Le 5ème forum social mondial qui se tenait à nouveau à Porto Alegre au Brésil ne pouvait tomber à une meilleure période : deux ans et demi après l’élection au poste de président de Lula, et sa première vague d’attaques ultralibérales (notamment l’augmentation du nombre d’années nécessaire avant de partir à la retraite), et alors que la confrontation entre le peuple vénézuélien et le capitalisme (notamment l’impérialisme nord américain) s’accentue.
Article paru dans l’Egalité n°112
Ces deux éléments dominaient complètement le forum social mondial. Des milliers de jeunes et de travailleurs étaient venus avec la volonté de débattre et de trouver des réponses à la crise que subit l’Amérique latine toute entière. Dans les nombreuses discussions, manifestations, etc., ces milliers de personnes, représentatifs d’un continent en ébullition, montraient leur opposition au capitalisme et leur volonté d’aller vers le socialisme.
Deux forums ?
L’image était saisissante. D’un coté, les « officiels » du FSM avec leurs beaux stands, leurs paroles mesurées, leurs propositions d’un capitalisme plus sage etc. et qui n’avaient même pas un regard pour les gamins des quartiers pauvres de Porto Alegre qui se faufilaient entre leurs jambes pour ramasser les canettes de métal pour les revendre. De l’autre ces milliers de jeunes, de syndicalistes, en pleine recherche d’une vraie solution, discutant non de savoir s’il fallait remplacer le capitalisme mais de la manière dont on pourra construire un instrument réellement efficace pour aller au socialisme. Et dans la grande manifestation d’ouverture qui a rassemblé au moins 150 000 personnes, ce sont ces derniers qui l’emportèrent tant par le dynamisme que par l’accueil qu’ils recevaient par les manifestants ou les spectateurs.
L’inquiétude grandissante vis à vis de cette augmentation de la radicalité des participants (qui s’est dirigée aussi bien contre l’impérialisme, le capitalisme, que contre Lula) s’est vue dans les déclarations et propositions des leaders officiels de « l’altermondialisation ». Le prochain Forum social mondial n’aura lieu que dans deux ans (des forums continentaux devant le remplacer l’an prochain), et beaucoup de ses dirigeants sont flous quant aux perspectives (ce qui s’est vu à l’échec du Forum social européen de Londres, ou des forums sociaux locaux en France).
C’est dans un hôtel très chic de Porto Alegre, le San Rafael, que les « dirigeants » du mouvement altermondialisation (I. Ramonet, B. Cassen etc.) ont présenté leur manifeste, catalogue reprenant les éternelles propositions de taxes diverses et de « démocratisation » des institutions internationales (FMI, Banque mondiale, ONU etc.). D’une part aucune de ces propositions n’a jamais abouti, mais en plus, tout militant conscient sait aujourd’hui qu’aucune institution internationale ne peut échapper à l’emprise des capitalistes, et que ceux-ci ne laisseront pas limiter leurs pouvoirs.
Succès pour le CIO et sa section brésilienne, socialismo revolucionario
Nos militants brésiliens avaient reçu le renfort de camarades d’Europe (Belgique, Irlande, Grande Bretagne, France etc.) et d’Amérique (Chili, USA), et nous avons organisé une intervention pleine de succès. Non seulement, nos idées trouvaient un écho important parmi les milliers de jeunes et de travailleurs qui participaient au FSM, mais ils avaient eux-mêmes fait une partie du chemin politique : rejet complet du capitalisme et recherche de discussions sur les moyens d’aller au socialisme.
A chaque fois, plus de cent personnes ont participé à nos deux meetings publics alors que nous n’avions pu les annoncer qu’une journée avant. Près de 1500 exemplaires de notre journal ont été vendus, ainsi que toutes nos brochures sur le Venezuela.
Notre groupe a milité activement et avec enthousiasme malgré la chaleur, tout en participant activement aux principaux moments du FSM ; deuxième rencontre nationale du P-Sol, rencontre des opposants syndicaux à la politique de Lula, rencontre des jeunes pour organiser la lutte contre la Réforme universitaire…
Pour nous ce FSM fera date ; il confirme l’analyse que les travailleurs et les jeunes ont commencé à relever la tête et qu’ils se réapproprient petit à petit la perspective socialiste comme seule alternative réelle au capitalisme. Et d’avoir pu voir une véritable organisation internationale, parlant le même langage socialiste et révolutionnaire quel que soit le pays d’où nous venions, a particulièrement impressionné de nombreux participants au FSM : à Rio de Janeiro et Florianopolis, de nouvelles sections de Socialismo Revolucionario sont en cours de constitution.
Par Alex Rouillard