Santé : cela devient terrible !

dessin-santeAu seul nom de la rentabilité et de la course au profit, les politiques menées par les différents gouvernements ont transformé l’Hôpital public en un endroit où il est toujours plus difficile de travailler dans de bonnes conditions. On assiste depuis juin à une véritable vague de suicides, parfois sur le lieu de travail : CHU de Toulouse, hôpital de Gonesse, de Saint-Calais, après Le Havre et d’autres. Cinq cet été, encore un en octobre, et combien de tentatives ?

S’il fallait résumer l’absurdité de ce système, elle est bien là : une activité dont la raison d’être est de soigner se retrouve avec une obligation de «rentabilité», et son personnel lui-même malade et qui n’en peut plus de la charge de travail, du harcèlement, du fonctionnement bureaucratique…

Le cas du Centre hospitalier du Rouvray, près de Rouen, est particulièrement démonstratif de l’aberration du système : pour pallier au manque de personnel, la direction a imaginé créer un pool de «remplaçants »… en prenant dans les postes déjà existants ! Comme s’il suffisait de faire passer un individu d’une unité à une autre sans tenir compte des pathologies, des soins nécessaires, du suivi des dossiers… La grève de 28 jours dans cet hôpital psychiatrique s’est terminée par une victoire, le retrait total du plan. Les absurdités se poursuivent avec le regroupement des hôpitaux en GHT (Groupements Hospitaliers de Territoire) dont le but n’est pas l’amélioration des soins mais les «économies». Ainsi, toutes les activités de gestion (personnel, achats de matériels…) sont centralisées en un seul lieu tandis que les différents établissements sont mis sous pression. Dans la réalité, les services demandant le plus de financement (personnes âgées par exemple) sont visés et «restructurés» : des dizaines de suppressions d’emplois. Des zones entières se retrouvent sans plus aucune structure hospitalière à cause de ces regroupements. La seule chose qui va encore augmenter, c’est la bureaucratie et une gestion déshumanisée de la Santé.

Ainsi, dans le Val d’Oise, la fermeture de l’hôpital de Villiers-le-Bel, le remplacement de l’ancien hôpital de Gonesse par un nouveau (- 300 lits), la fermeture de l’hôpital gériatrique Adélaïde-Hautval (-472 lits), la fermeture d’un Ehpad à Sarcelles, la transmission d’un Ehpad de Marly la-Ville au privé, se traduisent par la destruction de presque 2000 lits hospitaliers publics pour ce seul département.

Grève le 8 novembre

Toute cette année, de nombreuses luttes et grèves ont eu lieu. Dans les cliniques, les établissements pour personnes âgées (Ehpad), les hôpitaux (Albi, Alençon, Niort, Rodez…). À chaque fois, l’organisation du travail, la pénibilité, la dégradation des soins sont au coeur des problèmes. 20% des personnels des hôpitaux sont en contrats précaires. Le gouvernement veut faire des économies à hauteur de 3,5 milliards d’euros sur les Établissements Publics de Santé, c’est-à-dire sur le dos du personnel et des soins et supprimer 22.000 postes !

CGT, FO et Sud appellent donc à la grève le 8 novembre pour dénoncer les mauvaises conditions de travail, exiger l’abrogation des GHT et de la réforme de la Santé, obtenir l’embauche des personnels précaires et revenir à un véritable service public de Santé.

Cela nous concerne tous et toutes, et il faut soutenir cette lutte, car il en va de notre santé, mais aussi de tout l’avenir de la société. La question ne se résoudra pas que par la grève, car elle fait partie d’un projet de société : soit on laisse le capitalisme tout ravager et se faire du profit y compris avec les tumeurs et les cancers, soit on intègre, comme la Gauche révolutionnaire le fait, la revendication d’un système de Santé entièrement public, du médicament au lit d’hôpital.

Par Alex Rouillard