Délocalisation : qu’est ce que c’est et comment y répondre ?

Il y a des mots qui s’utilisent de façon incantatoire. Ainsi les médias parlent ainsi d’une « vague de licenciements » contre laquelle personne ne peut rien ! En 2004, 25% des 11000 emplois supprimés pour cause de délocalisation ont réellement été délocalisés à l’étranger. C’est dans la propagande actuelle du MEDEF de faire croire que les ouvriers français ne travaillent pas assez et sont trop payés « obligeant » les patrons à délocaliser dans un marché mondialisé.

Article paru dans l’Egalité n°111

Le système capitaliste garantit que c’est au patron seul qu’appartiennent les moyens de production. Une autre de ces caractéristiques est la recherche permanente pour ses mêmes patrons d’une rentabilité maximum. Afin de garantir ces profits, la solution est après avoir rogné sur ses matières premières, de diminuer au maximum les salaires, car chaque économie qu’il peut réaliser sur ceux-ci est autant de profit immédiat. Devant cette nouvelle opportunité pour le patronat, les politiques de droite et de gauche restent muets et l’Etat bien qu’il offre de plus en plus de cadeaux aux entreprises, prétend qu’il ne peut rien y faire non plus. Le patron gagne sur tous les tableaux puisque « délocaliser » ne lui coupe pas les aides de l’Etat pour relancer sa nouvelle entreprise. Souvent, les directions syndicales n’ont pas une approche internationaliste et ne dénoncent pas non plus les abus de ces délocalisations sauvages, encore sont-ils heureux de sauver des « emplois français » !

Car la délocalisation cache souvent une restructuration. Comme nous l’a bien montré l’article dans l’Egalité N° 110, les délocalisations à l’intérieur du pays permettent de casser les acquis obtenus par les travailleurs, de faire fi des conventions collectives, de l’ancienneté des travailleurs et de refaire la même entreprise avec des emplois plus précaires ailleurs.

Comment lutter contre les délocalisations ?

Pour lutter contre la délocalisation, il ne faut pas diviser la classe ouvrière opposant les travailleurs des pays dominés et dominants. La question concrète qui se pose aux travailleurs est à qui appartient réellement l’entreprise ?

Lorsque qu’une entreprise annonce qu’elle va se délocaliser, la première chose à faire est de se mettre en grève en occupant l’usine ou le site afin de conserver les moyens de production (machines) et les stocks pour nuire au maximum au patron et ainsi renverser le rapport de forces. Constituer un comité de grève démocratiquement élu par les salariés et lancer une campagne de solidarité sont les premiers pas pour renforcer et populariser la lutte. Des luttes isolées ont peu de chances de gagner seules. Il est donc indispensable de créer des liens, de discuter avec des travailleurs du même groupe pour qu’ils se mettent eux aussi en grève. Une attaque contre des salariés d’un lieu de production est toujours une attaque contre l’ensemble des salariés de l’entreprise. Une grève nationale dans tous les sites d’une entreprise particulière peut contraindre les patrons à reculer.

C’est bien cette stratégie là qui manquait dans les luttes différentes des salariés de Nestlé (Perrier ou Blédina à Marseille). Une implication de l’entourage des travailleurs, de la population de la ville ou du quartier est nécessaire pour élargir et populariser la lutte, pour augmenter la pression sur les patrons (et sur les directions syndicales). Le comité de grève devrait aussi créer des liens avec des travailleurs de la même branche, mais aussi avec ceux des autres branches, concernés par les licenciements et/ou des délocalisations. Une campagne de solidarité devrait s’adresser également aux travailleurs de la même entreprise à l’étranger. La participation massive à la manifestation internationale contre la suppression de 12000 emplois dans les usines de General Motors en Europe en octobre 2004 a montré qu’une lutte internationale aurait été possible (mais les directions syndicales ont pu étouffer cette solidarité internationale). Dans ce contexte, les travailleurs en lutte en France devraient mettre en avant qu’ils se battent contre les bas salaires dans les pays étrangers (comme dans les pays de l’Europe de l’Est) et qu’ils ne se laissent pas diviser par les capitalistes. Toutes ces mesures très concrètes doivent être accompagnées de la revendication, du combat pour une nationalisation de l’usine ou de l’entreprise en question sous contrôle ouvrier.

Par Arnaud Benoist