Les travailleurs de Mayotte avaient décidé d’une grève générale début novembre, pour dénoncer la non-conformité des moyens nécessaires octroyés par l’État. Le 13 novembre, les attentats de Paris ont fait prendre la décision d’annuler la mobilisation générale et de rentrer en deuil national, en solidarité avec les victimes du terrorisme. L’état d’urgence imposé par les élus a tenté de tout mettre en œuvre pour interdire les rassemblements à caractère social, en rendant les piquets de grève hors-la-loi.
La situation sociale continuant de se dégrader sur les lieux de travail a poussé à la remobilisation dès le mois de décembre. Comme dans une trentaine de centres de secours et d’incendie, où les pompiers en grève sont allés jusqu’à envahir leur comité d’administration, comme à Quimper ou à Caen. Face à une hiérarchie sourde et à un dialogue impossible, la séquestration temporaire des donneurs d’ordre, pour les obliger à négocier, a semblé aux pompiers du Puy-de-Dôme être la solution ultime pour sortir d’une dizaine de jours de conflit.
En janvier et février, il est prévu une multitude de débrayages dans les PME sur la revalorisation salariale, comme chez les chauffeurs de car, les postiers, les éboueurs déjà victorieux en Avignon. Les agents d’EDF et la SNCF pourraient rentrer dans un conflit musclé face aux plans sociaux de diminution d’effectif et de baisse de revenu. Le 26 janvier est une grève pour rassembler tous les travailleurs du secteur public. L’austérité et la souffrance au travail résonnent dans toutes les têtes.
Le « Mois de la colère » chez Carrefour Market illustre le rejet massif chez les travailleurs de salaires au rabais et surtout d’une direction qui veut diviser les travailleurs entre eux en payant les « Market » encore moins que les « Hyper » – alors que comme dans de nombreuses entreprises, les salaires des gros patrons et les montagnes de sous que volent les actionnaires aux salariés n’ont jamais été aussi gigantesques. Et cette bataille n’est pas sans rappeler celles des travailleurs du commerce contre l’application de la loi Macron I… sans compter les autres, nombreuses, qui auront indubitablement lieu contre la loi Macron II.
Les assemblées générales sur les lieux de travail comme à Sidel ou à Carbone Savoie démontrent une volonté de la base de se servir de ses propres moyens de lutte et de ne pas attendre que d’autres le fassent pour eux.
Par Mathieu Jardin