Ex-Gauche plurielle surtout ne rien faire avant 2007

Le 21 avril 2002, le PS, le PCF et les Verts avaient trouvé un moyen pratique de ne pas dresser le bilan désastreux du gouvernement Jospin : la campagne pour le vote Chirac. Il semble bien qu’un an après, pour masquer leur absence de différence d’avec la droite, le PS a trouvé un rideau de fumée : l’extrême gauche.

Article paru dans l’Egalité n°103

Sur le fond, le but est ni plus ni moins d’imposer l’idée que le capitalisme n’est pas remplaçable. Mais il y a également la crainte de voir des listes d’extrême gauche unies aux prochaines élection régionales et européenne qui leur feraient perdre beaucoup de sièges.

Pas de remise en cause de la stratégie d’union de la gauche

Sur le fond, le PS ne renie rien de son action gouvernementale sous Jospin. Et les voix qu’on entend venues du PCF ou des Verts ne vont pas très loin non plus. Car le PS ne peut avoir d’autre orientation que la gestion  » sociale  » du capitalisme. Ce qui fait dire à Hollande :  » Quand on me demande dans la rue, que comptez vous faire pour nous débarrasser de Raffarin, et que je réponds que pour cela il faut attendre 2007, on se détourne de moi comme si j’étais un salaud « . Autrement dit, pas de retour au gouvernement avant quelques années, en fait un pari dangereux : que les gens soient suffisamment dégoûtés de la droite pour se dire que la Gauche plurielle c’était moins pire.

Mais comme le gouvernement et les patrons vont continuer de s’attaquer aux travailleurs, les nombreuses luttes vont radicaliser une partie de la population. Et ces irréalistes qui refusent d’être licencier, d’accepter la flexibilité permanente, risquent de penser que c’est le système tout entier qu’il faut changer.

Hollande sait en plus qu’en l’absence de croissance économique, les deux ou trois mesures qui servent à adoucir en partie les attaques libérales (CMU par exemple) sont impossibles à mettre en place. Le PS, qui a définitivement choisi de défendre le camp des patrons, craint plus que tout une radicalité croissante parmi les travailleurs qui en ont assez de la vie et des conditions de travail qu’ils ont. C’est pour cela que le spectre de l’extrême gauche est bien utile.

Même les tendances dites de gauche du PS (Nouveau monde d’Emmanuelli et Nouveau parti socialiste de Montebourg) se sont bien gardé d’appeler à une généralisation de la grève en mai juin dernier. Car l’idée commune à tous ces gens est de ne pas donner le mauvais exemple : le moins de lutte possible, on sait jamais, si on retourne au gouvernement.

Historiquement le PS et surtout le PCF étaient perçus comme des partis représentants réellement les travailleurs, porteurs de la perspective socialiste de rupture avec le capitalisme. Leur glissement à droite s’est passé rapidement, sans que les travailleurs puissent réellement comprendre le fond du phénomène d’autant plus que l’offensive capitaliste contre les acquis sociaux battaient son plein, avec les licenciements en cascade, le chômage de masse etc. Démoralisée, la classe ouvrière n’a pas encore eu les moyens de remplacer ces vieux outils. Mais la crainte du PS face à l’extrême gauche montre bien que ce qu’ils sentent, c’est que la rupture définitive entre certains secteurs du monde du travail, notamment les plus exploités et les partis de l’ex-gauche plurielle est déjà quasi définitive.

Par Alexandre Rouillard