Construisons le mouvement de l’Education nationale

Les attaques touchant l’Education nationale ne datent pas d’hier. Depuis des décennies, les différents gouvernements n’ont eu de cesse de diminuer le budget, de réduire le nombre de postes, de développer la précarité des personnels (CES, Emplois jeunes, Maîtres auxiliaires, vacataires) et d’instaurer une privatisation rampante à partir notamment des réformes des lycées professionnels et des universités.

Article paru dans l’Egalité n°101

Cependant, le ministère Ferry vient d’amorcer un nouveau type d’attaque : la casse du statut de certaines catégories de personnel titulaire de l’Education nationale. Les conseillers d’orientation psychologue ainsi que les assistants sociaux d’une part ne seront plus fonctionnaires d’Etat mais dépendants des régions et d’autre part ils disparaîtront des établissements scolaires au profit d’un programme d’orientation extérieur aux établissements, privé et payant pour les familles. Où sera l’écoute et l’aide pour les jeunes en souffrance ou en difficulté ?Où sera l’indépendance des conseillers d’orientation quand le patronat local lui demandera de faire passer ses exigences avant l’intérêt des jeunes ?

Un mouvement fort est à construire

Dans toute la France des mobilisations se sont mises en place, associant tous les personnels de l’Education nationale et les parents d’élèves contre ce projet qui ne vise qu’à livrer l’école au patronat et renforcer les inégalités en matière d’éducation entre zones pauvres et zones riches.

A la Réunion, à Paris, au Havre, à Bordeaux…

Mais la mobilisation est encore très inégale selon les régions et les établissements. Il y a encore beaucoup d’hésitations ; certains enseignants sont contre la réforme mais ne croient pas ou ne voient pas leur capacité à construire un mouvement de lutte. De plus les principaux syndicats sont loin d’avoir préparé les luttes, démoralisant une partie des personnels avec les grèves d’une journée à répétition. La plupart des directions syndicales a privilégié les pseudo négociations, refusant d’organiser réellement la lutte contre les licenciements des aide-éducateurs et la casse du statut des MI-SE (surveillants).

Plus que jamais le mot d’ordre des grévistes est de viser à l’extension de la grève, chacun d’entre eux ayant pour objectif de convaincre les collègues sur son secteur de la capacité des personnels à réagir dans un mouvement fort en revenant sur ce qu’est une grève : lieu de discussions, d’élaborations et de prises de décision commune. Des efforts ont été fait dans ce sens (voir ci-contre). Il s’agit d’unir dans une même lutte les parents, les élèves et toutes les catégories de personnels.

Un autre problème réside dans le fait que certains trouvent la lutte isolée et ne voient pas d’issue crédible au mouvement. C’est oublier que d’autres secteurs sont aussi concernés par la régionalisation et la privatisation : la SNCF, EDF-GDF, La Poste, la culture, la santé…

Car la logique est la même : décentralisation, privatisation et réforme des retraites ne répondent qu’à un seul but : mettre sur le marché ce qui ne l’était pas, enlever les barrières qui empêchaient les capitalistes de faire du profit dans les domaines de l’éducation, de la retraite, de la culture…

L’éducation nationale peut être aujourd’hui le fer de lance de la mobilisation contre le projet gouvernemental et appeler tous les secteurs à refuser aussi cette logique. Par des assemblées interprofessionnelles, par des actions communes, l’objectif est donc d’étendre le mouvement au-delà du domaine de l’enseignement car un mouvement n’aura réellement de poids face à ce gouvernement que s’il aboutit à une union de tous les secteurs du public. L’Education Nationale ne gagnera pas toute seule. C’est la grève générale unissant les travailleurs du public et du privé qui stoppera les plans du gouvernement.

Par Geneviève Favre