L’article qui suit est une transcription résumée de l’article d’Ariel Gottlieb membre de Maavak Sozialisti (Lutte socialiste) section israélienne du CIO.
Article paru dans l’Egalité n°89
Depuis presque un an, début par ailleurs de la seconde Intifada, Israël s’est enfoncé dans une crise grave et une partie du mouvement social et politique conteste un des piliers de l’idéologie sioniste selon laquelle l’Etat d’Israël est le plus sûr pour les juifs. Pour masquer la réalité, l’utilisation de la force à une échelle de plus en plus vaste comporte le risque d’une guerre d’un niveau plus large. Mais contrairement aux autres périodes de troubles, où la question nationale étouffait les autres problèmes, cette fois-ci les questions sociales restent d’actualité et les luttes continuent.
Une économie qui s’effondre
L’économie israélienne est en récession depuis 1997 avec une parenthèse en 2000, un mini boom autour des hautes technologies. Le PNB est en chute, les exportations ont chuté de 37,8 %, l’investissement de 27,4% et le pouvoir d’achat a reculé d’1,2 %. Le taux de chômage officiel se rapproche des 10 %. Et les prédictions ne sont pas meilleures. En juillet, plus de 20 000 emplois ont été supprimés. Souvent, ces suppression d’emplois sont dans les zones arabes, druses, bédouines ou mixtes où la frustration et la colère sont déjà importantes. Une étude récente a montré que 34 % des salariés ont peur de perdre leur emploi. Ils est largement convenu de penser que ce gouvernement ne fait rien pour l’emploi.
Ce gouvernement a surtout commencé à organiser une coupe de 4 % dans chaque budget ministériel sauf celui de la défense. En même temps le soutien qu’il avait est en chute. Cet été, 49 % des gens se sont dit satisfaits de Sharon contre 59 %, tandis que 42 % ne sont pas satisfaits contre 31 %. A la question de savoir si Sharon serait capable d’apporter une fin à la terreur et la violence, seuls 21 % ont répondu oui, contre 43 %, et 70 % ont répondu non contre 40 % auparavant.
Les plus riches israéliens achètent des appartements en Europe. Selon un sondage, 25 % des israéliens émigreraient s’ils le pouvaient.
C’est la même chose dans les zones palestiniennes où le chômage avoisine les 50 % alors que les commerçants riches et les membres de la clique dirigeante corrompue autour d’Arafat achètent des maisons pour leur famille.
Pendant ce temps, la jeunesse des territoires occupés préfère un martyre « honorable », avec les subsides que cette mort entraîne pour la famille qui reste, à la vie infernale dans les camps.
Dans cette situation, certains avancent l’idée d’une séparation complète avec des zones et des frontières sur des bases ethniques, avec des murs ou des fossés pour faire la séparation. Les conséquence directes de cela seraient le démantèlement des colonies juives isolées et peut être de nouveaux déplacements de population palestinienne. Ce genre de mesure rencontrerait une résistance massive qui entraînerait rapidement un conflit plus large et plus long.
La solution socialiste
La situation est également marquée par une plus grande ouverture pour les idées socialistes et Maavak Sozialisti essaie d’utiliser ces possibilités. En faisant campagne sur les questions sociales et économiques en les liant à une analyse de classe sur la question nationale, en montrant comment les classes dirigeantes des deux cotés sont incapables d’apporter une vie décente, une sécurité et des droits démocratiques pour tous. Pour les jeunes et les travailleurs palestiniens et israéliens, la seule solution réside dans le renversement des classes capitalistes respectives avec la perspective de l’établissement d’états socialistes* qui travailleraient sur des questions comme l’eau, les frontières, les réfugiés sur la base des intérêts communs pour en finir avec ce cercle vicieux de la pauvreté, de l’oppression et des guerres.
*le débat reste ouvert sur la forme que prendra le socialisme dans cette région : deux états socialistes, palestinien et israélien dans une confédération socialiste, ou un état socialiste sur tout le territoire de la palestine. Site web : www.maavak.org.il
Par Alexandre Rouillard
