Tous unis contre les licenciements

Depuis plusieurs années les plans sociaux se succèdent jetant dans la misère ou la précarité des milliers de travailleurs, qui combattent isolément contre les plans de licenciements. En 2001, les salariés de plusieurs entreprises qui fermaient, telles LU-Danone et AOM, avaient initié une manifestation unitaire rassemblant des milliers de personnes. Cette action allait dans le bon sens, mais elle ne fut suivie d’aucune autre initiative.

Article paru dans l’Egalité n°105

Sur Rouen, trois entreprises importantes (Aventis, Grande Paroisse et Alstom) vont connaître des plans de restructuration et de licenciements. Les syndicats ont décidé de s’unir afin de mieux résister. Les équipes syndicales des ces trois entreprises ont appelé à la constitution d’un collectif syndical unitaire contre les licenciements, collectif syndical cherchant à unir les autres entreprises du privé, les services publics qui connaissent eux aussi des problèmes de suppression de poste et les associations et syndicats de chômeurs.

Une première manifestation aura lieu de 22 janvier à Rouen devant le Medef. Une manifestation locale est un premier pas mais ne suffira pas.

Nécessité de l’unité et de l’action

L’expérience montre que les salariés qui luttent contre le patronat et leurs plans de licenciements gagnent rarement le maintien des emplois ou d’un site s’ils restent isolés. C’était donc une nécessité sur la région rouennaise. Mais une manifestation suffira-t elle à faire plier les patrons ? Le patronat, si il veut maintenir les profits des actionnaires et de la bourgeoisie en général doit impérativement casser l’emploi actuellement. Ce n’est donc pas quelques manifestations qui le feront changer d’avis. C’est en attaquant là où ça fait mal, que nous pourrons imposer nos revendications, en bloquant la production. Une grève de 24h d’avertissement et de solidarité des entreprises de la région rouennaise et des services publics devrait d’ores et déjà être planifiée. Il est nécessaire que les instances locales et départementales ou régionales des syndicats soient impliquées dans la mobilisation. Pour cela, il faut peser sur elles dans chaque entreprise.

Des revendications claires

Il faut aussi que nous sachions clairement sur quelle revendication nous battre. Les capitalistes ont toujours eu besoin du chômage même s’ils ont du mal à contrôler. Il leur permet de s’attaquer à nos conditions de travail. Proposer de se battre pour l’interdiction des licenciements, c’est donner l’illusion que le gouvernement pourrait stopper cela. Pas aujourd’hui ! Il est évident que l’on ne pourra pas compter sur le gouvernement et ses représentants, celui-ci comme tout autre qui se placerait dans le cadre de la gestion capitaliste de la société, pour nous aider. Au contraire lorsque l’on entend les plans prévus par Chirac, Raffarin et Fillon, prétendument pour lutter contre le chômage, on sait que ce qui nous attend c’est encore plus de facilité pour le patronat de licencier ! On ne peut compter que sur nos forces et nos actions pour imposer nos revendications : zéro licenciements quels que soient les comptes de l’entreprises (si les capitalistes sont incapables de gérer les entreprises, nous le ferons à leur place), mais aussi le partage du temps de travail entre tous jusqu’à résorption complète du chômage sans diminution de salaire, diminution de l’âge de la retraite afin de pouvoir embaucher les jeunes…

Combat syndical uniquement ?

Il est évident que les revendications qui seraient nécessaires afin d’interrompre la spirale infernale des licenciements, du chômage et de la précarité sont intolérables pour le patronat, surtout en période de crise. Elles dessinent donc les contours d’une société alternative. C’est bien une lutte politique que nous devons mener en définitive, pour une société où l’économie permet la satisfaction des besoins de tous et non les profits d’une minorité : le socialisme. Si nous ne donnons aucune perspective politique à ceux qui combattent les plans patronaux, à terme ce combat est voué à l’échec.

Par Yann Venier