Macron a officiellement fait passer sa loi de casse des retraites en France par un coup de force légal en utilisant le 49-3. Et ce, malgré plus de deux mois de grèves et de manifestations cet hiver, historiquement nombreuses massives, de plusieurs millions de travailleuses et de travailleuses. La réponse a été massive et déterminée jeudi 23 mars avec des manifestations monstres frôlant les 3,5 millions dans la rue. Les petites villes ont battu des records de participation.
En réalité, l’attitude de Macron a eu l’effet d’un électrochoc parmi les travailleurs et les jeunes. Et dans les défilés de nombreux grévistes étaient des jeunes travailleurs venus de nombreuses petites entreprises du privé et un nombre de jeunes lycéens et étudiants plus nombreux. Pour certains, il s’agissait de leur première ou deuxième grève et manifestation. Il était clair pour eux que le moment est critique et qu’il fallait être là.
Violente répression
Macron avait décidé en amont de la journée de grève du jeudi 23 mars de mettre de l’huile sur le feu avec une interview particulièrement arrogante de Macron le mercredi 22 mars au cours de laquelle il a réaffirmé sa volonté de faire appliquer la loi à l’automne. Et sa logique violente s’est traduite sur le terrain par une répression violente dans de nombreuses villes, entraînant des blessés graves : un syndicaliste cheminot a reçu une balle de LBD dans l’œil et l’a perdu, une manifestante combative à Rouen a eu un pouce arraché. Et les groupes policiers spéciaux type BRAV et BAC ont matraqué, harcelé, insulté à tour de bras les manifestants en particulier les jeunes. Du côté du monde du travail, des menaces de licenciement se multiplient pour les grévistes. Et une circulaire du ministre du travail Dussopt a été révélée listant les moyens de faciliter les licenciements pour fautes graves. Cela se déroule alors que le gouvernement a commencé les réquisitions de travailleurs dans les raffineries et dans les services de propreté et déchèteries.
Toute la fin de semaine a été marquée par des rassemblements contre la répression, des manifestations antiracistes contre la loi Darmanin visant à trier les étrangers, en utiliser certains et expulser encore plus facilement les autres. Les colères s’accumulent et s’additionnent rendant la situation encore plus instable et incertaine pour Macron. Non content d’avoir lancé ses corps spéciaux de la police contre les manifestants du mouvement des retraites, le gouvernement a pratiqué une répression systématique et sans distinction contre les militants pour l’environnement présents à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres. Le bilan est lourd, 3 personnes en urgence vitale, 5 blessés graves et plus de 200 blessés par des grenades de désencerclement et des tirs de flash balls.
Le gouvernement adopte la même attitude que pendant le mouvement des gilets jaunes. Et il fait le pari de semer la peur pour que moins de jeunes et de travailleurs viennent. Mais nous ne sommes pas dans la même situation.
Etendre les grèves et se structurer
Une partie du mouvement ouvrier est directement impliqué dans la bataille. Plusieurs secteurs résistent et maintiennent leur grève reconductible depuis le 7 mars pour la plupart, malgré les réquisitions et la durée du mouvement. C’est le cas dans les raffineries, l’énergie et le gaz et les cheminots et dockers. Des caisses de grève existent et se multiplient. Les grévistes des autres secteurs viennent souvent soutenir grâce aux réseaux sociaux.
Cependant, le reste des jeunes et des travailleurs a très peu de possibilités d’entrer dans une grève plus puissante. L’intersyndicale, qui reste unie, annonce chaque nouvelle journée de grève un jour après la précédente. L’intersyndicale appelle à se réunir en assemblée générale pour décider de la grève mais c’est souvent très abstrait. Dans de nombreuses entreprises, c’est très difficile de s’organiser sur le lieu de travail, notamment quand les équipes syndicales sont faibles ou inexistantes. C’est toute une partie des traditions de lutte qu’il faut réapprendre collectivement (tracts, piquets de grève, assemblée de grévistes, votes…) Bien sûr dans la lutte, les choses peuvent s’accélérer. Le potentiel est énorme de pouvoir faire céder Macron et le dégager. Les militants de la Gauche révolutionnaire multiplient les matériels (tracts, journaux…) pour engager la discussion avec des jeunes et des travailleurs dans les manifs et sur les piquets. Nous maintenons aussi fermement nos activités régulières de stands dans les rues pour nous adresser à toutes celles et ceux ultra majoritaires qui regardent le mouvement avec sympathie. L’intérêt pour la politique augmente partout. Et nos tracts et journaux sont massivement pris et demandés. La situation est très intéressante et pose de nombreuses questions politiques qui valident la nécessité de construire un parti révolutionnaire de masse pour le socialisme. Et pour cela de rejoindre la Gauche révolutionnaire.