Gouvernement : les mauvaises surprises de la rentrée

Macron avec Gattaz à l’Université d’été du Medef le 27 août 2015, où il a pu une nouvelle fois donner des gages de son amour pour le patronat.
Macron avec Gattaz à l’Université d’été du Medef le 27 août 2015, où il a pu une nouvelle fois donner des gages de son amour pour le patronat.

Chaque année, les gouvernements successifs profitent de la période estivale pour nous asséner quelques coups fourrés ; de ce point de vue, Hollande et Valls ne se distinguent pas de leurs prédécesseurs. Ils nous épargnent quand mêmes les hausses de prix (gaz, électricité etc.) puisque les prix avaient déjà augmenté en janvier et le SMIC réévalué d’un généreux 0,8 % (environ 8€…) !

La loi Macron force 3

Finalement il n’y a pas de vraie surprise puisque le gros des attaques est concentré dans la loi Macron, passée en force (par l’utilisation de l’article 49-3 de la constitution, 3 fois !) pour éviter tout débat. Au menu, les habituelles primes et réductions d’impôts diverses versées au patronat pour soi-disant embaucher. Avec toutes celles qui existent déjà on se demande pourquoi le chômage continue d’augmenter si ça marchait vraiment… Et comme si ce n’était pas suffisant, un certain nombre d’articles de la loi permettent de casser des parties du code du travail : possibilité de renouveler les CDD 2 fois au lieu de une (pourquoi embaucher des CDI, dans ces conditions?). Le travail de nuit et du dimanche sont facilités, en même temps que des zones de commerce internationales sont créées pour permettre aux magasins d’ouvrir jusqu’à minuit (c’est vrai qu’il serait dommage de ne pas pouvoir s’acheter un petit carré Hermès le dimanche quand on part en week-end à Deauville!).

Ils ne s’attaquent pas directement aux temps de travail, c’est vrai. Ils le font de manière détournée en permettant aux entreprises de déterminer leurs propres modalités de salaire et de temps de travail localement en faisant signer un accord majoritaire. Et si un salarié voulait contester son licenciement aux Prud’hommes (comble de l’audace, vous l’avouerez!) de toute façon les indemnités qu’il pourrait recevoir seront plafonnées, et ne dépendront donc plus directement de sa carrière.

On ajoute à cela la grande mesure écologique de l’année, à quelques mois du COP 21, la libéralisation des lignes de car. Le prétexte donné est que les pauvres ne peuvent pas prendre le train ! Pourquoi ne pas baisser les tarifs de train et augmenter les salaires ?! Ah, non, ce n’est pas possible, le MEDEF ne veut pas !

Bref, la loi Macron est tout ce qu’il y a de plus libéral, en essayant de nous faire croire que casser les lois sociales apporte de la croissance et du mieux vivre. La réalité est que ceux qui vont mieux vivre sont toujours les mêmes : les capitalistes.

Souriez, vous êtes surveillés !

Les raisons invoquées par les services de renseignements pour mettre quelqu’un sous surveillance sont élargies. Une commission de contrôle de ces mises sur écoute est créée, mais son avis ne sera que consultatif ! La surveillance d’internet s’aggrave puisque des boîtes noires pourront donner en temps réel des informations sur l’activité en ligne de quelqu’un, c’est quasiment le même dispositif que la NSA américaine, auquel le gouvernement était soi-disant opposé. Bref, leur chasse aux terroristes va ouvrir la porte à tous les abus.

Loi Rebsamen (de casse du) «dialogue social»

Encore une loi fourre-tout avec nom contraire à ce qu’elle contient. Fin du CV anonyme, fin des négociations collectives sur les inégalités hommes-femmes au travail, recul sur la mise en pratique de l’accessibilité pour les handicapés… Que de réjouissances ! Bien qu’elle soit moins médiatique cette loi ouvre des chantiers que le patronat attendait, en particulier sur la représentation du personnel ou encore le régime des intermittents. Une fois de plus, le diable se cache dans les détails, la réforme ne supprime pas le régime des intermittents mais lui donne de «l’autonomie». En le séparant des autres branches en lui donnant un fonctionnement et des instances de contrôle spécifiques.

Valls se montre au moins aussi malin que Sarkozy. Il n’attaque pas de front, mais démantèle les lois sociales morceau par morceau. Les prochaines échéances de lutte doivent permettre de démontrer la cohérence de cette politique d’austérité et de casse sociale, et de construire une riposte à la hauteur.

Par Virginie Pregny