Stop à la criminalisation des luttes sociales !

La crise économique actuelle du capitalisme amène le retour en force des recettes classiques de ce système: abaissement du coût du travail, licenciements, flexibilité et précarité accrues, pressions sur les chômeurs pour accepter des emplois précaires et peu rémunérés, services publics démantelés…

Article paru dans l’Egalité n°99

Face à ces attaques, le mécontentement grandit. Des millions de personnes ont manifesté dans les rues de Gênes et de Barcelone, contre la mondialisation capitaliste. Des grèves générales massives ont eu lieu en Italie et en Espagne et une grève générale de la fonction publique se prépare en Allemagne en ce début 2003. En France, des usines sont occupées comme Daewoo en Lorraine. Les salariés d’EDF, d ‘AIR FRANCE, les Cheminots, luttent contre la privatisation. Dans l’Éducation Nationale, plusieurs grèves ont eu lieu fin 2002 principalement contre le budget. Dès Janvier, c’est la lutte essentielle contre le licenciement de 20000 aides-éducateurs et de 5600 surveillants qui mobilisera les personnels enseignants et non-enseignants. Et bien sûr il y aura les mobilisations contre les projets gouvernementaux concernant les retraites.

Les gouvernements, pour faire passer leur politique, doivent casser la combativité ouvrière et se dotent d’un arsenal judiciaire qui vise à interdire le droit de manifester, le droit de grève ou de restreindre les libertés syndicales.

Aux États-Unis, contre des dockers en grève sur la côte ouest, Bush a ressorti une loi vieille qui n’avait plus été utilisée depuis plus de 40 ans stipulant que les ports ne pouvaient être bloqués, sécurité du pays oblige !

En Belgique, en juin 2002, les dockers d’Anvers étaient en grève contre la privatisation des opérations de déchargement. Ils ont remporté une victoire partielle mais la bourgeoisie est passée à l’offensive, adressant un courrier aux services de police pour empêcher les piquets de grève, les barrages, sur les routes. La bourgmestre de la ville a dressé une liste de rues « vitales » qui ne pourraient plus être bloquées. Avec des sanctions pénales pour les participants reconnus et identifiés par la police ! Sécurité oblige là aussi ! En France, de nombreux militants syndicaux ont eu ces derniers mois maille à partir avec la justice. José Bové, après un premier séjour l’été dernier en prison est condamné à nouveau avec René Riesel suite à des actions syndicales contre les OGM. Au printemps 2002, les salariés de la FNAC Champs-Elysées étaient en grève pour leurs salaires et contre les inégalités sociales. Neuf d’entre eux ont été licenciés pour fait de grève. Deux ont été réintégrés grâce à la mobilisation de leurs collègues et de l’intersyndicale.

En septembre 2002, vingt salariés se sont retrouvés au tribunal correctionnel pour avoir manifesté devant le siège de la direction quelques mois plutôt

Alain Hébert, secrétaire de l’union locale CGT de Cherbourg, condamné en juillet dernier à 6 mois de prison dont un mois ferme pour violence contre un gendarme – sur la seule déposition de ce dernier – alors qu’il manifestait contre la fermeture d’un hôpital. Il a fait appel Le 26 octobre, 2500 personnes syndicalistes, militants politiques ou non étaient dans la rue pour demander sa relaxe. Le jugement a été mis en délibéré.

Ahmed Meguini, arrêté lors d’une manifestation à Strasbourg, pour les sans-papiers a lui aussi été condamné et est resté un mois en cellule d’isolement. Il est sorti car, comme pour A.Hébert, il y a eu mobilisation.

Il n’y a pas une grève en entreprise où des militants syndicaux ne soient pas réprimés pour fait de grève comme à Rouen, lors de la dernière lutte du centre de tri PTT qui a duré plusieurs semaines.

Ces recours systématiques à la justice, les actions de « maintien de l’ordre » contre les barrages de routiers par exemple, les lois sécuritaires s’inscrivent dans une cohérence de répression syndicale et sociale. Il faudra systématiquement se mobiliser contre chaque attaque contre le droit de grève et défendre pied à pied les libertés syndicales, d’expression et de manifester.

Par Marie-José Douet