2020 – Un tournant : Une décennie explosive et incertaine a commencé

Alors que l’année 2020 touche à sa fin, les bouleversements et les crises qui ont secoué le capitalisme mondial se poursuivent. Cette année a été un tournant dans l’histoire, touchant tous les aspects de la société. Les commentateurs et historiens feront désormais référence à ce qui était « avant » et à ce qui était « après » la Covid. Une situation explosive et incertaine s’ouvre maintenant au niveau international. La pandémie de Covid-19, qui a apporté une misère et des souffrances indicibles à des millions de personnes dans le monde, a révélé la nature dystopique du capitalisme dans les années 2020. La pandémie a agi comme le grand accélérateur de toutes les tendances économiques, politiques et sociales qui étaient présentes avant l’apparition de la maladie.

Par Tony Saunois, secrétaire du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), l’organisation internationale à laquelle la Gauche Révolutionnaire est rattachée. Initialement publié le 18/12/2020 sur socialistworld.net

Face à la perspective d’une implosion des économies mondiales au moment où la pandémie frappait, les classes capitalistes sont intervenues pour soutenir leur système et éviter un effondrement total. En mars, en un clin d’œil, les classes dominantes ont abandonné leur orthodoxie, jusque-là acceptée, des politiques néolibérales, de libre marché et d’interventionnisme non étatique et ont introduit des plans de relance massifs dans toutes les grandes économies capitalistes. En conséquence, la dette mondiale a atteint un niveau record de 277 000 milliards de dollars. Sur les marchés développés, la dette globale a fait un bond à 432 % du PIB au troisième trimestre et a probablement continué à augmenter. L’explosion de la dette n’est pas seulement due à la pandémie de Covid. La crise sous-jacente du capitalisme a entraîné une augmentation de la dette mondiale totale de plus de 52 000 milliards de dollars US depuis 2016.

Pourtant, malgré les plans de relance massifs qui ont été mis en place, le capitalisme a simplement réussi à placer des appuis sous son édifice pour éviter un effondrement économique total. Bien qu’une reprise éphémère et peu profonde soit probable, s’ensuivra à un moment donné la pire récession économique depuis les années 1930, dévastant la vie de millions de personnes.

La récession et la dépression frappent la plupart des pays, avec un tsunami de chômage qui s’abat sur les côtes de chaque pays. La perspective d’un passage d’une crise à l’autre, entrecoupé de courtes reprises économiques peu profondes et faibles, est une perspective probable dans les années 2020. En Asie, en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient, un cauchemar d’horreur sans fin existe. En Inde, en 2019, 100 000 agriculteurs pauvres se sont suicidés en raison de la situation économique désespérée qui existe. En 2020, il est probable que des tragédies encore pires se produiront. La pauvreté et les privations, à une échelle que l’on n’a pas connue depuis des générations, sévissent également dans les pays capitalistes industrialisés. Jusqu’à 50 millions de citoyens américains éprouvent des difficultés à se procurer suffisamment de nourriture. Jusqu’à 30 millions de personnes risquent d’être expulsées de leur domicile. Dans des pays comme la Grande-Bretagne, la misère et la faim détruisent aujourd’hui la vie de millions de personnes. Le reportage dramatique de Burnley, dans le nord de l’Angleterre, montrant des prêtres en larmes alors qu’ils distribuaient de la nourriture aux affamés, a révélé de façon choquante le traumatisme ressenti par des millions de personnes alors que cette crise du capitalisme mondial s’aggrave de plus en plus.

Les super riches gagnent et le reste souffre

Pourtant, alors que des millions de personnes souffrent des conséquences de la pandémie et de la crise économique, les oligarques super-riches du capitalisme moderne ont amassé des fortunes toujours plus importantes, en particulier dans le secteur très rentable des technologies. L’oligarque le plus riche du monde, Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, dispose aujourd’hui d’une valeur nette stupéfiante de 186 milliards de dollars. Sa richesse augmente pour un montant estimé à 149 353 dollars US chaque minute ! Son empire mondial, dont les actifs sont plus importants que ceux de nombreux États-nations, incarne le capitalisme du XXIe siècle. Telle une pieuvre géante, les tentacules d’Amazon s’enroulent autour de la planète, envahissant la plupart des aspects de la vie, basée en grande partie sur des conditions de travail d’esclaves pour sa main-d’œuvre. Bezos n’est pas seul. Le deuxième oligarque le plus riche du monde, Elon Musk, le chef de Tesla, a vu sa richesse augmenter de 100 milliards de dollars US en 2020 pour atteindre 128 milliards de dollars US. Entre mars et septembre de cette année, la richesse des 643 milliardaires américains a augmenté de 845 milliards de dollars. Au cours de la même période aux États-Unis, le salaire horaire des 80 % de la main-d’œuvre les plus pauvres a chuté de 4 %. En 2017, avant même que la pandémie ne frappe, les huit personnes les plus riches du monde possédaient autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité. L’accumulation grotesque de richesses qui a eu lieu pendant la pandémie s’est traduite par le fait que plus de 150 millions de personnes ont été poussées dans l’extrême pauvreté pendant la crise. La rage ressentie par des millions de personnes face à cette inégalité sans précédent dans l’histoire du capitalisme sera un facteur crucial dans la formation des événements explosifs qui auront lieu en 2021.

La pandémie de pauvreté, d’inégalité, coexiste avec les développements scientifiques et techniques qui illustrent l’énorme potentiel existant pour l’humanité au XXIe siècle. Le développement présumé d’un vaccin contre le Covid, dans un délai d’un an, témoigne du potentiel d’avancées scientifiques. D’autres avancées scientifiques possibles, comme les diagnostics précoces du cancer et d’autres maladies ou la perspective de progrès en informatique quantique, sont susceptibles de transformer la société. Cependant, le capitalisme est incapable d’utiliser ces avancées ou les forces productives pour l’amélioration des conditions d’existence de l’ensemble de l’humanité. Le capitalisme est maintenant dans une impasse et constitue le principal obstacle au développement futur de l’humanité.

Inégalités sur les vaccins

Les inégalités de classe qui existent à l’échelle mondiale et au sein des nations seront reproduites avec la distribution du vaccin. Environ 90 % de la population des soixante-dix pays les plus pauvres du monde ne pourront pas obtenir suffisamment de vaccins en 2021. En même temps, les pays riches ont acheté suffisamment de vaccins contre le coronavirus pour vacciner trois fois leurs populations en 2021. Même au sein des pays les plus riches, une lutte risque d’éclater pour l’attribution des vaccins.

La crise politique qui a secoué le monde en 2020 s’est déroulée à une vitesse vertigineuse. La polarisation, avec des éléments de guerre civile aux États-Unis, qui s’est développée pendant les élections américaines, est le reflet de la crise qui a saisi l’impérialisme américain dans sa période de déclin historique. Une nette majorité de la classe dirigeante a conclu qu’elle voulait se débarrasser de Trump de plus en plus imprévisible et tyrannique. La polarisation de classe dans la société américaine est maintenant un gouffre béant qui réclame à grands cris la construction d’un parti de masse de la classe ouvrière. La situation désespérée qui existe se reflète dans l’augmentation du vote pour Trump, malgré l’opposition massive qui existait à son égard. Si Biden a réussi à vaincre Trump, les Démocrates pro-capitalistes liés au big business qu’il représente n’offriront aucune solution à la crise du capitalisme américain ni ne mettront fin à la misère de millions de travailleurs américains. De nouvelles luttes vont certainement éclater aux États-Unis sous la présidence de Biden. L’urgence de construire un nouveau parti de la classe ouvrière est susceptible de se poser encore plus intensément aux États-Unis. Le trumpisme, avec ou sans Trump, reste une force politique. Un nouveau parti ouvrier sera nécessaire pour l’affronter et offrir une alternative.

Les États-Unis, la Chine et les alliances et blocs régionaux

Le déclin de l’impérialisme américain et la montée de la Chine ont été l’une des caractéristiques dominantes de 2020, reflétées par l’intensification de la guerre commerciale. La Chine, avec sa forme particulière de capitalisme d’État, est sortie de la crise dans une situation relativement plus stable que ses autres rivaux capitalistes. Cependant, la Chine est également criblée de contradictions et de problèmes. En 2020, le régime chinois a pris un tournant important avec l’adoption de la politique de « double circulation », visant à accroître l’importance de la Chine sur son marché intérieur. De puissants mouvements sociaux, y compris de la classe ouvrière, la plus conséquente au monde, vont certainement se développer dans les années à venir. Cette évolution, ainsi que les bouleversements qui secouent les États-Unis, auront un effet déterminant sur les événements mondiaux.

Les années 2020 devraient être marquées par l’affrontement permanent entre les États-Unis et la Chine, entre les puissances régionales et au sein des blocs émergents. La Chine vise à consolider un bloc en Asie et dans le Pacifique, même si celui-ci sera extrêmement instable. Cela se traduit par la signature d’un accord commercial, le partenariat régional économique global (RCEP), auquel participent 15 pays -dont le Japon et l’Australie- qui représentent 30 % de la population mondiale. La perspective de l’émergence d’autres blocs et alliances instables luttant pour des sphères d’influence, est une conséquence probable du conflit d’intérêts entre les puissances capitalistes et du processus de mondialisation qui se déroule dans l’économie mondiale. L’intégration de Cuba dans l’Union économique eurasienne dominée par la Russie en est le reflet. Les tensions au sein de ces blocs instables sont une caractéristique de la situation mondiale qui va encore se développer dans les années 2020. Cela s’est reflété sur l’Union Européenne. Outre le Brexit, il est significatif que le Premier ministre portugais, António Costa, en traitant du budget de l’UE en expansion, ait posé la question de la scission effective de l’UE en deux et de la « reconnaissance de différences internes irréconciliables ».

La crise croissante a conduit à une intensification de la démondialisation, à des tentatives de formation d’alliances régionales et à une augmentation des affrontements et des conflits dans une série de domaines. Les affrontements brutaux entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui ont abouti à un « nettoyage ethnique » vicieux, reflètent la situation horrible qui s’ouvre avec la poursuite du capitalisme. La guerre en Éthiopie et les attaques des forces gouvernementales dans la région du Tigré ont des conséquences dramatiques dans toute cette région d’Afrique. La montée des mouvements d’indépendance nationale pendant la crise du capitalisme est une question cruciale pour les socialistes et le mouvement ouvrier. L’opposition à toute oppression nationale et la défense des droits nationaux et ethniques constituent un élément central de la lutte contre le capitalisme. Comme l’a expliqué le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière), et comme l’expérience l’a montré, il n’est pas possible, dans le cadre du capitalisme moderne, de garantir la pleine démocratie des droits nationaux et de mettre fin à l’oppression nationale et ethnique.

Répression accrue – les limites de la réaction

Les classes dirigeantes ont utilisé la crise du Covid comme couverture pour introduire des méthodes plus autoritaires. Le CIO soutient toutes les mesures visant à défendre la santé et à protéger tous les travailleurs et la population dans son ensemble. Cependant, les gouvernements capitalistes ont introduit des mesures répressives pour attaquer les droits des travailleurs et tenter d’empêcher les manifestations et les luttes. Selon un rapport du V-Dem Institute, en 2020, 92 pays dans lesquels résident 54 % de la population mondiale sont désormais gouvernés par des formes de gouvernement « autocratiques » ou autoritaires. La lutte pour la défense ou la conquête des droits démocratiques est désormais un enjeu crucial pour la classe ouvrière. La répression vicieuse exercée par les régimes répressifs en Inde, au Sri Lanka, au Chili et dans d’autres pays a été brutale. Les manifestations massives contre la législation antidémocratique introduite par le gouvernement Macron en France ont réussi à forcer le gouvernement à battre en retraite.

L’année 2020 a vu se développer dans certains pays des forces populistes de droite et même fascistes qui constituent une menace sérieuse. Des gouvernements de droite, comme celui de Modi en Inde et celui de Bolsonaro au Brésil, ont essayé d’utiliser la pandémie comme couverture pour introduire des attaques encore plus brutales contre les droits des travailleurs ainsi que des mesures répressives antidémocratiques. Juste avant le début de la pandémie en novembre 2019, la droite a mené un coup d’État contre le gouvernement Morales en Bolivie et a tenté d’introduire une vague de répression et d’attaques contre les droits de la classe ouvrière et des peuples indigènes.

Cependant, alors que l’année 2020 touche à sa fin, les limites de la réaction ont également été démontrées dans une série de mouvements cruciaux qui sont un signe avant-coureur des bouleversements orageux à venir en 2021. L’Amérique latine est secouée par des mouvements de masse et des révoltes, notamment contre les gouvernements populistes de droite. Au Pérou, des manifestations de masse ont renversé trois présidents en une semaine. La Colombie a connu une grève générale et des grèves de mineurs. Le gouvernement du Guatemala a été contraint de retirer son plan d’austérité suite aux manifestations de masse et à la prise d’assaut du Congrès. Les élections en Bolivie, suite à une grève générale massive, ont vu le “Mouvement vers le socialisme” d’Evo Morales revenir au pouvoir et une déroute des partis de droite. Bolsonaro a subi une défaite écrasante lors des récentes élections locales au Brésil. Bien que les partis capitalistes traditionnels de « centre-droite » aient fait leur retour, le parti socialiste radical PSOL a réalisé des victoires importantes dans les grandes zones urbaines. Ils sont arrivés en deuxième position, pour la première fois, dans le plus grand État, São Paulo. Le PT (« Parti des travailleurs ») a subi des pertes en faveur du PSOL, ouvrant un nouveau chapitre dans la lutte de la classe ouvrière pour reconstruire une alternative socialiste pour combattre le régime de Bolsonaro.

Au Venezuela, la droite et l’impérialisme ont aussi essuyé une défaite aux élections. Ces forces n’ont pas réussi à faire tomber le régime de Maduro malgré l’effondrement économique, la corruption et le régime bureaucratique qui le caractérise. L’impérialisme américain paie en partie le prix du désastre de la présidence Trump. Le soutien de Trump à l’opposition de droite et les menaces d’intervention américaine pour évincer Maduro ont provoqué une grande réaction des masses et ont joué un rôle important, permettant à Maduro de s’accrocher au pouvoir. Et ce, malgré le fait que Maduro ait également utilisé des mesures répressives contre les travailleurs qui ont lutté contre le gouvernement et contre certains membres de la gauche qui ont contesté le parti au pouvoir (PSUV) et son front électoral, le Grand Pôle Patriotique.

Le régime de Piñera au Chili est à nouveau confronté à un renouvellement des protestations et à la perspective d’une réapparition de la lutte de masse en 2021. Le référendum visant à modifier la constitution de l’ère Pinochet a été une humiliation pour la droite, avec 80 % des votes pour le changement. Ce référendum, malgré les modifications frauduleuses de la constitution actuellement en cours de promulgation, était un sous-produit des bouleversements révolutionnaires qui ont secoué le pays en 2019.

En Inde, même le régime nationaliste hindouiste cruel de Modi se prend aujourd’hui un retour de bâton. L’énorme grève générale de novembre-décembre, à laquelle ont participé jusqu’à 250 millions de travailleurs, a été suivie par les manifestations sans précédent de millions d’agriculteurs pauvres en situation désespérée. Ils ont deux choix : la lutte, ou la misère désespérée. Ces mouvements de masse ouvrent un nouveau chapitre dans la lutte contre le régime Modi.

Le régime d’Erdoğan en Turquie, bien qu’accroissant ses interventions militaires pour étendre sa sphère d’influence, tentant d’attiser le nationalisme, rencontre une résistance et une opposition. Le gouvernement a été contraint de reculer sur ses attaques contre les indemnités de licenciement face aux grèves et aux manifestations des travailleurs, dont une marche des mineurs et des métallurgistes sur la capitale, Ankara. Ces mouvements et d’autres, comme la grève générale en Indonésie vers la fin de 2020, font suite aux révoltes sociales des masses qui ont balayé le Nigeria, le Liban, l’Irak, la Biélorussie, la Thaïlande et d’autres pays. Les mouvements « Black Lives Matter » aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans de nombreux autres pays, ont fait partie de ces révoltes sociales. Certains de ces mouvements, comme la révolte « End SARS » au Nigeria, ont commencé comme « apolitiques » mais ont rapidement commencé à se politiser, notamment contre la corruption et le « vieil ordre ».

Révolution et contre-révolution – la nécessité d’une alternative socialiste

Une lutte mondiale entre les forces de la révolution et de la contre-révolution se développe. La société capitaliste est entrée dans une impasse et elle est dans une longue agonie. Le besoin de nouveaux partis ouvriers de masse avec un programme socialiste pour rompre avec ce système de profit pourrissant est plus urgent que jamais. Les multiples crises économiques, sociales, politiques et environnementales ne peuvent être résolues au sein du capitalisme.

Cependant, l’absence d’une alternative massive, ainsi que l’absence ou la faiblesse de l’idée du socialisme comme alternative au capitalisme dans la conscience politique des masses, signifie que la crise et la lutte entre la révolution et la contre-révolution sont plus longues et plus compliquées que ce qui est objectivement nécessaire. Les soulèvements de masse qui ont eu lieu contre les régimes existants n’ont pas eu d’alternative claire ni d’organisation permettant de mener la lutte à la victoire. En conséquence, les régimes existants sont restés au pouvoir ou un changement cosmétique a eu lieu au sein du gouvernement, ce qui a permis au système capitaliste de se maintenir.

Ces obstacles ont été aggravés par le manquement des dirigeants de gauche des partis comme Podemos en Espagne, le Bloc de gauche au Portugal, la France Insoumise en France et Die Linke en Allemagne, à lutter pour un programme socialiste indépendant pour la classe ouvrière. Malheureusement, une grande partie de la gauche, comme les Corbynistes du Parti travailliste britannique, a cherché à faire la paix avec la droite et les forces pro-capitalistes. Ils paient actuellement le prix de cette politique erronée, car la droite qui s’impose actuellement au sein du parti travailliste est en train de chasser ce qui reste de la gauche. La droite est prête à aller jusqu’au bout pour empêcher toute remise en cause de leur programme et de leurs idées. Cela exige une direction combative et déterminée de la part de la gauche qui, malheureusement, a fait défaut. L’échec de Bernie Sanders aux États-Unis à rompre avec les démocrates a été une autre occasion perdue de prendre les mesures nécessaires pour construire un nouveau parti de masse des travailleurs. Malgré le soulagement ressenti par des millions de personnes lors de la défaite de Trump, les démocrates pro-business, comme Biden, n’offrent aucun avenir à la classe ouvrière américaine.

La direction des partis communistes grands ou influents dans des pays comme l’Inde, le Chili ou le Portugal, n’a pas su organiser une lutte efficace des masses ou une alternative socialiste audacieuse. En Inde, l’incapacité des dirigeants à proposer un programme combatif sérieux et leurs défaites électorales les ont rendus vulnérables et peuvent conduire à une crise profonde de leurs partis. Cette situation peut également se développer dans d’autres pays.

La construction de nouveaux partis de masse de la classe ouvrière et de partis marxistes révolutionnaires, ainsi que la tâche cruciale de lutter pour transformer les syndicats en organisations de combat, sont des épreuves déterminantes pour la classe ouvrière et les socialistes. La profondeur de la crise rend ces objectifs plus urgents encore.

La crise mondiale sans précédent à laquelle le capitalisme s’est confronté en 2020 ne sera pas surmontée en 2021. Ses conséquences auront un impact mondial encore plus important à partir de 2021, sur la vie de millions de personnes. Les horreurs de la guerre et de la pauvreté sont vouées à s’intensifier en 2021, tout comme les convulsions sociales et politiques. Le capitalisme est entré dans une nouvelle ère de crise sans précédent en laquelle il y a beaucoup d’incertitudes – politiques, sociales, économiques et en termes de relations géopolitiques. Les multiples crises du capitalisme mondial au XXIe siècle exigent une solution mondiale : la nécessité d’une rupture décisive avec le capitalisme, dans le but d’établir une planification socialiste démocratique de l’économie au niveau international.

Le CIO a analysé la crise en 2020 telle qu’elle s’est développée et a exposé les tendances et enjeux probables pour les mois et les années à venir. Mais comme l’exposait Marx, « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde ; il s’agit de le transformer ». L’analyse du CIO s’est accompagnée d’une intervention active dans les luttes de la classe ouvrière. A Londres, des membres du Socialist Party [section du CIO en Angleterre et Pays de Galles] ont mené la lutte pour l’introduction de mesures visant à protéger contre la Covid les chauffeurs de bus, les travailleurs de la santé et autres travailleurs en première ligne. En Irlande, les nombreuses grèves qui ont eu lieu en 2020 ont vu les membres du CIO intervenir activement et soutenir les travailleurs concernés. Les manifestations et mouvements de masse ayant pris place au Nigeria, en Inde, au Chili, en Afrique du Sud et ailleurs, ont vu la participation combative de membres et sympathisants du CIO, qui ont été soutenus tant pour les propositions d’action concrètes que pour les revendications socialistes. Aux États-Unis, les partisans du CIO ont lutté énergiquement pour des politiques socialistes et ont soutenu la campagne électorale présidentielle d’Howie Hawkins [candidat du Green Party]. En Allemagne et en France, les membres du CIO ont participé activement aux manifestations et aux luttes des travailleurs et contre l’extrême droite.

L’année 2021 apportera de nouvelles opportunités. D’importantes couches de travailleurs et de jeunes plus impliqués dans le militantisme chercheront une alternative et lutteront pour trouver un moyen permettant de se libérer du système capitaliste existant. Le CIO aura pour tâche en 2021 de fournir une analyse approfondie des événements, d’intervenir dans les luttes et de les initier, en défendant les idées et le programme pour une société socialiste. Ce sont des armes indispensables qui sont nécessaires pour aider les travailleurs et les jeunes à tirer les conclusions qui s’imposent sur la manière de mettre fin au monde du capitalisme pourrissant et de le remplacer par une alternative socialiste à échelle mondiale, seul avenir permettant à l’humanité de réellement se développer.