Air France : Stop à l’acharnement contre les travailleurs en lutte – Nos emplois valent plus que leurs chemises

nouv 12178017_10153879335041542_351402126_n
Manifestation du 22 octobre devant l’Assemblée nationale

Lorsque de « simples » travailleurs osent se révolter, l’acharnement du système peut être terrible. Du PS au Front National en passant par « les Républicains » de Sarkozy, dans tous les journaux et télés aux mains des grands groupes capitalistes, c’est une véritable campagne qui est orchestrée. « Voyous », « violence », « agression » et tant d’autres mots pour désigner quoi ? des morts, des guerres ? Des gens qui réduisent d’autres gens à la précarité, à devoir courber la tête pour trouver un emploi, un logement ? Non pour ces situations là, aucun de ces politiciens, aucun de ces pseudo-journalistes, (et bien évidemment aucun des groupes d’actionnaires ou grands patrons qu’ils servent) n’utilise les mots de « voyous », de « violence », « d’agression »…

Le 5 octobre dernier, des travailleurs d’Air France ont osé se révolter. Et c’est cela que les médias, les politiciens et les grands patrons veulent faire payer. Ce jour là, alors qu’une réunion de comité central d’entreprise (CCE) se tenait pour « discuter » du plan de la direction (appelé Perform), une manifestation de plus de 3000 salariés d’Air France, à l’appel de quasiment tous les syndicats (sauf la CFDT…) avait lieu. En fait de discussion, le prétendu dialogue social si cher au gouvernement, les salariés avaient appris dans la presse, avant le CCE, le projet d’un plan de suppression de 2900 emplois.

C’est donc tout à fait logiquement qu’ils ont essayé de demander des comptes en entrant dans la salle du CCE. Le DRH et un autre dirigeant ont alors essayé de traverser la foule pour ne pas rester dans la salle, leurs chemises se sont déchirées, ne résistant pas à l’intense friction des corps. Le reste est avant tout un montage médiatique, un propagande vite relayée dans les médias français et internationaux. Car il n’y a pas eu de tentative d’agression, ou de coups portés contre ces dirigeants d’Air France.

Depuis, la chasse est ouverte. Cinq salariés ont été interpellés chez eux, à 6 heures du matin, pour bien leur signifier que toutes les forces de l’Etat les considéraient comme des délinquants, et que la prétendue neutralité de la police et de la justice, c’est du vent. Les 5 salariés, employés à la branche cargo, secteur où les salaires sont les plus faibles, ont également été mis à pied, interdits de travail. Double peine en somme.

Car comme l’a dit un obscur valet du capital officiant à délivrer le discours patronal à la télé (un journaliste de BFM TV quoi) à J.-L. Mélenchon qui prenait la défense des salariés d’Air France : « Mais monsieur Mélenchon, si vous ne condamnez pas, cela va se reproduire deux fois, quatre fois… ». Tout est dit, le problème n’est pas la « gravité » de l’acte, qui de plus ne l’était pas, mais sa portée politique, le fait qu’il représente la révolte des travailleurs contre les plans de leurs patrons et les injustices qui en découlent, et que c’est cette révolte qu’il faut condamner, autant judiciairement que politiquement.

Le monopole de la violence

La violence sociale et économique du plan perform n’est elle pas remise en cause. Les mensonges sur une compagnie qui irait mal et qui a besoin de gains de productivité pour ne pas couler est répété à l’envi par l’ensemble de la caste politicienne, les principaux médias, et évidemment les grands patrons. Mais Air-France KLM est toujours la 5ème compagnie mondiale en chiffre d’affaire. Mais elle ne fournit pas assez de bénéfices à ses actionnaires. Là est le seul problème, et de là vient la nécessité pour la direction d’effectuer un nouveau plan de suppression d’emplois et surtout de hausse de la charge de travail en imposant 100 heures de plus pour les personnels navigants et de nouvelles clauses de flexibilité pour le personnel au sol. Les seuls gagnants sont les dirigeants d’Air France et surtout les actionnaires qui veulent un versement de dividendes toujours plus important.

C’est donc ce monopole de la violence sociale que les dirigeants d’Air France sont là pour préserver. Ce monopole, c’est un droit de virer, écraser, licencier, les travailleurs, de réduire leurs salaires,… Quand un patron licencie et met à la rue des milliers de salariés il n’y a pas de flics pour venir l’arrêter à 6 heures du matin et l’accuser de « violence en réunion » alors qu’il prive les salariés de ressources. Comme l’a rappelé Xavier Mathieu, l’ancien leader de la CGT Continental, dont l’usine de Clairoix a été fermée en 2009 avec 1100 licenciements : « le résultat c’est 5 suicides, 200 ouvriers au RSA, 500 toujours au chômage… »

C’est cette violence là qui fait bien plus de dégâts que de simples chemises déchirées. Et c’est cette violence là qui doit être combattue et appeler à une révolte généralisée des travailleurs, des jeunes, de tous ceux qui galèrent dans le chômage ou la précarité.

Une véritable mafia

De Juniac, le PDG d’Air France KLM a un salaire de 600 000 euros par an. Il touche également des rémunérations diverses, notamment du fait qu’il est membre du conseil de surveillance d’une autre multinationale-pompe à fric, Vivendi. Et s’il est à Air France, c’est surtout parce qu’il est ancien directeur de cabinet de C. Lagarde, actuelle présidente du FMI et ancienne ministre de l’économie sous Sarkozy…

De Juniac aime à citer le PDG de Qatar Airways qui lui a dit à propos de la grève (de 2014), « Monsieur de Juniac, chez nous, ce ne serait pas possible, on les aurait tous envoyés en prison ». Cette remarque avait reçu un tonnerre d’applaudissement à la conférence patronale où elle a été prononcée. C’est aussi le PDG de Qatar Airways qui a reçu, des mains de Hollande, la légion d’honneur en juin 2015… Quant à Valls, la même semaine où il parlait des « voyous » d’Air France et de la « violence » de ceux-ci., il se rendait en Arabie Saoudite. Cette même semaine, une employée de maison a eu la main tranchée parce qu’elle cherchait à fuir ses employeurs qui la maltraitent. Mais pas un mot de Valls à ce sujet, ni sur la « violence » ni sur l’incroyable dégradation physique et morale que subissent les travailleurs dans ces pays.

Tous ces gens sont reliés par un intérêt commun : celui de permettre aux grands patrons et aux groupes d’actionnaires d’amasser un maximum de profits, et de faire toujours plus trimer les travailleurs. Les plans de la direction d’Air France se sont durcis depuis la privatisation finale de l’entreprise en 2006. Et l’etat actionnaire à 17% se comporte comme les autres groupes d’actionnaires : exploiter le plus possible les salariés pour récolter un maximum de dividendes. Quoi d’étonnant que tous aient entonné la même rengaine haineuse contre les travailleurs et leurs syndicats. La Front National, la droite et le PS sont dans un camp. Celui de ceux qui défendent les dirigeants d’Air France. C’est celui des capitalistes et des attaques incessantes contre les salaires et les conditions de travail.

De la colère à la révolte

La colère de ceux d’Air France est partagée par la grande majorité des travailleurs. Il faut les soutenir (cliquez ici pour donner à la caisse de grève solidaire) et exiger qu’ils ne subissent aucune sanction.

Il s’agit d’étendre notre colère, de la transformer en révolte organisée et collective, en descendant tous dans la rue, en manifestation et en grève, le même jour contre ces politiques qui veulent nous mettre à genoux. Chacun sait que ce n’est pas quelques chemises déchirées qui changeront la situation mais bien un mouvement d’ensemble. Rien qu’au mois de septembre, plus de 1200 luttes et grèves se sont produites. Ce qui manque, c’est une action tous ensemble. Car ce que vivent ceux d’Air France (on parle déjà d’un autre plan de suppressions d’emploi pour 2017!), partout c’est la même logique. Détruire les acquis sociaux qui restent, utiliser les travailleurs jusqu’à ce qu’ils soient épuisés, et privatiser tout ce qui peut être source de profit pour les parasites capitalistes. Cela ne s’arrêtera que si on lutte tous ensemble, jeunes, travailleurs, chômeurs… Révoltons nous, il est temps d’arrêter de subir cette dictature des capitalistes !

Par Alex