auraient du être multipliées à l’échelle de tout le pays, ce qui aurait largement amélioré le rapport de force : blocage de la zone industrielle d’Amiens Nord, grand meeting-débat avec l’ensemble des secteurs en lutte rassemblant plus de 1000 militants… La grève générale et totale n’était pas un simple slogan mais se construisait avec énergie. La Cgt Goodyear a régulièrement demandé que la direction nationale (confédérale) de la CGT appelle à de vraies journées interprofessionnelles de grève. Sans succès. D’ailleurs ni Thibault ni Le Paon ne sont venus sur le site soutenir les ouvriers.
Au nom de la Cgt Goodyear le 18 janvier Mickael Wamen a redit que contre ce gouvernement et les patrons, il y a une urgence de luttes. Au moment où Hollande donne 50 milliards d’euros au Medef «il faut prendre la rue dans un mouvement national avec des salariés qui eux aussi en ont marre».
Bien sûr, les confédérations ne le veulent pas mais « la cgt goodyear s’y emploiera ». C’est effectivement dans ce sens, en une journée de grève tous ensemble qu’il faudrait aller pour stopper les attaques, les licenciements, les fermetures.
Un texte du syndicat intitulé « J’accuse » rappelle clairement : « même si le gouvernement Sarkozy ne nous a pas fait de cadeau jamais il n’aurait osé faire ce que le gouvernement Hollande réalise !!!!! ».
La lutte des Goodyear est emblématique de ces centaines d’entreprises qui subissent actuellement des plans de licenciements. Elle montre également que la lutte contre le chômage et les licenciements est une lutte tout autant contre les décisions des multinationales que contre la politique du gouvernement.