Envoyons la loi «Travail» à la poubelle et Valls-Hollande avec ! Amplifions la lutte, Généralisons les grèves

858380-repuEn faisant passer la loi El Khomri à l’aide de l’article 49-3, le gouvernement a, en fait, lancé sa dernière carte. N’ayant plus aucune popularité ni soutien, Valls-Hollande n’ont plus que les CRS et les menaces contre les grévistes des raffineries, du transport, des ports… Ils courent dans le vide. Avec le 49-3, le masque « démocratique » est tombé, et Valls se comporte à moitié comme un fanatique, à moitié comme un mercenaire du patronat. Il préfère cette sorte de stratégie du chaos au respect d’un minimum de démocratie : 70 % des gens sont opposés à la loi « travail », les millions de grévistes et de manifestants de ces 3 derniers mois en témoignent. Alors, il s’agit de ne surtout pas lâcher maintenant. Il s’agit d’amplifier les grèves à une échelle de masse pour répondre à Valls-Hollande : nous irons jusqu’au bout !

La loi El Khomri est la synthèse de tout ce que le MEDEF et les gouvernements de droite comme du PS ont toujours voulu faire passer contre les travailleurs en poste, les privés d’emploi et les futurs travailleurs : insécurité permanente dans le cadre du travail, domination du patron dans les rapports dans l’entreprise, flexibilité, heures supplémentaires qui pourront passer à 10% (au lieu de 25 ou 50%) sur simple accord d’entreprise, allongement du temps de travail, suppression de congés…

Les soi disantes concessions telles la taxation des CDD ont évidemment été retirées sur une simple pression du Medef. Tout va être fait pour augmenter l’exploitation des travailleurs pour le seul bénéfice du grand patronat et des actionnaires.

Cette loi est une véritable contre-révolution sociale, une partie des travailleurs et les jeunes l’ont compris et depuis le 9 mars résistent et s’opposent. Et une majorité soutient les mobilisations, il faut trouver les moyens pour qu’il s’y joignent plus activement : la seule chose qui fait peur à ce gouvernement, aux grands patrons, aux actionnaires et aux médias à leur service, c’est un mouvement de masse, une grève générale comme en mai 68 ou en juin 36. L’enjeu pour gagner est d’amplifier le mouvement et en trouvant les moyens de l’étendre à tous ceux et celles qui le soutiennent.

Malgré la propagande du gouvernement sur la « pénurie d’essence », les blocages effectués ont un soutien important parmi les travailleurs et la population. La ville du Havre, dont la combativité est exemplaire depuis le début de la lutte, a organisé un blocage économique total du port et de la route, montrant la force des travailleurs lorsqu’ils sont déterminés et organisés.

Comment étendre ?

Ce qui est en jeu, c’est d’amplifier la réponse à une échelle de masse. Il y a des centaines de grèves sur les salaires et les conditions de travail, qui côtoient et se mêlent à la lutte contre la loi travail, aux blocages ou aux cortèges étudiants et lycéens dans les manifestations.

Le démarrage de la grève des raffineries (Donges, Feyzin, Gonfreville l’Orcher près du Havre, Grands Puits etc.) représente une étape décisive. Car bien plus que les blocages « extérieurs » (sauf s’ils sont faits en masse) c’est bien l’arrêt de la production et de la distribution par les travailleurs eux-même qui peut entraîner un « blocage de l’économie ».

A peine les routiers ont-ils commencé leurs actions de lutte en bloquant les camions, que le gouvernement a annoncé que la profession ne serait pas concernée par la possibilité de descendre à 10% la majoration des heures supplémentaires. Non seulement cela montre que le gouvernement est fébrile et qu’il recule quand on est assez fort, mais en plus il dévoile que l’objectif de la loi est bien d’abaisser la rémunération des travailleurs.

Les appels à la grève continuent d’être annoncés à l’aviation civile (l’ensemble des syndicats du secteur), à la SNCF, dont certains sites et dépôts sont en grève illimitée depuis plusieurs jours (et cela va s’amplifier avec l’appel à la grève illimitée lancée par plusieurs syndicats à partir du 31 mai), dans les ports et docks à nouveau, dans les transports en commun (RATP notamment). Dans le même temps, les grèves locales continuent dans l’Éducation, dans les transports en commun de province, et dans de nombreuses entreprises du privé. Il faut aider à étendre la grève aux grandes entreprises du privé : commerce, métallurgie…

L’annonce d’une manifestation nationale le 14 juin avec grève ce jour-là peut paraître lointaine pour celles et ceux qui sont en lutte depuis début mars. Mais en soutenant les grèves en cours, en aidant au déclenchement de grèves partout où c’est nécessaire, y compris sur des revendications spécifiques comme celles sur les salaires ou les conditions de travail, alors on peut continuer à construire le mouvement. La manifestation du 14 juin pourra être un point haut de la lutte, ciblant directement le gouvernement, en défilant tous ensemble par centaines de milliers dans la capitale.

Construire de véritables instruments de masse pour la lutte

Nous avons besoin de véritables assemblées générales unissant les grévistes, les syndicats, et tous ceux qui sont dans la lutte : jeunes, Nuit Deboutistes et autres. De telles assemblées permettraient de discuter à une échelle large des actions à mener, d’impliquer plus de monde, et même d’élire démocratiquement des comités de lutte ou d’action impliquant les travailleurs et les jeunes de manière beaucoup plus large que ce qui est possible actuellement par le biais des syndicats ou d’autres organisations. Car beaucoup de travailleurs peuvent entrer en lutte sans être, pour le moment, membres d’un syndicat, et c’est encore plus vrai pour les jeunes. Or il faut que la lutte rassemble toutes les énergies, permettant à des dizaines de milliers de personnes de se transformer en militant(e)s de la grève.

De même, la question de faire des caisses de grève qui soient suffisamment significatives se pose pour permettre aux travailleurs qui sont parents isolés, qui ont de très petits salaires, ou qui ont enchaîné de très nombreux jours de grève, de pouvoir tenir. Il y a eu un certain manque de préparation face à la politique de Valls alors qu’elle se durcissait de mois en mois. Il n’y a pas eu de plan discuté suffisamment largement, ce qui aurait permis de mieux se mettre d’accord sur la stratégie et de pouvoir préparer les grandes journées de grève comme des points d’appui vers une véritable grève générale.

La force du port du Havre

Si Le Havre est capable de mener de telles actions de masse, c’est parce que la classe ouvrière y est en grand nombre, notamment via les travailleurs du port. Mais c’est aussi parce que depuis des mois, la préparation d’une lutte d’ampleur est au cœur des débats de la CGT 76. A l’initiative de plusieurs syndicats, le congrès de l’union départementale CGT avait adopté suite à la journée d’action de 9 avril 2015 que «pour réussir à donner un coup d’arrêt à cette politique au service du patronat, et aux licenciements, ce mouvement social de grève prolongé doit se construire avec un véritable plan d’action nécessaire pour donner confiance dans la lutte à la majorité des salarié(e)s, des privés d’emploi et des jeunes qui en ont ras-le-bol de la situation mais sont très peu organisés. (…) Cela pourrait permettre de travailler à la construction d’un mouvement social prolongé afin de bloquer l’économie du pays jusqu’à satisfaction de nos revendications ».

On voit le résultat quand on anticipe la lutte par les moyens d’actions appropriés. Au Havre, c’est une lutte de masse, avec des AG sur les points de blocage, et la démonstration que la classe des travailleurs est bien celle qui fait tourner l’économie. C’est cela qu’il faut généraliser à l’ensemble du pays.

C’est ce manque de discussions et de décision collective que beaucoup, notamment dans la jeunesse, ont voulu compenser en multipliant les manifs et les actions tout le long des mois de mars et avril. Cela a permis de pousser les directions syndicales opposées à la loi « travail » dans une vraie option de lutte « dure », et cela a redonné une véritable approche combative à la CGT.

Mais non seulement il peut y avoir le risque de fatigue à force de reposer sur les seuls militants et travailleurs activement engagés dans la lutte mais, en plus, on ne se prépare pas assez à la possibilité de nouvelles attaques par ce gouvernement ou un autre qui le suivrait. Or les capitalistes exigent des attaques toujours plus fortes contre les travailleurs. Le ministre de l’économie, Macron, a évoqué la nécessité des entreprises de recourir à la « modération salariale », c’est à dire à la baisse du niveau de vie des travailleurs et de leur famille.

En créant dès maintenant des habitudes de discussions démocratiques larges, permettant les décisions collectives et établissant un plan dans lequel les journées de grève centrale ne sont plus considérées comme isolées les unes des autres mais comme des étapes dans la lutte, on peut rattraper le retard en terme d’organisation de la lutte actuelle et aussi préparer les suivantes.

En créant dès maintenant des habitudes de discussions démocratiques larges, permettant les décisions collectives et établissant un plan dans lequel les journées de grève centrale ne sont plus considérées comme isolées les unes des autres mais comme des étapes dans la lutte, on peut rattraper le retard en terme d’organisation de la lutte actuelle et aussi préparer les suivantes.

Le besoin d’une «voix de la lutte»

Il manque encore un discours qui unifierait réellement notre colère : le rejet de la loi travail et le refus de toute la politique de Valls-Hollande, et en exigeant à la fois des hausses de salaires, des embauches, en dénonçant le fait qu’on demande toujours aux mêmes de se serrer la ceinture pendant que les super riches se gavent de millions.

Ce discours et ces idées sont déjà dans toutes les têtes de ceux et celles qui manifestent et font grève. C’est ce discours que des assemblées générales permettraient de généraliser, et que d’une certaine manière on a retrouvé dans les phénomènes des Nuit Debout où des milliers de jeunes, de précaires, de chômeurs, de retraités, de travailleurs, syndiqués ou non, ont voulu débattre de ce qui ne va pas et de ce qu’il faudrait. Ainsi de très nombreux débats avaient comme objectif central de changer la société et de renverser le capitalisme. Il a manqué une attitude réellement ouverte de la part des directions syndicales vis à vis de ce mouvement (même si Martinez y est venu tardivement en tant que dirigeant national de la CGT) qui aurait permis de continuer à dire : c’est une lutte tous ensemble, avançons vers la grève générale. Et en déclarant « nous ne revendiquons rien », les inspirateurs des « Nuits Debout » n’ont pas aidé à un tel rapprochement tant dans les entreprises, les quartiers populaires…Il y a, au contraire, un grand besoin de formuler des revendications de manière claire pour stopper la dégradation des conditions de vie, de travail, des rapports entre les gens, qui se mêlent et semblent un rouleau compresseur écrasant le quotidien de millions de personnes.

Mais les Nuits Debout et les actions collectives de blocage, d’actions communes mêlant jeunes, travailleurs de différentes entreprises, montrent que beaucoup cherchent à unir leur révolte. Si des assemblées discutaient de mettre en commun des revendications à l’échelle nationale telles les 32h pour embaucher les chômeurs, la hausse des salaires, l’arrêt des licenciements et des suppressions d’emplois, la mise en propriété publique des entreprises qui menacent de licencier ou de fermer, alors le mouvement commencerait à parler d’une même voix à l’échelle de tout le pays.

Cela permettrait d’opposer au discours dominant des politiciens du PS au FN et des médias, tous au service des grands patrons et des actionnaires, la parole retrouvée des travailleurs et de la jeunesse, c’est à dire de 90% de la population.

Ce qu’il nous manque, c’est une véritable opposition politique et sociale de masse, unie, face à l’arrogance de Valls-Hollande et de ses ministres tous plus illégitimes les uns que les autres. Tout en continuant la construction de notre lutte, il faut se poser la question du besoin d’une force politique de masse des travailleurs et de la jeunesse, un nouveau parti de lutte contre le capitalisme dont les militants et animateurs seraient ceux qui luttent actuellement. Un tel parti permettrait de faire entendre une voix unie à l’échelle de tout le pays face à la propagande 100% capitaliste des partis et médias au service de la bourgeoisie et du capitalisme. Un tel parti de masse ne perdrait pas son temps en combine avec le PS ou autre, mais défendrait résolument, à tous les niveaux, les intérêts et les aspirations de la grande majorité de la population. Un tel parti, fonctionnant de manière démocratique, permettrait d’aider à construire les luttes mais surtout de discuter d’une véritable alternative au capitalisme, afin d’unir tous ceux et toutes celles qui en ont assez de ce système et qui veulent faire plus que résister : changer réellement la société et renverser le capitalisme. Un tel parti serait également un espace de débat démocratique, pour définir ensemble les moyens de renverser le capitalisme.

Changer la société, renverser le capitalisme

Une grève générale, c’est un mouvement dont le fond reste politique, car il consiste à dire « ça suffit » on ne veut plus vivre comme cela. Et pour ne plus vivre comme cela il faut évidemment battre la loi El Khomri, mais également changer la situation sociale dans les entreprises, virer les petits Valls-Sarko qui jouent aux petits dictateurs sur les lieux de travail, en finir avec un système qui étouffe la jeunesse. Car à terme, il faudra qu’émerge la possibilité d’un gouvernement réellement au service des travailleurs, des jeunes, et de la majorité de la population et cela peut se discuter dès maintenant.

C’est pour cela que la Gauche révolutionnaire défend depuis le début de la lutte que ce qui s’est révélé le 9 mars et qui a donné l’envie de continuer, c’est non seulement le rejet de la loi « travail », non seulement une révolte contre la mollesse des dirigeants syndicaux, mais également une colère et un début de révolte contre le système tout entier.

C’est l’expression par la lutte et la volonté de construire une grève générale du fait que ce n’est plus possible de continuer comme ça, à suivre le « Travaille, consomme et ferme ta gueule » qui nous tue tous et toutes. C’est parce qu’on en a assez de faire des tâches complètement stupides sur nos lieux de travail, de payer hors de prix des objets qui sont produits grâce à une quasi mise en esclavage d’enfants à l’autre bout de la planète, de voir la Santé publique, l’Éducation publique, se dégrader d’année en année. C’est parce qu’on en a assez du capitalisme en fait, même si pour le moment la discussion sur ce qu’il faut mettre à la place n’a pas encore été très loin sauf à des idées assez floues : nouvelle constitution, salaire qui serait versé à vie… Autant de choses qui montrent une envie de changer radicalement la société mais qui ne touchent pas au fond du problème : la dictature « démocratique » de la bourgeoisie. Elle s’est dévoilée dans sa plus vraie nature par l’utilisation du 49-3 (se passant ainsi du masque que peut donner parfois le débat parlementaire). Elle repose sur la propriété par les super riches de l’ensemble des moyens de production, de distribution et d’échange. Pour construire une société réellement libre et démocratique, il faut supprimer cette propriété privée des grands moyens économiques, exproprier les capitalistes par la nationalisation/socialisation sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la population. Pour enfin planifier l’économie en fonction des besoins et des possibilités, et non pour le profit et son lot de gâchis humain, environnemental et social dont on voit les ravages chaque jour. C’est cela le socialisme démocratique, la véritable alternative à la barbarie capitaliste et son cortège de guerres, de misère, de racisme et d’injustices.

62 personnes possèdent autant que 50 % de la population mondiale. Les plus riches continuent de s’enrichir et la majorité de la population continue de s’appauvrir. La loi « travail » est là pour accélérer cette course à toujours plus d’inégalité. Mais la lutte contre cette loi montre que nous sommes des millions à ne plus vouloir être écrasés pour le seul bénéfice de cette poignée de super riches qui profitent de tout. Il faut que cette colère et cette révolte s’organisent, et se transforment en un véritable parti de masse, pour préparer une révolution qui renversera ce système et permettra enfin de construire une nouvelle société plus juste, fraternelle et tolérante.

C’est cela que nous voulons construire, rejoins nous !