Du vendredi 19 juin au lundi 22, les employés municipaux de la ville de Rouen ont massivement multiplié les actions et les débrayages, tous services confondus. Conservatoire, services de nettoyage, personnel de ménage, jardiniers, employés des piscine, huissiers de mairie, Atsem et autres employés petite enfance, bibliothécaires, services techniques, cantines, ressources humaines… par centaines ils et elles sont venus exprimer leur révolte mais également leur dégoût du mépris dont ils sont victimes.
Un premier rassemblement samedi matin devant le musée des Beaux Arts fermé pour l’occasion était déjà une réussite. La grève de ce lundi matin était encore plus massive. Près de 500 agents s’étaient rassemblés sur le parvis de la mairie. Une manifestation dans la mairie s’est improvisée. Par centaines, aux cris de « tous ensemble », la manifestation était autant de joie que de fierté de pouvoir s’exprimer. Au passage, Valérie Fourneyron, a pu être huée lorsqu’elle fut croisée dans les couloirs. L’ancienne Maire et ex ministre semblait étonnée qu’on puisse lui reprocher d’être doublement impliquée de la situation faite aux agents alors qu’elle est adjointe et soutien du gouvernement (et en manque de portefeuille ministériel…). C’est naturellement que la manifestation a envahi la vaste salle du Conseil municipal où sont décidés les budgets aux conséquences si pénibles pour les agents, et plus de 400 grévistes ont ainsi pu débattre et rappeler les situations.
L’austérité, c’est sur le dos des employés et de la population
Les mesures d’austérité décidées par le gouvernement Valls sont pointées : non remplacement des départs à la retraite dans des services déjà surchargés où les agents craquent de surmenage comme au standard ou dans les services petite enfance. La ville de Rouen sera privée de 25 millions d’euros pour son fonctionnement sur 5 ans.
Mais aussi une politique cynique de recours aux CDD et autres contrats précaires et leur non renouvellement juste avant les vacances.
Mais l’austérité venue d’en haut n’est pas la seule responsable de la situation. Car c’est cette même équipe qui passe son temps à parler d’économie mais pas pour elle. Les décisions comme celle de s’augmenter les indemnités d’élus de 500 euros prises en début de mandat le montrent. Et c’est cette même majorité de « gauche » qui annonce pour la communauté d’agglo, un projet d’Hôtel de la Métropole qui coûtera au bas mot 30 millions d’euros. Comme l’ont dit plusieurs grévistes, ces gens là n’ont plus rien à voir avec la gauche…
Et évidemment une telle politique s’accompagne d’une gestion des services où domine l’arrogance de petits chefs qui écrasent les agents et réorganisent à tout va sans prendre la peine d’écouter le personnel..
Ces journées de grève et la manifestation dynamique d’aujourd’hui ont forcé le maire, Yvon Robert, à entrer en discussion, lui qui au départ prétendait ne pas vouloir discuter « sous la pression des grévistes », et les délégations syndicales comportaient même des grévistes de base. Et la pression, Yvon Robert l’accepte pourtant bien quand il accepte d’établir un budget comportant les coupes imposées par la baisse de 25 millions des subventions de l’Etat.
Après une telle réussite, ayant entraîné, une grande première, les 5 syndicats dans la lutte, les centaines d’agents ont pu voir que leurs problèmes n’étaient pas dus à leurs seuls services mais bien étendus à toute la municipalité. Dans l’assemblée générale, le représentant de la CGT educ’action, venu apporter le soutien de son syndicat et la nécessité d’une bataille ensemble avec notamment la journée d’action du 25 juin et surtout le besoin d’une grande journée de grève à la rentrée, a été très longuement applaudi.
Par Alex