Le journal Le Monde titrait “Le plan de Sarkozy pour redresser l’économie française”. Quand on a autant d’amis parmi les journalistes, on ne se gêne pas. Pourtant rien de très original par rapport aux traditionnels plans néo-libéraux : diminution des dépenses publiques, privatisations, et incitation à la consommation. En gros, appauvrir collectivement et individuellement les travailleurs.
Article paru dans l’Egalité n°107
Les services publics ne sont un coût pour personne exceptés les capitalistes. Des transports publics, une énergie publique, un service public d’éducation… coûtent bien moins cher, tant collectivement qu’individuellement, à une large majorité de la population que s’ils étaient privés.
L’introduction de critères de gestion capitaliste entraîne une hausse importante des coûts, un gâchis croissant de richesses par les études marketing, les campagnes de publicité, la concurrence acharnée. La course au profit et non à la qualité de service tend systématiquement à créer plus de problèmes qu’elle n’en résout : on ne compte plus aujourd’hui le nombre de biens qui sont fabriqués pour une durée de vie limitée provoquant des pénuries de ressources naturelles, et surtout une obligation pour les travailleurs de sans cesse racheter des biens qui ne sont plus assez durables.
L’obligation de consommer pour avoir un minimum s’accompagne d’une précarité permanente : la plupart des biens ayant une durée de vie limitée, on est parfois obligé de les remplacer sans en avoir les moyens, donc de s’endetter et de s’appauvrir.
Le plan de Sarkozy s’inscrit exactement dans cette perspective. La chute du taux de profit, et la situation de surproduction que connaît le capitalisme depuis plus de 20 ans poussent les capitalistes à sans cesse piller les richesses collectives et individuelles des travailleurs.
Privatiser
“La France doit garder 4, 5 ou 6 grands secteurs industriels stratégiques” a dit Sarkozy en parlant d’Alstom. “35% du capital de la Snecma seront ouverts au public (sic) dans les prochaines semaines. Il s’agit d’un premier pas essentiel avant la privatisation de l’entreprise et la constitution autour d’elle d’une alliance confortée”, a dit Raffarin.
“La Snecma, comme Thales, comme Sagem, comme EADS, comme DCN et sans doute aussi comme Dassault doit être en effet capable de compléter ses alliances dans les toutes prochaines années en saisissant, voire en provoquant, les opportunités lorsqu’elles se présentent”, a-t-il ajouté (A.F.P.).
Tout est clair : fusion de groupes donc suppression d’emplois sont à venir, avant tout pour des choix de stratégie économique : pour rester dominants, les capitalistes français devront se contenter de quelques secteurs. La fermeture soudaine d’entreprises comme Moulinex il y a quelque temps est à mettre en relation avec ce genre de projet. Peu leur importe les effets de cette politique de désindustrialisation : chômage, précarité, jeunesse sans avenir…
Supprimer les postes dans les services publics
“Un départ en retraite sur deux ne sera pas remplacé” avait dit Raffarin. Résultat : -30% de postes aux concours d’enseignement, – 5 000 postes au ministère des finances… Pendant ce temps là, hauts fonctionnaires, conseillers spéciaux, députés, ministres continueront d’être payés largement au dessus du salaire moyen d’un travailleur. Toutes ces mesures se font au détriment de la population et généreront des inégalités. Des emplois stables et statutaires sont supprimés, et la précarité continuera de s’étendre.
Relancer la consommation
C’est un plan du plus pur style néo-libéral. Pousser les travailleurs à ne plus épargner en donnant des exonérations fiscales sur les prêts à la consommation (qui conduisent de nombreuses personnes au surendettement), en permettant que les gens qui ont remboursé une partie de leur prêt immobilier puissent placer en hypothèque leur maison pour pouvoir consommer (et se retrouver sans plus rien en cas de coup dur) etc. Toute une série de mesures dont l’unique but est de pousser les travailleurs à n’avoir aucune réserve financière et à être obligé de s’endetter. Une telle politique a gonflé artificiellement la croissance aux Etats-Unis et l’a rendue encore plus fragile, plongeant des millions de personnes dans la précarité. Le ralentissement économique de mars 2001 a tout de suite eu des conséquences désastreuses avec des millions d’emplois supprimés…
Sarkozy ne néglige pas non plus de relancer la spéculation immobilière, puisque 3 millions de mètres carrés de foncier appartenant à l’Etat vont être libérés en Ile-de-France. Cela ajoutera à la surpopulation de cette région et réjouira les spéculateurs.
Les ouvertures de magasins le dimanche passeront de cinq dimanche par an à 10. Le but de Sarkozy est de favoriser la grande distribution. Les moyens y sont de plus nombreux pour contraindre les vendeurs et vendeuses à travailler ces jours là.
Mais une telle mesure est rejetée par une majorité dans les sondages (54% y sont opposé selon BVA). La stratégie de Sarkozy est d’appauvrir les travailleurs et d’augmenter les capacités de consommation des classes supérieures, en lien avec d’autres attaques sur le code du travail, EDF-GDF etc.
A ce niveau, il a peu fait illusion, sauf chez ses amis journalistes.
Par Alexandre Rouillard