Stop au commerce de l’eau ! Nestlé surexploite l’eau dans les Vosges

vittelL’accès à l’eau est un droit humain fondamental et les luttes se multiplient dans le monde pour que cette ressource soit un bien commun. Les capitalistes exploitent et privatisent la ressource en eau, avec la complicité des gouvernements pro-capitalistes. C’est notamment le cas dans les Vosges, où Nestlé Waters surexploite et assèche la nappe phréatique de Vittel (des grès du Trias inférieur) afin de commercialiser de l’eau en bouteille (l’eau Vittel « Bonne source », exportée à l’étranger). En 2018, les associations locales (Vosges Nature Environnement…) et le collectif Eau 88 ont alerté sur le risque d’épuisement de cette nappe souterraine. Ils demandaient à l’État de réguler les prélèvements d’eau à l’origine du déficit de la nappe : chaque année, son niveau baisse de 30 cm.

Rien de sérieux n’a été entrepris depuis. L’enquête réalisée par le site Reporterre en 2019 souligne qu’au contraire, des élus et organismes locaux (proches de Nestlé Waters) réunis au sein d’une « commission locale de l’eau », ont proposé de prélever l’eau nécessaire aux habitants de Vittel dans les territoires voisins (scenario de « substitution »). Un comble ! Les intérêts de la multinationale priment donc sur les besoins en eau des populations locales. Le groupe privé s’avère très influent dans la région, à tel point que l’ancien maire de Vittel (Jean-Jacques Gautier, député LR) a posé une question au Sénat afin de modifier le statut de l’eau, qui deviendrait ainsi une « dette » alimentaire et non plus un « bien » alimentaire… Le Sénat lui a répondu défavorablement, en précisant que l’eau faisait partie du « patrimoine commun de la nation »… mais pas assez pour interdire son exploitation aux multinationales privées.

Plusieurs collectifs se mobilisent face à cette dépossession entreprise par la multinationale (voir notamment le site L’eau qui mord). Les communes voisines ne sont pas dupes et cet été, plusieurs conseils municipaux (Charmes, Grandrupt…) ont refusé les prélèvements dans leurs territoires afin de subvenir aux besoins en eau des habitants de Vittel. Ces communes ont rappelé la loi de 2006 et un décret du Conseil d’État qui stipulent que l’alimentation en eau potable prime sur les intérêts privés. Mais manifestement cela est insuffisant : la source reste privée et Nestlé continue de faire ses profits et d’assécher la nappe phréatique.

En 1982, dans un ouvrage sur la ville thermale, Guy de la Motte-Bouloumié (l’héritier de la famille Bouloumié qui a acheté les sources de Vittel au 19e siècle) se félicitait du partenariat entériné avec Nestlé. Dans les années 1990, il lui revendra la totalité du capital de la « Société des Eaux de Vittel » de la famille Bouloumié. Dans ce même texte, l’héritier présentait le recours aux bouteilles en plastique comme une « percée technologique », alors qu’on prend aujourd’hui conscience du désastre écologique généré par la pollution plastique.

La lutte en cours à Vittel est menée par des collectifs qui ont bien cerné les tentatives d’accaparement du bien commun par les multinationales, qui tirent profit du commerce et du gaspillage des ressources naturelles. Cette lutte, comme d’autres, montre qu’il est strictement impossible de concilier capitalisme et écologie. L’eau, dans les Vosges et ailleurs, devrait être intégralement en propriété publique et gérée démocratiquement par les populations et les travailleurs.

Virginie