Quelle place pour les femmes dans le mouvement ouvrier ?

Pour être en mesure de défendre les intérêts de toute la classe ouvrière, il est nécessaire de lutter dans ses propres organisations (partis, syndicats…) pour des politiques (et donc des pratiques) qui luttent contre l’oppression des femmes et donc y encouragent et garantissent leur implication, tout particulièrement les travailleuses. Les divisions sexistes sont à la base de la société capitaliste ; la lutte contre le capitalisme ne se fera pas sans les travailleuses. Quand elles entrent en lutte, elles s’engagent souvent très profondément car elles remettent en cause toute leur vie. Ce n’est pas seulement une question de courage mais le fruit de l’oppression spécifique des femmes. Celle-ci rend plus compliqué l’engagement car à côté il y a la gestion de la famille au sens large.

Ne pas faire passer la forme avant le fond

Néanmoins, la question du genre est souvent détachée du fond comme si ce n’était pas une question éminemment politique mais morale. Par exemple, certaines discussions ont surgi au sein de la CGT, en préparation du congrès car Philippe Martinez veut être remplacé par Marie Buisson avec comme principal argument que la CGT « doit franchir un cap » en portant une femme à sa tête. Effectivement, ça serait positif, mais quelle orientation il ou elle défend pour animer le syndicat ? C’est le premier débat à avoir, et il ne se résume pas à un nom ou à un genre. Or dans le débat, toute forme d’opposition est caricaturée au fait de refuser la candidate « parce que c’est une femme » et non en raison de son programme. Cela revient à utiliser cette question à des fins politiciennes, sans que la place des femmes dans le syndicat n’avance pour autant.

Organiser de manière consciente

Dirigeantes, militantes et sympathisantes de la Gauche révolutionnaire. À la GR, la majorité de nos dirigeant-e-s sont des femmes, ce n’est ni par hasard ni par opportunisme : c’est le fruit de notre politique !

Les organisations du mouvement ouvrier doivent former des militantes. Qu’elles puissent être des cadres dirigeantes de lutte et non « que » dans des tâches administratives ou organisationnelles. Dans une lutte, dans une organisation, il faut donner les moyens : garder les enfants si nécessaire, adapter les réunions et actions aux moments qui permettent aussi aux travailleuses d’être présentes.

Le mouvement ouvrier doit être le meilleur défenseur des femmes en particulier dans les luttes contre les violences domestiques, le harcèlement et le sexisme, notamment sur les lieux de travail, par des campagnes publiques et internes et dans la bataille pour l’ensemble des droits reproductifs et pour des services publics gratuits et de qualité.

Les débats et les campagnes pour les droits des femmes doivent être pris en charge par toutes et tous. Les femmes doivent pouvoir mener des campagnes et s’organiser spécifiquement si nécessaire. Pour autant, elles ne sont pas réduites au fait d’être des femmes. Et leurs luttes ne doivent pas s’y cantonner. C’est le rôle des organisations ouvrières de lutter pour cela.

Nous voulons toutes et tous que l’ambiance soit fraternelle. Pour cela, il faut combattre constamment les préjugés, attitudes ou propos sexistes avec des instances qui permettent de prendre des décisions démocratiquement en cas de problème et faire ainsi en sorte que les droits de chacun‑e soient respectés. Notre objectif doit être l’unité de la classe ouvrière, en intégrant les questions de sexe, de genre, de nationalité… car il n’y a qu’avec la plus grande unité possible de toutes ses composantes que la classe ouvrière sera en mesure de renverser le capitalisme.

Par Rachel, article paru dans l’Egalité n°215