Tourments dans l’économie : les attentas du 11 septembre, cause ou excuse ?

Les indicateurs devaient être publiés la semaine où ont eu lieu les attentats sur le World Trade Center et ils n’étaient pas bons. Indice de confiance, prévision de croissance, consommation et confiance des ménages, production industrielle… ils étaient tous à la baisse.

Article paru dans l’Egalité n°90

Inexorablement, l’économie mondiale s’avance vers une récession majeure. L’embellie économique des ces dernières années, était tirée par l’endettement des ménages américains, les nouvelles technologies et la spéculation boursière mais ne reposait sur aucune base véritablement stable. Au bout de leurs possibilités d’endettement les « ménages américains » (les classes moyennes supérieures en fait) consomment moins, alors que cela compte pour 2/3 de l’activité économique américaine, et devant cette perspective, les spéculations boursières se sont de plus en plus effectuées à la baisse. De plus en plus d’entreprises annonçaient des pertes ou des résultats moindres que prévu. La croissance du PIB américain, d’après la banque fédérale américaine (FED) était de 0,7 % au et le pronostic était qu’elle continue de baisser. La FED parlait de stagnation dans la plupart des secteurs, et le Nasdaq, le marché américain des valeurs de croissance, a vu ses bénéfices semestriels fondre de moitié s’établissant à 45,8 millions de dollars contre 444 millions pour le semestre équivalent en 2 000.

Une autre conséquence a été la baisse des réserves financières des entreprises, due à la diminution de leurs bénéfices et l’allongement des délais de paiement. Résultat : avant même les crashes sur le WTC, les grandes banques d’investissement, les assurances, etc. annonçaient de nouveaux plans de licenciements. 1 100 emplois en moins à Goldman Sachs, 1 500 à Morgan Stanley…

Tout événement peut alors devenir un élément aggravant

Les événements du 11 septembre ont brouillé la lecture des ces données mais n’en n’ont pas changé la tendance profonde. Dans certains secteurs même, ils ont accéléré les choses.

Dans le transport aérien, notamment américain. Il y a 55 000 vols quotidiens aux Etats Unis. La suspension des vols, et l’annulation de millions de réservations a provoqué une perte de 100 aines de millions de dollars de par jour.

L’industrie financière de New York représente à elle seule 2,7 % du PNB des Etats Unis d’après le Financial Times. Les banques centrales européennes et japonaises ont injecté 80 milliards de dollars, et la réserve fédérale américaine 40 milliards. Les crédits spéciaux accordés par le parlement américain, de 40 milliards, consisteront en grande partie à financer l’intervention militaire américaine mais également à « soutenir » les grandes entreprises notamment les assurances et les compagnies aériennes.

Ces mesures peuvent peut être stabiliser la situation à court terme mais ne changeront pas les tendances fondamentales.

Cela n’a pas empêché ces multinationales d’exploiter les attentats avec le plus grand cynisme. Les prétendues conséquences des attentats : des plans de licenciements de plusieurs dizaines de milliers de salariés ont été annoncés. Ces plans étaient en général déjà prévus mais ils ont été « gonflés » (on verra bien s’il faut réembaucher) et l’argument pour empêcher les luttes dans un pays où cela est déjà difficile de faire grève et où la propagande réactionnaire bat son plein est tout trouvé : « c’est la faute aux terroristes islamistes, c’est à eux qu’il faut s’en prendre… »

Michelin aussi a profité des événements pour entamer un plan de 2 000 licenciements aux USA.

Par Alex Rouillard