ALSTOM Plan de sauvetage …pour les banquiers !

Le 2 juillet dernier, plus de 2000 salariés du groupe Alstom, venus de six pays européens manifestaient à Paris pour l’emploi et contre le plan de démantèlement du groupe présenté par la direction.

Article paru dans l’Egalité n°103

Au bord de la faillite, le PDG avait annoncé la suppression de 5000 emplois en juin 2003. et se disait prêt à déposer le bilan car l’entreprise est sur endettée. ( 5 milliards de dollars !)

A Alstom, 110000 salariés dans le monde dont 75000 en Europe fabriquent des turbines nucléaires, des TGV, des paquebots de croisière. C’est une entreprise dont l’importance stratégique et technologique est primordiale.

Grandes manœuvres financières…

Des tractations entre les banques, les créanciers, le ministère des finances et l’industrie ont eu lieu durant de longs mois et le 6 août, l’accord est conclu : L’État devient actionnaire à hauteur de 31,5% du capital. Le plan de  » sauvetage  » du groupe s’élève à 2,8 milliards d’euros. 40 banques dont la BNP, la Société Générale, le Crédit agricole et…le Crédit Lyonnais, lui-même sauvé il y a quelques années, grâce à l’argent des contribuables français, participent à hauteur de 2,3 milliards d’euros. L’État souscrira pour moitié, soit 300 millions d’euros, à l’augmentation du capital ( 600 millions d’euros), financée par le produit de la cession récente sur le marché de 15% des titres Renault a expliqué Francis Mer ! Il contribuera également aux besoins à court terme de trésorerie par une avance de 300 millions d’euros de la Caisse des dépôts et consignations.

Pourquoi cette intervention de l’État ?

Mer le dit lui-même :  » ce n’est pas une nationalisation ni de l’interventionnisme industiel « . Effectivement, pour qu’il y ait nationalisation, il faudrait que l’état soit actionnaire majoritaire et ce n’est pas le cas. Le gouvernement a pris cette décision car Alstom est un fleuron de l’industrie française, leader mondial dans plusieurs secteurs (énergie, chantiers navals et ferroviaires). Question de prestige donc. La concurrence entre les capitalistes est rude !

Alstom emploie 42000 salariés en France.Un dépôt de bilan et une vague de licenciements à la rentrée, après les grèves du printemps, risqueraient d’être une poudrière.

La cause essentielle est de renflouer l’entreprise pour mieux la vendre après et encaisser les bénéfices. Ce qui est rentable se vend mieux !

A quel prix et sur le dos de qui ?

Ce sauvetage financier ne résout en rien la question des emplois et de leur avenir

Pour le 15 septembre, la branche Transmission et Distribution, la plus rentable, va être vendue au groupe nucléaire public Areva avec des plans sociaux à la clé. Cette branche est très implantée an Grande Bretagne et Alstom veut y réduire de moitié les emplois. 1000 emplois vont être supprimés à Birmingham dans l’usine qui fabrique des trains et le métro londonien. Il est vrai que c’est sans grand risque pour les patrons car il n’existe pas en Angleterre de loi contre les fermetures de boîtes.

La direction a promis aux banquiers de nouveaux plans d’économie drastiques. Et la spirale infernale des licenciements continuera en Allemagne, en Belgique ou en France.

Se battre contre les licenciements et l’esclavagisme

Non content de licencier à tour de bras, Alstom et notamment sa branche des chantiers navals emploie des sociétés sous-traitantes, véritables esclavagistes. Aux ateliers de Saint Nazaire, on fait venir du bout du monde de la main d’œuvre à faible coût par le biais, notamment, d’AVCO Marine . Celle ci a refusé de payer 92 travailleurs roumains. Ceux-ci se sont mis en grève d’abord seuls puis rejoints le 28 août, à l’appel de la CGT, par des travailleurs français, indiens, polonais, travailleurs des chantiers ou des boîtes sous-traitantes. Ils ont obtenu 3200 euros de paiement immédiat, Avco, cédant sur l’ensemble des revendications le 1ier septembre face à la mobilisation. Alstom de Saint Nazaire se glorifie d’avoir multiplié par trois son chiffre d’affaire. Mais ses moyens sont : flexibilité accrue, conventions collectives revues à la baisse, sous-traitance massive, intérim… Certes, il a rompu son contrat avec AVCO mais que vont devenir les travailleurs de cette entreprise ? Ils sont inquiets de cette nouvelle situation, mais l’unité faite en ce 28 août montre que les patrons peuvent craindre de fortes ripostes aux licenciements et aux conditions de travail dignes du 19ème siècle.

Par Marie-José Douet