Bienvenue en Schengenland !

L’espace de Schengen mis en place dès 1995 par les différents gouvernements de droite ou de gauche devait instituer la libre circulation des personnes au sein des pays des signataires de cet accord et de réguler les flux migratoires extra-européens. Autrement dit : continuer la politique de préférence nationale, que le Front national appelait des ses vœux.

Article paru dans l’Egalité n°92

6 ans après, l’Europe-forteresse continue de se construire et les choses sont de plus en plus claires. Les fichiers d’immigrés se construisent, la coopération policière entre les différents Etats de l’Union européenne se renforce, la chasse aux sans-papiers continue, les lois internes à chaque pays à propos de l’immigration sont de plus en plus répressives et fabriquent des sans-papiers pour le plus grand profit de certains patrons, les conditions d’entrée, de vie et de circulation des immigrés en Europe se dégradent. Les différents gouvernements européens sont toutefois devant un problème : d’un côté, le besoin de travailleurs venus des pays étrangers se fait ressentir dans certains secteurs et de l’autre la crise économique pousse à des manœuvres démagogiques en période électorale destinées à diviser les travailleurs. Une distinction entre bons immigrés et mauvais immigrés; entre les immigrés « utiles économiquement », au moins pour un temps, avec ceux qui ne le sont pas. L’intégration de certains travailleurs immigrés se fait toujours sous un statut précaire qui permet de faire pression sur les étrangers et de se « débarrasser » d’eux le cas échéant ainsi que de créer de nouveaux sans-papiers.

Les événements à Sangatte de cet automne sont un exemple flagrant du caractère réactionnaire de la politique européenne en matière d’immigration. Ce centre tenu par la Croix-Rouge accueille des étrangers majoritairement Kurdes et Afghans, candidats à l’immigration vers l’Angleterre, où, malgré la propagande des médias français, les conditions d’accueil des immigrés n’est pas meilleure. Il est prévu pour 600 personnes et accueille plus de 1700 personnes dans des conditions d’hébergement difficile (des puces, la gale, manque de couvertures et de vêtements). Le gouvernement anglais demande la fermeture de ce centre, tout comme la direction d’Eurotunnel à qui appartient le hangar réquisitionné et la SNCF qui voit d’un mauvais œil que les sans-papiers utilisent, gratuitement qui plus est, leur train de fret pour passer la Manche. Elle a même engagé des vigiles plutôt violents pour faire la police. Aucune commune ne veut voir se construire un nouveau centre dans la région pour désengorger Sangatte. Les conditions de vie et d’hébergement sont si difficiles qu’il arrive fréquemment que les différentes communautés (afghan, pakistanais, turques, indiens, etc.) s’affrontent entre elles. Certains d’entre eux se tuent en tentant de passer en Angleterre (on compte 5 décès).

Nous réclamons : l’ouverture des frontières et la régularisation de tous les sans-papiers qu’ils soient ici pour des raisons politiques ou économiques, la fermeture de tous les centres de rétentions, et l’égalité des droits entre Français et immigrés, dont le droit de vote à toutes les élections.

Par Yann Venier