La crise du PS fait les choux gras de la presse. Le fossé entre les «frondeurs» et le gouvernement semble infranchissable mais les différences ne sont pas flagrantes. Les «frondeurs» ne remettent pas en cause la politique d’austérité et souhaitent un pacte de responsabilité moins contraignant de 20 milliards d’euros pour « laisser une chance » à la croissance. Les positions prises par Montebourg et Hamon, puis par Martine Aubry tiennent plus de la posture en vue du futur congrès que d’un soudain virage à gauche. Tout comme lors du vote de confiance à Valls, les fondeurs évitent soigneusement de voter contre le projet de budget pour ne pas mettre le gouvernement en difficulté.
Certes, la fronde affaiblit le gouvernement mais sa situation de crise est née du rejet de la politique d’austérité qu’il mène au profit des capitalistes, y compris par une partie de ses militants et non des manœuvres parlementaires.
La défense des intérêts du patronat au détriment de ceux des salariés, des chômeurs, des jeunes, des retraités a fait grossir l’impopularité du duo Hollande-Valls qui atteint des records. La soi disant « aile gauche » du parti socialiste sait que cette situation est irréversible et les ténors du parti veulent se démarquer de Valls.
L’UMP n’est pas en mesure de profiter de la situation
Le retour « providentiel » de Sarkozy est un échec. La dynamique qu’il espérait impulser autour de sa personne comme en 2007 n’est pas au rendez-vous : selon un sondage Odoxa, 75% des sondés jugent son retour raté, tout comme 56% des sympathisants de droite. Mais pire, concernant ses propositions, ils sont 77% en général et 58% des sympathisants de droite à juger qu’il n’en a pas fait qui soient intéressantes pour répondre aux problèmes qui se posent à la France. Le souvenir cuisant de sa présidence dans les classes populaires et les casseroles le concernant qui se multiplient font que sa cote de popularité est en baisse constante, aujourd’hui à 26%.
Les autres leaders de l’UMP, Juppé en tête, le voient dorénavant plus comme un problème encombrant qu’un recours. La guerre pour la présidence du parti et celle pour être le candidat de la droite aux prochaines élections présidentielles risquent de paralyser le parti. Les coups bas et les révélations vont continuer à miner ce parti englué dans les scandales. Et ce n’est pas le changement de nom préconisé par Sarkozy qui y changera quoi que ce soit.
La bourgeoisie a un véritable problème de représentation politique
La crise des deux partis de pouvoir traduit la faiblesse de la bourgeoisie française qui voit les tensions et le danger de la colère sociale.
La bourgeoisie a senti le risque de la méthode brutale et frontale de Sarkozy et fait le choix du PS qui a toujours défendu ses intérêts mais et plus à même de par son image de gauche de masquer une politique libérale.
Tout en constatant la réussite en terme de réformes, les capitalistes se rendent compte de l’échec en terme de « paix sociale ». La colère s’exprime toujours et la compréhension même confuse que les intérêts des travailleurs sont opposés à ceux du patronat est grandissante.
Le social libéralisme a échoué tout autant que le sarkozysme et la bourgeoisie est partagée dans sa recherche d’une solution pour prévenir la crise sociale. Pourtant, si les capitalistes sont affaiblis, ils s’en sortent bien tant le mouvement ouvrier est éteint. Les directions syndicales même combatives refusent de déclencher la mobilisation de peur de ne plus la contrôler, et les partis à la gauche de la gauche multiplient les critiques mais se cantonnent au terrain électoral sans porter le débat sur les luttes et la stratégie pour les mener.
Par Luc de Chivré et Yann Venier