Grande-Bretagne : le réveil de la lutte des classes

Après la mobilisation d’un demi-million de grévistes du 1er février, les perspectives de lutte en Grande-Bretagne se multiplient. L’objectif de construire une mobilisation nationale offensive contre le gouvernement, portée par les syndicats, porte ses fruits dans de nombreux secteurs. L’occasion de développer la lutte à l’ensemble des secteurs se profile autour du 15 mars, date de présentation des budgets par le gouvernement conservateur. Tous les travailleurs en lutte et leurs soutiens sont appelés à manifester massivement dans les rues de Londres et Cardiff ce jour là, et de plus en plus de secteurs entrent en grève tout au long du mois de mars : la Santé, l’Éducation, la fonction publique, le rail…
Des milliers de travailleurs ont enduré plus qu’ils ne pouvaient, et la contre-attaque a commencé. Le slogan « Grève tous ensemble » a trouvé un grand écho parmi les grévistes et leurs soutiens.

Pour une alternative politique à Sunak

Le parti conservateur marche sur des œufs. Les Premiers ministres conservateurs Boris Johnson et Liz Truss ont été contraints de démissionner il y a encore peu de temps. Le Labour Party (travailliste) talonne les Tories (conservateurs) dans les sondages quand il n’occupe pas la première place.Alors que la colère monte dans tout le pays, la classe ouvrière a besoin d’un outil de lutte pour saisir cette opportunité et renverser le gouvernement pro-capitaliste. Le Labour de Starmer ne remplit plus ce rôle qui permettrait de construire une alternative politique aux gouvernements pro-capitalistes comme l’actuel gouvernement de Sunak. Les soutiens de Starmer au sein du Parti travailliste se targuent de défendre une politique « à la fois pro-travailleurs et pro-business ». Ces intérêts sont antagoniques et Starmer se situe clairement dans le camp du patronat qui considère même, aujourd’hui, que le Labour est un parti fiable pour le défendre. Ce parti ne permet plus au mouvement ouvrier de lutter pour ses intérêts, et ceux qui défendent un programme réellement socialiste en sont exclus.

Le besoin d’une voix indépendante

Jeremy Corbyn, principale figure de l’opposition de gauche au sein du Labour, est muselé par son propre parti, interdit de prétendre à la direction de celui-ci suite à des campagnes diffamatoires visant à l’écarter. En plus de lutter contre ces attaques antidémocratiques, il doit continuer à porter un programme anti-austérité et développer une opposition socialiste aux politiques capitalistes, en s’appuyant sur les grévistes, les étudiants qui défendent l’éducation gratuite, les travailleurs précaires, et tous ceux qui subissent le coût de la vie. Étendre l’opposition aux deux partis britanniques traditionnels pourrait mettre le feu aux poudres dans tout le pays, et serait un pas en avant vers la mise en place d’un gouvernement réellement socialiste organisé par et pour les travailleurs.

Notre organisation sœur en Angleterre et Pays-de-Galles, le Socialist Party, appelle les syndicats à créer leur propre liste électorale autour de travailleurs de leurs rangs et des députés travaillistes sincères, exclus du parti pour avoir osé défendre les intérêts des travailleurs. Une telle liste serait un pas en avant pour organiser la classe ouvrière autour d’un programme socialiste, de lutte, en opposition à celles du Labour et des Tories.

Par Skáld, article paru dans l’Egalité n°215