En cette période de crise, c’est la compétition entres les grands trusts capitalistes pour trouver les secteurs économiques à fort taux de profits. On assiste à des restructurations, des fusions et des rachats à tout va, notamment dans le domaine de l’énergie, très rentable à leurs yeux. C’est ce qui se passe avec l’accord Alstom/General Electric passé le 24 juin, qui devra être finalisé en 2015.
Alstom, c’est 95 000 salariés dans 100 pays du monde dont 20000 en France où est née l’entreprise en 1928. Il y a 2 branches: celle du transport (ferroviaire, métro, tramway) et celle de l’énergie, avec construction d’infrastructures pour les centrales thermiques, nucléaires et les énergies renouvelables (éoliennes).
L’accord ? C’est le démantèlement pur et simple d’Alstom
Pour 11,4 milliards d’euros Alstom vend à GE la branche énergie (70% des activités d’Alstom) et notamment le marché très convoité des turbines à gaz et à vapeur. Le reste du secteur énergie sera géré conjointement (Alstom/GE) pour les énergies renouvelables (éolien, hydro, turbines pour les centrales nucléaires). L’activité ferroviaire, elle, resterait 100% Alstom. C’est donc un découpage en bonne et due forme.
Le rôle du gouvernement dans tout ça?
Montebourg et le gouvernement n’ont eu de cesse de vanter leur défense d’Alstom, «symbole de la puissance industrielle française». Cette notion de fleuron industriel a reçu un écho. Ainsi L’Humanité titrait le 18 juin: «A l’assemblée nationale le PCF fait de la défense d’Alstom un combat national », certes en défense de l’emploi, de l’industrie et des salariés. Mais qui défend-on si l’entreprise reste privée ? Le terme « fleuron » ne veut rien dire, qu’Alstom soit aux mains de Bouygues, de General Electrics ou de Siemens/Mitsubishi, ce sera pour faire des profits au seul bénéfice des groupes d’actionnaires.
D’ailleurs, le principal actionnaire Bouyges est bien content de se débarrasser pour aller faire des profits plus importants ailleurs. En 2006, il avait racheté les parts de l’Etat qui avait renfloué l’entreprise en 2004.
Le feuilleton a duré des mois et les tractations financières avec Siemens/Mitsubishi et Général Electric aussi. En mai, Montebourg annonce un droit de veto du gouvernement qui aura comme résultat de favoriser l’offre de GE. C’est finalisé le 26 juin : le gouvernement annonce qu’il va racheter sous 20 mois 20% des 29,3% de la part de Bouygues. Et en fanfare annonce l’entrée de l’Etat dans le capital d’Alstom et à 50% avec GE dans les coentreprises, notamment l’activité nucléaire
Mais en fait le grand gagnant est Bouygues car c’est un joli cadeau que lui fait le gouvernement (avec l’apport de fonds publics). Bouygues récupéra près de 2 milliards d’euros en vendant ses actions au prix le plus haut possible le moment venu (avec un seuil minimum de 35 euros au lieu d’un cours de 28 euros actuellement). Bouygues qui par ailleurs a commencé un plan de 1550 suppression d’emploi sur les 9000 que compte sa branche telecom.
La participation possible de l’État en 2016 ne satisfait pas les patrons. Ainsi Kron, le PDG d’Alstom a-t-il déclaré «je n’étais pas demandeur de l’entrée de l’État au capital. C’est sa décision» ou encore: «il n’entrera au capital et au conseil d’administration qu’après la signature avec GE et n’aura pas son mot à dire sur l’utilisation qui sera faite du produit de cession de la branche énergie». De toutes façons, d’ici 2016, ces gens là trouveront bien un accord. On sait très bien que Montebourg parle beaucoup quand les médias sont là et s’arrange avec les patrons en faisant parfois même le contraire de ce qu’il a dit lorsque les journalistes sont partis.
Rien de bon pour les salariés dans cette alliance
GE promet 1000 emplois en 3 ans. Le gouvernement promet d’inclure des pénalités financières de 50000 euros par emploi non créé, une goutte d’eau pour ces multinationales!
Les salariés de l’énergie et du ferroviaire n’ont guère confiance. GE à Belfort a supprimé 600 postes en 2013 et 300 suppressions sont en cours dans d’autres sites de l’entreprise. Dans le secteur ferroviaire la direction dit qu’il y a un sureffectif de 100 sur 660 et demande aux salariés de partir sur d’autres sites. La participation de l’Etat, même si elle les rassure un peu n’enlève pas leur crainte des licenciements. L’Etat est même plutôt champion dans les suppressions d’emploi ces dernières années.
Ce montage financier est flou et sans aucune transparence pour les travailleurs. Les gagnants sont les actionnaires. Et il est probable qu’au nom de la « conjoncture » des suppressions de sites interviennent ces prochaines années : les travailleurs d’Alstom auront à lutter et il ne faudra pas qu’ils soient isolés.
C’est néanmoins un scandales que la vie de dizaines de milliers de personne se joue sur ces tractations secrètes et cette valse des milliards, tout ceci devrait être transparent et accessible aux travailleurs et à leurs syndicats !
Pour l’ouverture des livres de comptes aux salariés et la levée du secret commercial !
Zéro licenciement ! Ni en France ni ailleurs, pour la multiplication des liens entre les travailleurs et leurs syndicats des différentes filiales et entreprises des groupes Alstom, GE, Siemens etc. quel que soit le pays
En cas de menace sur l’emploi ou de refus d’accéder aux revendications des travailleurs, pour la mise en propriété publique complète d’Alstom/GE en expropriant les grands groupe d’actionnaire, et sous la gestion et le contrôle démocratique des travailleurs et de la population
Pour un monopole de service public complet de l’énergie, de la fabrication à la distribution, sous le contrôle démocratique des travailleurs avec leurs syndicats, et en lien avec la population, pour un secteur de l’énergie organisé en fonction des besoins sociaux et environnementaux et non pour les profits. Pour le même processus dans la branche transport.