Ce n’est pas un secret que le système scolaire tel qu’il est actuellement regorge de problèmes. Cette année encore, les élèves comme les professeurs ont fait les frais de la négligence et de l’incompétence de l’Éducation Nationale. Parcoursup, la réforme des lycées professionnels, le bac de spécialités en mars et on en passe, ces mesures sont révélatrices de l’emprise du capitalisme sur notre éducation.
Aujourd’hui, l’école perpétue avec assiduité la division des classes présentes dans la société. Les enfants d’ouvriers n’ont que le choix de se diriger vers les filières professionnelles, compte tenu du prix des études post-bac et des nécessités financières de leurs familles. Les élèves issus de la classe dirigeante, quant à eux, se tournent vers les grandes écoles et la poursuite d’études du fait de leur aisance financière. Mais un point commun à ces deux profils est la répression qui leur a été imposée tout au long de leur scolarité. En effet, l’école telle qu’elle est conçue n’est pas adaptée à une grande partie des élèves.
L’apprentissage se fait sous la menace constante de sanctions du professeur, et ceux qui ne s’y conforment pas sont sévèrement punis jusqu’à ce qu’ils se plient à l’autorité. Marx disait que la culture, dont l’éducation, « n’est pour l’immense majorité que du dressage qui en fait des machines » (K.Marx, F. Engels, Le Manifeste du Parti Communiste, 1848) et on ne peut que le constater en voyant la détresse psychologique causée par la rigidité de l’éducation chez les élèves. La hausse du pourcentage de jeunes atteints de troubles dépressifs et anxieux en est la preuve.
Des « réformes » nuisibles à tous les niveaux
Cependant, cette hausse s’explique également par le stress que génèrent des réformes en continu et le manque d’information à propos d’elles. Cette année encore, le déroulement du bac de spécialité en mars a été extrêmement anxiogène pour les jeunes comme pour les professeurs. En effet, même avec une restructuration des programmes de spécialités, la charge de travail est restée considérable, ce qui a fait des deux premiers trimestres des terminales et de leurs profs un moment particulièrement épuisant.
Ces problèmes pointent vers une cause commune : l’absence de contrôle totale des élèves, des profs et des parents sur les programmes et les réformes. Les programmes actuels émanent du gouvernement, avec pour seule utilité de former des travailleurs, sans préoccupation pour un apprentissage général et formateur à la vie en société. Et malgré les réserves des professeurs envers cette éducation quasi-militaire et cloisonnée, leurs avis sont ignorés. Au-delà du stress et de l’inadéquation aux besoins des élèves, cette absence de contrôle ouvre la porte à la création de sujets tabous, notamment en histoire. On apprend aux élèves à idéaliser « la France » (c’est-à-dire de la vision de la classe dirigeante de « la France ») tout en évitant convenablement les sujets de la guerre d’Algérie ou de la Commune de Paris.
Éducation ou apprentissage de l’exploitation ?
Le but final de l’éducation sous le capitalisme n’est ni plus ni moins de former des travailleurs peu chers et dociles, formés dès le plus jeune âge à respecter l’autorité. C’est en suivant cette logique que des professeurs se retrouvent à gérer comme des flics des classes surchargées dans des établissements manquant cruellement de moyens. C’est également la raison pour laquelle les élèves ne sont encouragés qu’à rejoindre des secteurs lucratifs pour les capitalistes, à l’opposé de ce qui leur plaît ou les intéressent.
Pour corriger tout cela, il faut prendre conscience que l’éducation est l’une des bases de la société et la traiter en tant que telle. Cela nécessite une éducation publique, gratuite et sans sélection. Plus encore, il faut que les acteurs de l’éducation, y compris les élèves, aient directement la main sur le contenu ainsi que la forme que revêt l’apprentissage, dans le but de rendre l’école complètement accessible aux jeunes issus de la classe ouvrière, aux élèves qui ne parlent pas forcément bien français, à toutes celles et ceux qui ont des difficultés…
Il est maintenant temps pour nous de complètement repenser la manière d’éduquer et offrir un apprentissage transversal, plus pédagogique, et laisser derrière nous l’éducation rigide, élitiste et militaire que nous a laissée Napoléon. Sous le socialisme, nous voulons une école qui éduque à la polyvalence, la pensée critique, où sont enseignés l’art, la musique et d’autres sujets qui feront des élèves des humains complets. Nous voulons qu’à 17 ou 18 ans, chaque jeune maîtrise un large éventail de compétences pour assurer la plus juste répartition des tâches. En 1920, Lénine a écrit : « Notre école doit donner à la jeunesse les bases de la connaissance, lui apprendre à élaborer elle-même les conceptions du communisme, elle doit en faire des êtres cultivés. » (V. Lénine, Les tâches des unions de la jeunesse, 1920)
Article paru en version courte dans l’Égalité n° 217