Services publics, décentralisation et retraites : la casse continue

Marche forcée et attaques massives : le gouvernement Raffarin poursuit sa stratégie de réformes tous azimuts. Retraites, décentralisation, services publics, bientôt la sécu, les travailleurs du public comme du privé constatent que tous leurs acquis sont également menacés.

Article paru dans l’Egalité n°101

Quarante annuités pour le public, c’est le verrou à faire sauter pour le gouvernement, pour conduire l’ensemble des salariés à 42 annuités en 2020. Pourquoi pas plus ensuite ? On sait bien que l’objectif réel de cette réforme, c’est d’abord de permettre au patronat de faire des économies sur le dos des travailleurs et donc d’augmenter encore ses profits. Qui pourra vraiment terminer ses 42 annuités, que ce soit dans le public, où les salariés débutent leur carrière de plus en plus tard, ou dans le privé, où les conditions de travail sont de plus en plus pénibles et les périodes de chômage et de temps partiel de plus en plus fréquentes ? La généralisation du système des décotes entraînera donc obligatoirement une baisse des pensions des travailleurs qui ne pourront pas  » tenir  » jusqu’au bout. L’autre objectif, c’est le développement de l’épargne-retraite, marché qui fait déjà saliver les banques et autres compagnies d’assurances.

Le gouvernement, poussé par le MEDEF, se sent en position de force. Au lieu des 40 annuités, acceptées déjà par plusieurs dirigeants syndicaux, il veut déjà faire passer l’objectif des 42. Nous devons y trouver un argument pour l’unité nécessaire des travailleurs du privé et du public pour contrer cette réforme des retraites. La réussite des manifestations du 1er mai a déjà montré que les travailleurs ne comptent pas rester passifs. Elles ont le mérite de pousser les directions syndicales à ne pas céder trop vite à des négociations qui ne seront que des capitulations. La seule réponse à cette réforme des retraites, c’est NON ! Il faut continuer à développer la lutte, car seule une riposte d’ensemble et d’ampleur pourra contrer le gouvernement. La réussite de la journée du 13 mai est impérative, et il semble qu’elle sera massive. Elle ne suffira pourtant pas encore.

La décentralisation renforcera les inégalités

La décentralisation, c’est à la fois une mise sous tutelle des pouvoirs locaux et une source d’inégalités en fonction des ressources des régions et des départements. Les services publics se retrouvent donc ainsi à la merci des choix politiques des élus locaux ; leur financement repose sur une fiscalité locale qui frappe le plus lourdement ceux dont les revenus sont les plus faibles. La décentralisation se caractérise donc avant tout par son aspect anti-social et inégalitaire.

Pour mettre en place cette décentralisation, le gouvernement mène une stratégie oscillant entre le mensonge (Ferry :  » J’ai dit que je n’étais pas demandeur d’une décentralisation des personnels TOS, je n’ai jamais dit qu’ils ne seraient pas décentralisés « ) et le contournement, avec le transfert vers les régions et départements de plus de 110 000 personnels non-enseignants de l’Education nationale (au passage, dans un décret instituant le Conseil national des programmes, le terme de « ministre de l’Education nationale » est remplacé par « ministre chargé de l’éducation »). Médecins scolaires, assistantes sociales, conseillers d’orientation-psychologues n’interviendront plus dans les établissements scolaires. Les élèves et leurs familles devront se déplacer pour avoir recours à leurs services. A terme, ce sont des organismes privés, et donc payants, qui assureront ces mêmes services. Des « packs orientation » sont déjà disponibles pour la modique somme de 150 euros !

Les services publics appartiennent à tous

En plus de ces deux réformes aux conséquences gravissimes, le gouvernement continue la politique de casse et de privatisation des services publics. Les privatisations continuent à EDF-GDF, la Poste, la SNCF, Air-France, France-Télécom, la santé, elles se profilent dans l’éducation, avec dans tous ces secteurs des suppressions de postes, la multiplication des personnels précaires, la dégradation des conditions de travail, la perte de pouvoir d’achat pour les salariés. Les services publics sont pourtant un bien commun, un acquis social des travailleurs. Seuls des services publics forts, pourvus de moyens, peuvent permettre à tous l’accès aux droits les plus élémentaires à la santé ou à l’éducation par exemple.

Face à ces attaques, le silence des dirigeants de l’ex-gauche plurielle, et en premier lieu du PS, est assourdissant. Comment pourrait-il en être autrement quand ce sont eux qui ont initié ou préparé ces réformes ? Après plus de vingt ans d’une politique anti-sociale menée par des gouvernements de droite comme de gauche, comment s’étonner que beaucoup de travailleurs restent désemparés ou passifs face aux attaques actuelles ? Quelle perspective ont-ils pour organiser leurs luttes et espérer contrer ce gouvernement de choc ? Ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour engager un combat décidé et d’ampleur. Il faut se diriger vers un mouvement d’ensemble. La journée du 13 mai doit en être une étape, permettant aux travailleurs du privé et du public de se rejoindre. Mais cette grève devra devenir massivement reconductible, car aucun secteur ne pourra gagner de manière isolée.

37,5 POUR TOUS !
NON A LA DECENTRALISATION !
DEFENDONS LES SERVICES PUBLICS !

Par Pascal Grimbert