La situation actuelle est complexe et semble même sans solution. Il y a des intérêts politiques et économiques bien tangibles que les horreurs de la guerre et de la terreur ne doivent pas faire oublier.
La création d’Israël : une question politique et non religieuse
La création d’Israël en 1948 découle de la colonisation, quand les impérialistes britanniques et français, à la suite de la Première Guerre mondiale, se partagent l’Empire Ottoman dont la Palestine. C’est encore aujourd’hui un enjeu économique et politique pour les impérialistes occidentaux, surtout pour sa position géostratégique. Ils cherchent donc à assurer des conditions politiques assez stables pour préserver les intérêts économiques des capitalistes.
Depuis la Nakba (la « catastrophe », en arabe), en 1948, les Palestiniens, expulsés de leurs terres, se retrouvent isolés entre Gaza et la Cisjordanie, ou réfugiés. La classe dirigeante israélienne, depuis Ben Gourion, a organisé une colonisation brutale, justifiée alors, auprès des Israéliens par la promesse de sécurité et de prospérité. Mais cette période est finie. La pauvreté s’est développée en Israël, la colonisation étendue ghettoïse davantage les territoires palestiniens ainsi que la ségrégation contre les arabes d’Israël.
L’échec du nationalisme et de l’OLP
Depuis des décennies, les nationalistes arabes au pouvoir dénoncent l’impérialisme, mais ce ne sont que des mots. Ils ne veulent pas s’en prendre au capitalisme, dont ils profitent. Ils craignent aussi qu’une lutte victorieuse en Palestine n’encourage les populations du Proche Orient à se débarrasser de leurs dirigeants corrompus.
En Palestine, les organisations qui formaient l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), même celles se revendiquant du marxisme, ont rejoint l’approche nationaliste et l’acceptation du capitalisme, défendant l’idée fausse qu’un État palestinien démocratique pouvait être construit sous le capitalisme.
Leur stratégie a été de chercher la reconnaissance des impérialistes pour négocier au nom du peuple palestinien. Ils ont empêché l’organisation propre des masses et la construction de liens avec les travailleurs d’Israël contre le capitalisme et l’impérialisme. Les trahisons de ces organisations ont été utilisées par la bourgeoisie israélienne qui ne cesse de renforcer la colonisation et la répression dans les territoires occupés depuis 1967.
1987, la Première Intifada : une lutte de masse pour la libération de la Palestine
L’intifada (le « soulèvement » en arabe) a été principalement menée par des comités de lutte qui, en plus de l’organisation de la lutte, ont développé des écoles, des soins médicaux et l’aide alimentaire. Le mouvement se distinguait par une approche de la lutte qui la considérait comme étant celle de toute la communauté, donc sans recours aux armes contre les civils ; conscients que cela entraînerait un bain de sang et empêcherait le soutien qui existait dans la gauche israélienne et dans le monde.
D’ailleurs, les fondamentalistes religieux se sont retrouvés isolés car l’organisation démocratique et de masse ne laissait pas d’espace pour leur programme réactionnaire. L’OLP participa au mouvement, l’utilisant pour appuyer des négociations avec les impérialistes, qui aboutirent aux faux accords de « paix » négociés en secret : les accords d’Oslo.
La violence avec laquelle l’État d’Israël a répondu à cette révolte est à la hauteur des craintes des classes dirigeantes que ce mouvement n’obtienne trop de soutien, en Israël et dans la région.
Oslo, Camp David…des accords par les impérialistes pour les impérialistes !
Ces accords ne répondront aucunement aux attentes de l’Intifada. Au contraire : le contrôle sur Gaza et la Cisjordanie est encore renforcé, avec la construction des murs et le blocus. Une Autorité Palestinienne est créée. Elle devient seul interlocutrice d’Israël et des impérialistes et l’alliée qui collabore avec l’État israélien, y compris aujourd’hui. Elle met en place un système de taxes et de monopoles (vente de cigarettes, farine, ciment etc.) et la privatisation de certains secteurs comme l’eau et l’électricité (gérés par le groupe français Bolloré Vivendi).
Le renforcement de la colonisation alliée à la corruption de l’Autorité Palestinienne renforcent les fondamentalistes et le Hamas en particulier. D’autant plus que Netanyahou, Premier ministre trois ans après les accords d’Oslo, développe une doctrine de militarisation et de poursuite de la colonisation en Cisjordanie. Son objectif : s’assurer qu’aucun processus de paix ne pourra aboutir. Le Hamas, lui, veut garder son pouvoir en soumettant les Palestiniens à une « loi islamique » rétrograde. Il est encore plus opposé à la lutte des classes qu’à l’impérialisme. En Israël, la lutte contre le Hamas est utilisée pour créer une « unité nationale », mettant de côté les problèmes sociaux internes.
Vers une nouvelle révolte de masse des Palestiniens !
En 2018, la « Grande Marche du Retour » a montré que, malgré l’écrasement militaire, les Palestiniens peuvent encore se révolter. Mais sans parti indépendant avec un programme de lutte contre le capitalisme et la colonisation, ce sont les réactionnaires islamistes et leur terreur qui dominent.
Le massacre de civils israéliens le 7 octobre avait pour but d’éloigner davantage toute possibilité de lutte conjointe entre Palestiniens et travailleurs israéliens, alors même que la situation de faiblesse de Netanyahou en ouvrait la possibilité. Ce n’est ni l’ONU, qui ne sert qu’à concilier les intérêts des différents capitalistes, ni une autre conférence internationale qui apporteront la paix dans la région.
Les Palestiniens ont le droit d’avoir leur propre État s’ils le souhaitent. Mais aucun État n’est viable s’il est en permanence attaqué et appauvri par la colonisation. De la même manière, la situation actuelle ne peut qu’installer la guerre dans la durée. Pour les Israéliens, la grande majorité n’aura pas de vie correcte tant que persistera cette situation.
Il y a assez de richesses pour fournir à tous les habitants de la région des conditions de vie dignes. Mais pour cela il faudra débarrasser la région des intérêts des groupes capitalistes, du militarisme de l’État d’Israël pour que les peuples de la région puissent déterminer eux-mêmes leur avenir. Pour une Palestine socialiste et un Israël socialiste au sein d’une fédération socialiste et démocratique de la région !
Par VP, article paru dans l’Égalité n°219