Hamon, un miroir aux alouettes ?

778614-french-socialist-party-deputy-benoit-hamon-attends-a-debate-and-a-vote-on-palestine-status-at-the-naLa volonté de rompre avec les politiques d’austérité et de casse des droits (menées par les différents gouvernements et en particulier de Hollande-Valls) est grande. Elle s’exprime de différentes manières : dans une colère stérile qui se trompe de cible avec le vote FN, dans un dégoût total qui mène à l’abstention, ou dans la dynamique autour de la campagne de Mélenchon et de la France Insoumise. Le rejet de Valls et la victoire de Hamon à la primaire du PS expriment aussi le rejet de ces politiques qui n’ont servi que les intérêts des capitalistes.

Face aux promesses de nouvelles attaques en cas de victoire aux présidentielles des Le Pen, Fillon ou Macron, nombreux sont celles et ceux qui cherchent une alternative électorale possible. C’est dans ce contexte que peut s’expliquer une certaine volonté d’unité pour faire barrage à la droite et à l’extrême-droite, la multiplication des appels à « l’unité de la gauche » avec un candidat unique de la « gauche ». Benoît Hamon joue sur ce sentiment afin d’apparaître comme le pion central du dispositif.

Un loup peut-il devenir végétarien ?

Mais il serait illusoire de croire que l’on puisse rompre avec la politique libérale – cause de l’accroissement de la pauvreté, du chômage, de la précarité, des exclusions – menée durant le quinquennat sans rompre avec celles et ceux, au gouvernement comme à l’Assemblée nationale ou au Sénat, qui l’ont mise en œuvre ou votée. Et de ce point de vue, Benoît Hamon refuse cette rupture – il le clame haut et fort, montrant clairement les limites de sa démarche.

Alors qu’il n’est pas soutenu par la majeure partie de l’appareil du PS – dont une partie lorgne vers Macron et ne mène pas la campagne – Hamon donne déjà des gages de bonne conduite aux apparatchiks et aux élus du parti : abandon de l’abrogation de la loi Travail, abandon de la fausse bonne idée bien minimaliste de revenu universel, acceptation de l’investiture de la quasi-totalité des membres du gouvernement pour les législatives, ouverture à une alliance avec le banquier Macron…

Recompositions

En définitive, en refusant de combattre l’aile droite du PS – ce qui aurait pu avoir un réel impact – Benoît Hamon, loin de défendre l’intérêt de la classe ouvrière précarisée, des laissés-pour-compte, de la jeunesse sans avenir, pense défendre l’intérêt… de son parti. D’ailleurs, quel est le résultat jusqu’à maintenant de ces appels multiples à l’unité ? Pas grand-chose sinon continuer de diviser profondément le PC et d’aboutir à l’explosion probable d’Europe-Ecologie Les Verts suite au retrait de Yannick Jadot, avant même que les militants et les participants à la primaire des écolos n’aient validé l’accord. Le naufrage du PS risque d’entraîner les partis qui depuis des décennies se sont placés continuellement dans son sillage.

En effet, le grand écart permanent, les magouilles et la tambouille d’appareil sont ce que refusent de plus en plus d’électeurs. Ce n’est pas cela qui va attirer toutes celles et tous ceux qui se sont détournés du cirque électoral, et qui sont de plus en plus nombreux. Sa défaite électorale entraînera, à n’en pas douter, la reprise de contrôle des évènements par l’aile droite vallsiste, majoritaire parmi les cadres du parti, quitte à entraîner le PS vers son effondrement. Servir les intérêts de la classe capitaliste, mener une politique de répression des travailleurs et des jeunes, ça va aussi demander de fermer la boutique PS et d’en ouvrir une autre, que la bande à Valls rêve débarrassée de l’écriteau « socialiste ».

Yann Venier