Elections législatives : quels enjeux ?

Depuis 2002, les élections présidentielles sont suivies des élections pour élire les députés de l’Assemblée nationale. L’objectif de cette réforme électorale était de donner une majorité parlementaire au président fraîchement élu, pensant que les votes se porteront sensiblement sur les mêmes forces et évitant ainsi la cohabitation.

Article paru dans l’Egalité n°125

Dans le contexte actuel, Sarkozy espère avoir une assemblée clairement à ses côtés pour mener l’offensive antisociale et raciste que porte son programme au service des capitalistes. La très grande majorité des élus UDF l’ont rejoint et il est en force grâce à son score élevé au second tour.

Le PS n’est pas une alternative !

Comme pour les présidentielles, certains vont utiliser à nouveau le vote pour le parti le plus gros à gauche, le PS, comme un rempart. Là encore, de nombreux jeunes et travailleurs font ce vote de manière à gêner Sarkozy et l’avancée de ses attaques. Mais les candidats du PS ne portent pas de réelle alternative au programme de Sarkozy. Beaucoup de ceux qui voteront PS savent que ce parti ne s’opposera pas vraiment aux réformes libérales. Le PS a géré les affaires dans le sens des capitalistes et veut continuer, il est prêt à cohabiter pour cela. Aucun courant de Royal, Fabius ou autres ne souhaite un mouvement de résistance pour défaire la politique de Sarkozy. D’ailleurs, certains lancent l’idée qu’après la défaite de Royal, il faudrait moderniser le PS, c’est à dire aller encore plus à droite et intégrer encore plus les idées libérales notamment sur le terrain social, comme par exemple sur les retraites. Parmi ceux qui pourraient voter PS contre Sarkozy, il y a une partie de travailleurs et de jeunes qui sont donc aussi en attente qu’une alternative se construise. Les élections législatives pourraient jouer un rôle dans cette perspective.

Renforcer le camp des travailleurs !

Les scores anticapitalistes aux présidentielles, notamment d’Olivier Besancenot, ont montré l’intérêt grandissant de nouveaux travailleurs et jeunes pour la résistance anticapitaliste. Face à Sarkozy président et à son gouvernement de combat, les élections législatives peuvent permettre de commencer à concrétiser une partie des attentes sur le terrain politique. Autour de revendications qui nous unissent, en proposant de discuter de la construction d’un outil de combat des travailleurs et des jeunes, un nouveau parti des travailleurs et des jeunes, il est possible de poser cette perspective.

Pour le moment, cette question existe seulement dans les déclarations officielles d’Olivier Besancenot. En pratique, la LCR, LO ou dans une autre mesure certains comités Bové (opposés à tout accord avec des forces qui font des politiques libérales) finissent d’une certaine manière leur campagne présidentielle. Ils essaient de rassembler chacun à leur échelle autour de leur propre force. Rien n’est proposé à une échelle plus générale à ceux qui ont voté pour eux en cherchant une alternative politique.

De nombreux travailleurs et jeunes veulent essayer de bloquer Sarkozy. Certains comme ceux d’Airbus à Nantes et Saint Nazaire n’ont pas attendendu pour faire grève contre les licenciements et entrer en lutte. De nombreux jeunes sont aussi présents sur un plan plus confus dans les manifestations régulières qui se déroulent depuis l’élection de Sarkozy le 6 mai dernier pour montrer leur refus. Les élections législatives doivent prendre en compte ces éléments de début de résistance même s’ils sont encore faibles. Ils traduisent un certain potentiel pour des luttes importantes. Le mouvement contre le CPE l’avait déjà montré par trois fois, avec des millions de travailleurs en grève aux côtés des jeunes. La Gauche révolutionnaire portera un programme anticapitaliste de combat, pour s’organiser contre Sarkozy et les capitalistes, lors de ces élections comme dans les luttes actuelles et à venir.

par Leïla Messaoudi