Pour une CGT de combat !

Le 53e congrès confédéral de la CGT se tiendra à Clermont-Ferrand du 27 au 31 mars. Ce congrès aura lieu dans un contexte marqué par un renforcement de la lutte des classes depuis plusieurs mois, avec de nombreuses luttes dans les entreprises et établissements publics essentiellement sur la question des salaires et des conditions de travail, et d’accélération depuis janvier avec une mobilisation massive contre la contre-réforme des retraites de Macron-Borne-Dussopt qui peut déboucher sur une grève de masse.

Cet accroissement de la combativité des travailleurs et des travailleuses suit plusieurs années de défaites ou de luttes importantes inabouties depuis 2016 (Loi El Khomri et ordonnances Macron, statut de la SNCF et des cheminots, retraites à point, etc.) et d’incapacité à répondre aux enjeux du mouvement syndical. Même la CGT s’est montrée, d’années en années, plus encline à promouvoir un prétendu « dialogue social » et une action syndicale intégrée au sein des instances représentatives du personnel ou au sein des différentes instances de l’État alors même que le capitalisme n’a plus de grain à moudre pour nous octroyer des miettes au cours de négociations (à froid) : un syndicalisme de délégation impuissant et inefficace, qui a entraîné une désaffection certaine des organisations syndicales et conséquemment une forte désyndicalisation, plutôt qu’un syndicalisme de combat.

L’enjeu de ce congrès est bien celui-ci : retrouver orientation pour un syndicalisme de lutte, de classe et de masse afin de mettre un coup d’arrêt à la dégradation continue des conditions de vie et de travail de l’immense majorité de la population et de la classe ouvrière. Il s’agit de mettre fin à la succession d’attaques contre nos conquis sociaux, de construire la contre-offensive et d’offrir des perspectives pour mettre fin à la dictature du capital. C’est ce qui fait actuellement débat et qui crée des tensions car deux lignes fondamentales s’affrontent actuellement dans la préparation du congrès.

L’une d’elles, représentée par Philippe Martinez et Marie Buisson (secrétaire générale de la FERC-CGT) et candidate officielle de l’organisation présentée par la commission exécutive confédérale, incarne la continuation de la liquidation du caractère de classe de la CGT et l’abandon de la centralité de la classe ouvrière dans la lutte contre le capitalisme au profit d’une organisation pour laquelle l’exploitation capitaliste serait une forme d’oppression et de domination spécifique comme les autres (sexisme, racisme, etc.), qui divisent la classe ouvrière et qu’il faut combattre à ce titre, et non plus le fondement et la cause de celles-ci. C’est ce que l’on peut comprendre au travers de l’un des textes anonymes en soutien à Marie Buisson lorsqu’on y lit : « Nous, militantes et syndiquées, revendiquons et affirmons que l’émancipation des salarié·e·s passera d’abord par l’émancipation des femmes ».

Une autre orientation qui essaye de se structurer et qui entend s’opposer à cette dérive de la CGT qui segmente plus qu’elle unit la classe ouvrière autour de ses intérêts communs, quel que soit son sexe, son genre, son origine, etc., est incarnée, entre autre, par Olivier Mateu, secrétaire général de l’Union départementale des Bouches du Rhône (UD13), qui se présente face à Marie Buisson, et qui est soutenu par un certain nombre de structures CGT (UD et fédérations). Cependant, cette « opposition » au sein de la CGT s’effectue sur une orientation de repli frileux sur elle-même, où la CGT se suffit à elle-même et à la classe ouvrière pour mener le combat contre le capitalisme, alors que celui-ci, en crise structurelle, mène une offensive généralisée, qui rend nécessaire la constitution d’un front unique ouvrier large qui inclut l’ensemble des organisations (politiques, syndicales et associatives) du mouvement ouvrier pour emmener les couches les plus larges dans la lutte contre le système capitaliste.

Article paru en version courte dans l’Égalité n°215, par Yann Venier

(Photo par Bertrand GUAY / AFP)