Sommet de Laeken, objectifs : casse des services publics et libéralisation

La priorité de l’Union Européenne selon la présidence Belge est « la continuation de la libéralisation des secteurs comme le gaz, l’électricité, la poste et le transport, puisque la compétition fait baisser les prix, stimule l’innovation et crée des emplois ».

Article paru dans l’Egalité n°92

Cette volonté découle directement des mesures préconisées par l’OMC dans l’AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services). L’objectif est d’ouvrir à la concurrence tous les secteurs de l’économie y compris la santé, les retraites et l’éducation. Le danger, on le voit déjà dans les hôpitaux où le manque de personnel menace la qualité des soins de façon dramatique. Le but d’une entreprise privée n’est pas de rendre un service de qualité pour tous les usagers, mais de faire des profits, donc de rentabiliser les structures et de favoriser les plus rentables. Par exemple dans le domaine de la santé, on sait que certains soins attirent une clientèle aisée (chirurgie esthétique, transplantations…) alors que d’autres coûtent plus d’argent qu’ils n’en rapportent : les urgences, les maternités, les services IVG… Dans d’autres secteurs il y a aussi des exemples éloquents. Le service de transport britannique a démontré quels sont les dégâts causés par la privatisation des services publics, la gestion à l’économie des réseaux ferroviaires est directement responsable des multiples catastrophes qui ont frappé l’Angleterre. Quant à l’argument selon lequel les privatisations créeraient de l’emploi, il suffit de regarder les effectifs dans les hôpitaux, à EDF GDF, à la Poste, ou dans l’éducation pour se rendre compte que les seuls emplois crées sont des emplois précaires CDD, CES ou emplois jeunes.

C’est dans cet objectif de libéralisation de tous les secteurs que l’UE plaide pour « l’amélioration du climat d’entreprise » par la diminution des taxes pour les entreprises et par le maintien de la « modération salariale ». En France, cela passe par la Loi Aubry. Autrement dit il faudrait aider les entreprises à augmenter leurs profits aux dépens des travailleurs. Pour cela il faut aussi stimuler les fusions. Les conséquences dramatiques de ces fusions sont tristement célèbres : Moulinex-Brandt, Vivendi-Universal, Total-Fina, AOM Air Liberté, toutes des entreprises qui pour renforcer leur compétitivité et satisfaire leurs actionnaires ont sacrifié des milliers d’emplois, de vies en fait.

Enfin, cette volonté d’augmenter la rentabilité et la compétitivité de tous les secteurs se retrouve aussi dans les réformes concernant l’Education. A Bruxelles l’UE ne donnera qu’une ligne générale, qui existait déjà dans les réformes Allègre en France et dans la déclaration de Bologne. Le débat portera sur le rôle plus important que devra jouer l’éducation dans le débat sur l’emploi. Il s’agit d’adapter l’enseignement aux besoins des entreprises et fournir une main d’œuvre flexible pour l’industrie.

Les réformes et lois en cours nous montrent tous les jours que l’UE est une instance du capitalisme au même titre que l’OMC, le FMI ou la Banque Mondiale. Comme celles-ci, elle n’a de cesse de mettre en place une politique de casse de tous les acquis des jeunes et des travailleurs, dans le but unique de satisfaire les actionnaires et les PDG des multinationales.

Aujourd’hui le mouvement contre cette mondialisation capitaliste s’étend et nous pouvons tous prendre une part active dans la mobilisation contre les sommets des puissants et exprimer notre refus de cette Europe des multinationales et de la finance.

Mais nous ne devons pas nous contenter de nous opposer à « leur » Europe, mais faire avancer le débat sur « notre » Europe. Une Europe socialiste débarrassée du capitalisme, organisée en fonction des besoins de chacun et non pour une poignée de privilégiés. Une Europe des solidarités et de la démocratie (voir article page 2). C’est en construisant le rapport de forces nécessaire que nous pourrons en finir avec le capitalisme et instaurer cette Europe socialiste des jeunes et des travailleurs.

par Virginie Prégny