Enseignement professionnel : une réforme très « capitaliste »

Depuis début mai le couple Macron, Ndiaye s’en prend aux lycées professionnels et ressort, pour qu’elle soit applicable au plus vite, la réforme de la voie professionnelle que la mobilisation des personnels avait permise de mettre au point mort, au moins pour 2023-2024. Le 4 mai, le président a annoncé que la voie professionnelle devenait une « cause nationale » dans laquelle près d’un milliard par an serait investi. Au programme lutte contre le décrochage scolaire, insertion professionnelle et revalorisation du travail des enseignants. Tous les mensonges pour bien vendre un projet nocif pour les jeunes et qui ne servira que les intérêts des capitalistes sont de sortie !!

Il ne faut pas gratter très loin pour se rendre compte que la seule chose qui compte, c’est d’adapter toujours un peu plus la voie professionnelle aux besoins en main d’œuvre du seul patronat : création d’un « bureau des entreprises » dans les LP, « mentor » venus du monde du travail, recrutement de « professionnels » aux côtés des enseignants, alors même qu’une bonne part d’enseignants de lycée professionnel vient déjà du monde professionnel.

Dans son discours, le président Macron n’a d’ailleurs pas caché sa volonté d’ « adapter beaucoup plus la carte des formations en fonction des besoins » et de la réviser en fonction de chaque territoire. Ce n’est pas une nouveauté puisque l’envie de tous les gouvernements qui défendent les intérêts capitalistes a toujours été de faire coïncider au maximum les formations proposées dans chaque département ou chaque région, aux besoins du seul emploi local. Et si les employeurs locaux s’infiltrent de plus en plus dans les conseils d’administration, les lycée professionnels, c’est pour avoir une influence plus grande et pour que le contenu d’une formation corresponde exactement à ce qu’ils souhaitent. En accélérant le pas dans cette direction, Macron va rendre encore plus vulnérable les jeunes sortant d’un lycée professionnel, à l’image de ce qui se passe avec l’apprentissage, parce que les diplômes obtenus perdront de leur valeur, voire n’auront aucun intérêt, dès que l’on sortira du secteur géographique où on l’aura obtenu.

Macron a annoncé également davantage de « souplesse », comme si c’était le mot magique pour éviter le décrochage scolaire. La durée des stages en entreprise serait différente selon les élèves. A ceux qui se destinent à entrer directement dans la vie active après le bac pro la durée de stage sera augmentée de 50%. Pour ceux qui envisagent une poursuite d’étude, on renforcerait les matières générales. Voilà un nouvel outil de sélection prématurée qui obligera les élèves à décider de leur avenir, en plein milieu d’année, sans même que leur formation soit terminée. Et pour les jeunes issus des milieux les plus défavorisés, le fait que les stages soient rémunérés, offrant au passage aux entreprises une main d’oeuvre gratuite!) pourra peser fortement dans la balance au moment du choix.

Macron n’a aucune envie d’aider les jeunes à obtenir une formation professionnelle ambitieuse et solide, donnant des armes pour comprendre la société et être capable de se défendre dans le monde du travail. Il veut uniquement que leur force de travail soit utilisable au plus vite, et au plus bas coût, par le patronat. Il n’est d’ailleurs pas certain que le « milliard » promis soit utilisé, si ce n’est peut être pour faire avaler des couleuvres aux enseignants de la voie professionnelle qui se sont mobilisés par la grève cet automne, avec un pacte salarial ( avec le diable?) conséquent, mais conditionné à l’acceptation de toutes les missions permettant la mise en place de la réforme de la voie professionnelle. En tout cas, sur le terrain, les moyens risquent de ne pas se voir à la rentrée 2023 puisque M. Ndiaye a annoncé la fermeture de 80 filières à la rentrée sans qu’on sache où, quand et comment les formations nouvelles seront créées, et avec quel recrutement de professeurs !

Par LC

Edit : Le mardi 30 mai pour le moment à l’appel de la cgt éduc’action, une grève est appelée.