Où aller pour les droits des femmes ?

Des femmes, et notamment des jeunes femmes, sont en train de rejoindre la lutte contre le sexisme et pour les droits des femmes. Le monde en crise à cause du capitalisme offre bien des raisons de se révolter face au sort que réserve ce système aux femmes quel que soit leur pays et leur origine, et particulièrement les femmes travailleuses, paysannes, pauvres… Les inégalités sont plus visibles car les conditions de vie sont plus difficiles et les relations humaines sont pourries par ces difficultés.

Le cortège des femmes de chambre des hôtels Ibis, en grève depuis juillet 2019 contre le groupe Accor, mobilisées le 8 mars avec la CGT HPE

Les gouvernements au service des capitalistes attisent toutes les discriminations pour diviser et régner. C’est la remise au goût du jour de propos réactionnaires sur les tenues vestimentaires : un jour trop courtes, le lendemain trop couvertes ; d’un étalage du sexisme publicitaire, tapageur et d’un féminisme de salon, bon teint, expliquant aux femmes comment elles doivent être, et qui donne la nausée. Macron lui-même ose se dire féministe, alors qu’il casse les services publics (petite enfance, hôpitaux, éducation), l’aide sociale, la protection au travail et jette des millions de femmes dans la précarité. De quoi en dégoûter plus d’une, et plus d’un !

Violences verbales ou physiques faites aux femmes, phénomène Me Too, il y a une attention très forte portée à toutes ces injustices. Et c’est tant mieux. Cependant, pour en finir avec le sexisme, le mouvement ne peut pas passer son temps à être défensif et dénonciateur. D’ailleurs, le gouvernement et les féministes de plateau télé (femmes et hommes) s’arrangent bien de cette situation en collant aux femmes l’étiquette de victimes à vie ! Comme ça, moins de risque qu’elles se révoltent contre le système tout entier !

Des groupes de femmes, et d’hommes à leurs côtés, rejettent ce statut de victimes qu’on cherche à coller aux femmes et font des actions coup de poing, des collages massifs, … C’est tout à fait logique et juste de chercher à frapper plus fort, mais quel est l’objectif de cette activisme militant ? Lutter contre la cause réelle, le capitalisme, ou seulement contre ses conséquences ? La question du but et des moyens pour y parvenir est une question essentielle du mouvement antisexiste.

Comment avoir l’égalité réelle dans la vie quotidienne et la libération des femmes du carcan de la société bourgeoise – voire dans certains pays du patriarcat féodal toujours vivace ? C’est un objectif énorme, une tâche gigantesque et un débat crucial. Et cette question est vitale pour transformer durablement la société en un monde où toutes et tous peuvent vivre décemment et en harmonie !

Beaucoup parmi celles et ceux mobilisés contre le sexisme sous toutes ses formes ont la juste intuition qu’aucune victoire, comme récemment le droit à l’avortement en Argentine, n’est acquise pour toujours, en particulier dans un système capitaliste agité et en crise. Et c’est vrai !

Comment obtenir la fin du sexisme ?

La société capitaliste repose sur la division en classes qui permet aux capitalistes d’amasser des profits en exploitant les travailleurs. D’un côté les essentiels : celles et ceux qui produisent pour que la société tourne, les travailleur-ses au sens large, et les parasites, une petite minorité d’ultra-riches, gros actionnaires, capitalistes, hommes et femmes, qui possèdent les moyens de production.

Dans ce système, toutes les femmes subissent du sexisme. Mais les femmes travailleuses, elles, subissent une double oppression, elles sont exploitées et doivent le plus souvent s’occuper d’une majorité des tâches ménagères, notamment des enfants, d’autant plus qu’il est toujours impossible pour un conjoint de prendre un congé de paternité pour relayer la mère et s’occuper des enfants. Les femmes travailleuses ont donc doublement intérêt à renverser cette société d’exploitation. C’est sur elles que la lutte doit prendre appui et s’étoffer !

Une lutte qui veut réellement faire table rase des racines du sexisme doit s’en prendre au système qui crée ces inégalités ! Pour changer les bases de la société, renverser le vieux monde, il faut une lutte unifiée de toutes celles et ceux exploité-es par le système.

En tant que marxistes révolutionnaires, nous luttons pour une société égalitaire, sans distinction de genre, de sexe, de culture, d’origine… C’est pour cela que nous défendons la nécessité d’une lutte acharnée contre le sexisme et les discriminations : la lutte pour les droits des femmes est indissociable du combat pour le socialisme, lequel ne peut se réaliser s’il reste des oppressions et discriminations. Et cet objectif est en fait une condition nécessaire pour que la lutte antisexiste réalise vraiment son but !

Par Leïla Messaoudi, article paru dans L’Égalité n°204