Rentrée : comment lutter à nouveau et comment gagner ?

Après avoir crié au loup lors du printemps 2003, les médias annoncent des mobilisations à venir dans le secteur public -notamment l’Education nationale. Ils évoquent même la grève avant qu’elle ne soit discutée par les principaux concernés : les salariés de l’Education nationale. Volonté de montrer les attaques menées contre le service public d’éducation ? Non ! Stratégie pour discréditer avant l’heure un mouvement inachevé au printemps dernier qui cherche ses marques en cette rentrée.

Article paru dans l’Egalité n°103

Cependant, personne n’est dupe de cette tactique du gouvernement. Beaucoup des gens mobilisés savent que le combat engagé est de longue durée. Lors des assemblées générales de grévistes et interprofessionnelles, déjà, de nombreuses discussions concernaient le rythme de la lutte et les moyens de tenir dans la durée. En cette rentrée, la question est : va t – on pouvoir se remettre en lutte et quels seront les sujets qui nous permettront de nous attaquer au gouvernement et au patronat sans nous diviser et ni nous essouffler ?

Emploi, licenciements et précarité : les enjeux de la rentrée

Privatisations d’EDF, de la Poste, démantèlement de la sécurité sociale : des attaques tous azimuts pointent leur nez à l’horizon septembre 2004, après les élections… Mais on ne peut attendre patiemment l’an prochain sans réagir aux politiques menées et sans déjouer les tentatives de nous amadouer par les promesses électorales de l’UMP mais aussi de l’ex-gauche plurielle. Il est vrai aussi qu’on ne peut envisager de grève massive pour le moment. L’enjeu est donc que le maximum de personnes continuent d’agir avec l’objectif qu’une mobilisation massive soit construite.

Aujourd’hui, les principales attaques qui concernent le monde du travail, secteurs public et privé confondus, continuent de porter sur les conditions de travail et la précarisation de l’emploi. En quelques mois, le gouvernement a confirmé les attaques contre les chômeurs et leur droit à la retraite, les salariés privés d’emploi après faillite de leur boîte seront moins indemnisés, on demande encore aux salariés de donner au patronat un jour férié… A côté, le patronat ferme des boites, déclare des faillites profitant d’une nouvelle loi favorable, licencient à tout-va de Flodor, à Alsthom à Colydor, etc. Il est difficile de combattre ces multiples attaques alors qu’il y a 4 millions de chômeurs en France, qu’on nous affirme que c’est la crise économique mais que la croissance va repartir…un jour.

Mobilisation générale contre les licenciements

Face aux plans sociaux, les salariés du privé sont très isolés. Pourtant, dans de nombreuses régions, ce sont plus de 5 entreprises qui ferment en même temps. Il est grand temps de réagir de manière coordonnée. Les confédérations syndicales prônent toujours la politique du moins pire quoiqu’il en coûte aux salariés. Elles négocient séparément, boîte par boîte, branche par branche. Aujourd’hui, c’est de ces entreprises qu’on doit lancer la contre-offensive contre le MEDEF et Raffarin qu’il le sert. Les salariés du public sont aussi concernés par ces licenciements et suppressions de postes. l’Etat avec le licenciement des emplois-jeunes est le premier licencieur de France ! La question de l’emploi est cruciale, une bataille commune des salariés sur ce thème ne fera pas plié le gouvernement et le MEDEF mais donnera sûrement de l’assurance pour s’engager dans une lutte de longue haleine.

Services publics ou sévices publics ?

La crise hospitalière qu’a souligné la mort de plus de 11 500 personnes âgées cet été montre à quel point les attaques contre les services publics sont dangereuses. Il est vital de réagir. Tout comme les nombreux accidents de trains en Grande-Bretagne ont souligné le danger de la privation du rail, les morts de cet été révèlent les conditions de vie et de travail dans les hôpitaux français. Les mêmes questions se posent pour la privatisation de l’EDF et de la Poste.

Le préalable aux privatisations est toujours une rationalisation du service public à privatiser. La loi Aubry a joué ce rôle. Elle a aggravé les conditions de travail dans de nombreux secteurs par une réduction de personnels. Aucune embauche ne s’est réellement faite dans les services publics. La flexibilité s’est décuplée dans le privé.

Mettre un coup d’arrêt maintenant, c’est possible par une lutte unifiée. Pour cela, il faut reconstruire les liens entre salariés que les directions syndicales ont laissé se distendre et se couper. Des victoires ont été possibles localement quand des salariés apportent leur soutien à d’autres (Mc Do, Eurodif…). Des jalons ont été posés lors des récentes luttes dans le travail interprofessionnel. Plus qu’une action de solidarité, c’est en s’engageant au côté de salariés virés, en popularisant leurs actions, en les aidant que nous créerons un véritable lien interprofessionnel. C’est par ce travail patient que nous poserons les bases d’une mobilisation massive et générale dans les mois à venir. Pour cela, nous avons besoin de tous, les militants des syndicats, les non-syndiqués…En prenant l’habitude de lutter ensemble, nous pouvons préparer le terrain vers une grève générale nécessaire pour stopper sérieusement les attaques et imposer nos revendications.

Par Leïla Messaoudi