Ces va-t-en guerre qui nous gouvernent…

Médias et politiciens adorent les guerres et les catastrophes. Pour les premiers, ça fait vendre, et on se retrouve au centre du monde. Pour les seconds… la même chose, et en plus ça permet de faire oublier les affaires et les magouilles, et de se draper d’humanité dans une fonction où le cynisme l’emporte le plus souvent.

Article paru dans l’Egalité n°90

Et comme nous sommes dans un système économique où la concurrence est un véritable moteur, la surenchère est de mise. Bush parle de « croisade », et les journalistes y souscrivent immédiatement. Bush utilise le terme « dans l’ouest on disait mort ou vif » et le journaliste, Ulysse Gosset, dira « Bush en shérif de la planète, impressionnant ».

Tous les gouvernements européens (Chirac en tête à Washington suivi de près par Jospin) ont saisi l’occasion : parler de guerre, de représailles, d’un ennemi invisible etc. rien de mieux pour essayer de masquer les politiques libérales. Berlusconi, à la fois pour des raisons de politique intérieure (une nouvelle loi anti-immigré est en train d’être élaborée en Italie) et pour tenter d’effacer l’échec politique de la répression à Gênes, parle de « supériorité de la civilisation occidentale sur l’islam » et avait proposé quelques jours plus tôt de tenir un G8 en Italie sur le terrorisme. C’est une manière d’effacer la répression de Gênes, de réunir l’institution sur un sujet sur le quel la mobilisation est un peu plus délicate à organiser, et une possibilité de faire un amalgame entre les anti-mondialistes et les « terroristes ».

Dans le même temps, une « indulgence » pour les fraudeurs qui se repentiraient avant le passage à l’euro, va être instaurée afin de « faire revenir les investisseurs ». Pendant ce temps, les militants de Gênes, dont beaucoup n’ont fait que se défendre face à la police, continuent de subir les poursuites judiciaires.

Ce comportement et ces prises de positions ne sont pas nouveaux, ni de la part des médias ni de celle des politiciens. Revel, de la très réactionnaire Académie française parle même dans Le Point des  » primates vociférateurs et casseurs de l’antimondialisation « . De la part de ceux qui déterminent le contenu des dictionnaires, une telle modération est éloquente.

Et le meilleur résumé, Max Clos dans le Figaro :  » En France José Bové fait arracher les cultures censées être OGM par ses partisans, sous l’oeil bienveillant des gendarmes, il « démonte » les Mc Do, sous prétexte de combattre la mondialisation. Ce n’est pas la même échelle que les attentats de New York, certes, mais cela procède du même esprit « .

Lorsque le drame de Toulouse s’est produit, D Billalian de France 2 a passé tout son journal à dire le mot « attentat » dans toutes les phrases où il était possible de mettre ce mot.

Tout ceci n’est pas là par hasard. Chaque période de guerre, ou d’événement grave est entourée d’une offensive idéologique réactionnaire, d’une monopolisation de la parole par le courant le plus en phase avec les intérêts des grands capitalistes. Et tout y passe : « les anti-mondialistes vont regretter les institutions internationales » lit-on dans le Nouvel Observateur tandis que le Figaro dit qu’une « discussion sur la taxe Tobin le jour de la réouverture de Wall street est surréaliste ».

Si les supports médiatiques sont plus omniprésents que jamais (TV, radio, journaux…) l’uniformisation de leur discours n’en n’est que plus criante et insupportable : nombreuses sont les personnes qui en ont eu marre assez rapidement de ce matraquage médiatique. Le contrôle de l’information, ou sa déformation, a toujours été une question essentielle pour les capitalistes. Leur système a besoin du mensonge, d’une sorte de lavage de cerveau quotidien. Les journalistes des principaux médias pourront dire, comme il l’ont dit après la guerre du Golfe, « nous devrons être plus prudents à l’avenir » ou « nous avons été abusés » etc. Ils savent que leur position sociale dépend de la servilité, vis-à-vis des gouvernants et des patrons, avec laquelle ils vont remplir leur tâche.

Nous aurons toujours à combattre cela, mais sans croire que cela puisse fondamentalement changer tant que le système capitaliste existera.

Par Alex Rouillard