1 an après l’incendie des pépinières : le bilan d’une lutte de quartier

Il y a un an, le 30 septembre 2023, un grand incendie a fait tomber deux immeubles « verres et aciers » blindé d’amiante, dans le quartier des Pépinières, un ancien quartier populaire de Rouen. (Retrouve notre article ici). Dans la ville qui a encore le souvenir traumatisant de l’incendie de l’usine de Lubrizol, la population des quartiers voisins a été livrée à elle-même. Ce triste anniversaire nous permet de faire un bilan de la gestion de l’incendie et de la lutte de quartier qui ont été mené.

De l’incendie à la création d’un collectif d’habitants

Le soir de l’incendie, des militants de la Gauche Révolutionnaire ont tourné dans le quartier pour discuter avec les personnes, qui restaient à regarder ce qu’il se passait depuis la rue, ou par les fenêtres etc… sans consignes, sans alarme de ville, sans qu’une autorité publique s’adresse à eux, ils étaient mis en danger.

Le sentiment de stupeur face à l’ampleur de l’incendie était bien présent, mais il n’y avait aucun étonnement. Ça faisait depuis 2020 que le quartier des Pépinières était vidé de tout habitant, mais la mairie (PS et ses alliés) traînait des pieds pour la destruction coûteuse des immeubles amiantés, un seul immeuble du quartier avait été démonté. La colère contre le maire, Nicolas Mayer-Rossignol, était très forte, d’autant plus que cette même année, le maire qui est aussi président de la métropole, met en place la ZFE.

Dans la semaine qui a suivi, les militants de la Gauche Révolutionnaire ont produit un tract pour intervenir dans le quartier en portant la nécessité de lutter de porter des revendications et de s’organiser en collectif. Quand des habitants ont lancé le collectif « Incendie Pépinières du 30 septembre 2023 », nos militants ont rejoint la démarche apportant les contacts réalisés lors de nos activités militantes.

Faire entendre les revendications des habitants

Les agents territoriaux de Rouen ont dû ramasser des débris sans les protections adéquat, les débris étaient stockés à quelques centaines de mètres dans un dépôt sous une pauvre bâche et 4 pneus. L’école des pépinières au pied des immeubles du quartier a été fermée, sans communication claire et les enfants ont eu cours dans les parties communes des établissements scolaires voisins. Nicolas Mayer-Rossignol et ses équipes municipales ont tenus des réunions dans le quartier dans lesquelles leur mépris s’est heurté à la colère des habitants. Par la suite et face à cette situation inadmissible, des dizaines de personnes se sont retrouvés dans les réunions du collectif. Nous avons discuté de nos demandes :

  • La mise en place de campagnes répétées de prélèvements des surfaces pour analyser les déplacements de particules.
  • La communication de la quantité d’amiante que contenaient les immeubles.
  • La mise du site sous cloche pour une protection étanche des débris
  • Le calendrier précis du chantier d’évacuation des débris et du désamiantage des autres immeubles.
  • La tenue d’un registre sanitaire pour surveiller les risques de maladies et de cancers dans les années à venir

Le collectif avait mis en place une pétition, en ligne et sur papier qui était diffusé dans les quartiers et devant les sorties d’école avec plus de 500 signatures, des tracts ont été produit pour continuer d’informer. Le soutien des habitants était présent, des commerçants ont soutenu la démarche en affichant les tracts. Une campagne de dépôt de plainte a été mise en place en parallèle de la plainte d’un syndicat enseignant. Les syndicats des entreprises voisines ont été contactés pour lier les revendications et les actions. Ainsi des syndicalistes de l’éducation, d’Orange, des territoriaux … ont pu discuter avec les membres du collectif.

La Mairie accélère le projet de privatisation

Les autorités n’ont pas donné de suite aux demandes des habitants, l’Agence Régionale de Santé a refusé la tenue du registre sanitaire, mais la Mairie n’a pas voulu non plus le mettre en place. Le chantier de déblayage des débris a commencé sans mise sous cloche du site. Quand des intrusions dans les bâtiments vides ont été pointées du doigt par les autorités, le collectif a su maintenir que la responsabilité était celle d’avoir laissé d’abord les immeubles pourrir sur pied et que le souci était bien que tout le monde puisse avoir un toit. Ce jeu qui vise à nous duper et nous léser ne les a pas empêchés d’avancer sur leur projet de fond : celui de transformer le quartier et de le vendre aux promoteurs privés ce terrain de 2,8 hectares très bien situé.

Le projet juteux du « Blossom Park », qui remplacera le quartier Pépinières s’est remis en route, il s’agit de mettre en place un quartier ultra résidentiel, à la place des centaines de logements publics. Au lieu des aires de jeux pour enfants, et des grandes étendues d’herbe, il y aura du béton partout, et quelques arbres et carrés « d’espaces végétalisés ». Sans nouvelles infrastructures, la densité va augmenter, la promesse initiale des immeubles de 3 à 4 étages maximum a été abandonnée pour faire des tours de 5 à 9 étages. Cogedim et Virgil ont remporté le marché.

Pendant cette lutte, la Gauche Révolutionnaire a mis en discussion que c’est aux habitants de décider du devenir du quartier et que cela nécessitait de s’organiser et de se mettre en lien avec les organisations des travailleurs. Pendant plusieurs mois, des habitants se sont mêlés des affaires pour la protection de toutes et tous. Si la lutte n’a pas abouti à une victoire des habitants dans l’immédiat, c’est une expérience qui va laisser des traces dans le paysage des quartiers.