France Travail : contrôler les privés d’emploi plutôt que les accompagner.

La convention tripartite entre l’Etat, France Travail et l’Unedic (caisse d’assurance-chômage) est rendue publique. Celle-ci expose les grands axes stratégiques du gouvernement. En faire plus, plus vite, sans moyens humains et en piquant l’argent des cotisations de tous les travailleurs, car une partie du financement de France Travail se fera sur le compte de l’Unedic !

Sans recrutement, la stratégie envisagée est que d’un côté les 55 000 salariés de France Travail vont devoir inscrire tous les bénéficiaires du RSA et faire face à des situations où les agents ne sont pas préparés (difficultés logements, surendettements, des incapacités lié à des soucis de santé…). De l’autre, c’est de privatiser l’accompagnement des privés d’emploi les plus proches de l’emploi avec de nouveaux budgets d’argent public dédiés pour des nouvelles « prestations d’accompagnement ».

La transformation d’un service public de l’insertion professionnelle en une gare de tri géante s’accélère : un conseiller ne peut même plus faire un CV avec un privé d’emploi, il faut mettre en place un « atelier » chez un prestataire… . Le travail se limite à envoyer l’usager au bon endroit ce qui n’est pas le sens originel des missions su service public. De nombreux conseillers de France Travail démissionnent, d’autres pratiquent l’accompagnement bénévolement en dehors et pour beaucoup la perte de sens du travail est une souffrance.

L’augmentation du niveau de contrôle

Dans le même temps, le niveau du « Contrôle de la Recherche d’Emploi » (CRE) augmente de 20 %, passant de 500 000 à 600 000 par an. Attal l’a dit, l’objectif est d’arriver à 1 500 000 contrôles en 2027. Le taux de radiation explose, près de 16 % des privés d’emploi contrôlés sont sanctionnés ! Il faut savoir que les contrôles n’ont que des effets néfastes, s’ils provoquent des sursauts dans quelques cas, c’est surtout pour ne pas perdre le peu d’allocation et pousser à prendre n’importe quel contrat de travail, même les pires. Surtout, c’est une arme idéologique pour faire porter la faute du chômage de masse, aux chômeurs eux-mêmes.

La propagande d’Etat du « chômeur-profiteur » est fausse : le nombre de privés d’emploi indemnisés est en chute libre (un peu plus de 40 % aujourd’hui contre 53 % en 2020) et l’allocation moyenne diminue aussi (plus de 900 € par mois contre 1 100 € en 2020).

Pour pouvoir sanctionner aussi les demandeurs d’emploi inscrit, mais bénéficiaire du RSA, des équipes « pluridisciplinaires » dites « Regards Croisés CRE » vont regrouper les organismes au niveau départemental pour faire passer la sanction administrative prise dans une administration sur toutes les autres.

France Travail est donc une casse du service public de l’emploi pour créer des marchés nouveaux tout en étant le bras armé des patrons en obligeant les privés d’emploi à prendre des boulots avec des salaires toujours inférieurs impactant, de fait, toutes les grilles de salaires dans toutes les entreprises. Avec France Travail, les capitalistes et le gouvernement font la guerre à chômeurs plutôt qu’au chômage et à tous les travailleurs.

Article paru en version courte dans notre journal l’Égalité n°222