Le mouvement est devenu décisif. Deux mois se sont écoulés depuis la première journée de grève contre la poursuite de la casse des retraites. La mobilisation est toujours très forte, et le soutien massif dans la population. Journées de grève nationale unitaires et intersyndicales, manifestations le samedi et actions de blocage rythment la lutte avec des millions de participants. Et surtout, certains secteurs stratégiques : énergie (énergéticiens, gaziers), cheminots, portuaires et dockers sont en grève reconductible chaque semaine depuis deux mois. Les raffineries sont plus récemment entrées en grève aussi. Leurs grèves impactent toute une partie de la production. L’utilisation du 49‑3 a créé un électrochoc, relançant la mobilisation et la détermination et confirmant que nous sommes majoritaires dans le pays. Un cap est passé. Désormais l’idée que Macron doit céder et partir fait son chemin. Nos grèves et notre mobilisation devront le dégager !
Éditorial du supplément à l’Egalité n°215
Macron a déjà perdu…
Il faut augmenter le niveau de lutte pour faire basculer le rapport de force en notre faveur. Or, nous le savons, autour du 7 mars, le mouvement n’a pas pris forme d’un arrêt total du pays c’est-à-dire qu’il ne s’est pas transformé en grève générale.
Nous devons renforcer la lutte et discuter largement dans nos lieux de travail d’entrer massivement en grève jusqu’au retrait de la loi. Dans le même temps, il faut élargir à nouveau le mouvement. Toute une partie des travailleurs et des jeunes, solidaires du mouvement, n’y ont pas encore pris leur place. La question des retraites leur semblait trop lointaine ou déjà pliée. D’autres questions les y amènent. Après les années de COVID et d’absence de luttes collectives face à la dégradation des conditions de vie et de travail, notre camp sent à nouveau sa force. Au contact du mouvement, et grâce aux manifestations de masse, de plus en plus de travailleurs et jeunes envisagent de rejoindre la lutte et les grèves. La mobilisation du 23 mars et après doit permettre d’intégrer toutes celles et ceux qui veulent lutter. Une prochaine journée de grève, avec une manifestation nationale à Paris, pourrait en être la suite si Macron-Borne ne cèdent pas encore.
On le sent désormais : un mouvement massif des travailleurs et des jeunes peut battre la réforme des retraites. Mais un mouvement si puissant ne s’arrêterait pas là. On ira tout leur reprendre !
… mais il ne partira pas de lui-même !
Pour cela, les actions organisées par les syndicats et les militants de la grève doivent être combatives et s’adresser à eux, devant les entreprises, sur les points de blocage filtrants, dans la rue avec des points d’information et de mobilisation. Les travailleurs et les jeunes ont relevé la tête. Il faut que cela se voie dans la rue et dans les lieux de travail. Toutes nos revendications urgentes sont désormais sur la table : le retrait de la retraite à 64 ans et le retour au 60 ans max, la hausse des salaires, le blocage des prix à la baisse qui devient vital mais également la fin de la sélection au lycée, l’abrogation des lois anti-chômeurs, des lois racistes… Car toutes ces lois et mesures sont le fruit d’une même politique poursuivie par Macron mais menée par Sarkozy et Hollande avant !
Dégager Macron et imposer une politique en faveur des travailleurs !
Nous sommes nombreuses et nombreux mobilisés. Il faut développer le mouvement sur les retraites comme point d’appui pour dégager Macron et sa politique avec. Nous avons plus de poids maintenant et davantage encore si nous nous organisons. Le pouvoir est remis en cause. C’est le moment de retirer des mains de ce gouvernement et des capitalistes le droit de décider pour nos vies. Et dans ce contexte, fort logiquement, une partie des travailleurs et des jeunes regardent l’activité parlementaire de la NUPES avec sympathie. D’autres plus éloignés constatent que le RN, sous ses airs de s’opposer à la réforme des retraites, n’appuie pas du tout le mouvement et au contraire s’oppose aux grévistes, en espérant récupérer une partie de la colère actuelle plus tard. Nous devons donc faire avancer le mouvement. Un gouvernent réellement au service des travailleurs serait issu de la lutte, et de ses organisations syndicales et politiques. Et il faudrait discuter largement du programme capable de concurrencer les capitalistes et de les dégager. Il ne s’agirait donc pas de se contenter d’un programme qui accepte le capitalisme ou de recombiner un gouvernement avec le PS et EELV qui acceptent de mener des politiques similaires à Macron localement.
Pour cela, il faut un gouvernement qui défend nos intérêts avec autant d’intransigeance que celui de Macron défend ceux des capitalistes. Un pouvoir qui devra avoir un programme ferme face aux capitalistes.
Un pouvoir démocratique des travailleurs
Il faudra de nouvelles élections mais pas dans le cadre des institutions actuelles qui favorisent les plus riches et qui ne nous donnent aucun contrôle sur les élus. Il nous faut un gouvernement qui défende les intérêts des travailleurs et mène une politique pour satisfaire les besoin de la population, en planifiant démocratiquement et écologiquement l’économie.
Les élus devront être révocables, payés au salaire moyen d’un travailleur. Celles et ceux qui mènent la lutte actuelle, avec le soutien des partis qui s’opposent au capitalisme, et celui des militant‑es syndicalistes ou associatifs, des jeunes, formeront la base de ce nouveau gouvernement.
Celui-ci renationalisera les services publics privatisés, mettra en propriété publique, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs et de la population les grands secteurs de l’économie et notamment la finance, l’énergie, le transport, la distribution. Les centaines de milliards d’euros issus de la fortune des ultra-riches et des bénéfices des multinationales et de l’évasion fiscale seront utilisés pour donner des emplois, des logements, à tout le monde. Il enclencherait une véritable transition vers une économie socialiste débarrassée de la propriété privée des moyens de production et de l’exploitation.
Mais, aujourd’hui, les travailleur‑ses et les jeunes n’ont pas de parti de masse qui défend ce programme de classe. Alors dans le cours de la lutte, tout cela doit aussi être mis à la discussion entre grévistes, militant‑es, syndicalistes… Dès maintenant il faut une discussion large et publique entre les forces rejetant le capitalisme pour former un front uni politique face à Macron et aux capitalistes.
Renforcer la lutte et plus largement l’organisation des travailleur‑ses et des jeunes, proposer un programme pour le socialisme, c’est l’objectif des militant‑es de la Gauche révolutionnaire.