L’Assemblée Nationale a adopté le projet de loi relatif à la « transition énergétique pour la croissance verte ». Il est présenté par la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, comme une mesure phare du
quinquennat. Cécile Duflot, elle, salue ce « premier véritable débat historique sur la politique énergétique de la France ». Ce texte est-il si ambitieux que ce que l’on voudrait nous faire croire ?
L’écologie est devenu un sujet vendeur aujourd’hui: les labels Bio se sont multipliés, créant ainsi une gamme de produits plus chers et l’immobilier, l’énergie etc. ont pu engranger des aides massives
de l’Etat qui ont permis à beaucoup d’entreprises de multiplier les profits et à leurs patrons de s’enrichir. Pour les travailleurs de ces secteurs, rien de neuf par contre, l’exploitation habituelle.
Il en va de même dans l’offre politique. L’écologie est devenu un thème porteur permettant le recyclage de certains politiciens et de donner un vernis vert aux politiques libérales. EELV peut ainsi justifier sa place dans les majorités de « gauche » et s’instituer en caution morale alors qu’ils ne sont en fait pas plus écologistes que les autres.
Une loi bidon
Parmi les objectifs principaux : la diversification des énergies, la réduction de 75 à 50 % de la part du nucléaire dans la production énergétique d’ici à 2025 ou encore la réduction de moitié de la consommation énergétique d’ici à 2050. Toutefois, il n’est proposé aucun plan pour y parvenir, une grande liberté étant accordée aux collectivités territoriales et aux initiatives privées. De plus, le financement prévu paraît largement insuffisant. En effet, 10 milliards d’euros sur 3 ans seraient débloqués quand on estime qu’il en faudrait le triple. Sans compter que certains de ces objectifs existent en réalité depuis longtemps. La rénovation énergétique de 500 000 logements par an, mise en avant dans la loi existe depuis 2012 sans que rien ne soit fait pour que l’objectif soit tenu.
Il n’y a donc, en réalité, aucun changement de cap dans la politique énergétique actuelle. Le texte propose, par exemple, la création de subventions pour rénover son habitation ou encore passer à la
voiture électrique. Compte tenu du reste à charge élevé de ces opérations, ces subventions profitent, comme toujours, aux entreprises privées de ces secteurs et aux ménages aisés qui ont les moyens d’y recourir.
De plus, la promotion de la voiture électrique est jugée peu efficace. Il faut faire plus de 50 000 km avant d’émettre moins de CO2 qu’un diesel. Pourtant des solutions moins couteuses et plus efficaces existent comme le développement de transports publics gratuits. Le texte de loi n’encourage pas davantage les alternatives à la route pour le transport de marchandises. Les patrons routiers ne seront pas taxés puisque le projet d’éco taxe a été enterré. Seul changement, ils seront soumis à la hausse du tarif du gazole mais au même tarif que les particuliers !
La part du frêt non routier ne représentant que 12% du transport de marchandises, il y a pourtant des progrès à faire en la matière. Mais une fois de plus, on préfère faire croire à une responsabilité individuelle (par exemple en imposant l’installation de compteurs « intelligents », à la charge des résidents ou en interdisant la vente de la vaisselle en plastique) que de faire payer les entreprises polluantes.
Cette loi est donc un pur effet d’annonce qui ne s’attaque en rien aux véritables problèmes mais permet de faire de l’écologie un secteur juteux pour les patrons.
Par Sarah