La CGT appelle à 3 journées de grève interprofessionnelles les 7, 8 et 21 mars. Un tel calendrier aurait pu permettre de construire un mouvement social puissant. Mais ce n’est pas ce que souhaite la direction confédérale CGT. Le 7 mars était à l’origine une journée de grève des hospitaliers qui sont déjà fortement mobilisés. Plusieurs fédérations, syndicats et Union départementales ont alors mis la pression, à raison, pour que cette journée devienne une journée de mobilisation dans toute la fonction publique, avec un appel clair de la CGT. Mais l’accent mis sur une manifestation nationale à Paris va poser un problème : hormis chez les hospitaliers, déjà en lutte, pour les personnels des secteurs publics, ce sera souvent une première journée de grève. Or, une manifestation nationale devrait être une étape dans un plan de mobilisation. Et la confédération CGT est loin aussi de faire le maximum pour réussir le 7 mars… ou même préparer un plan d’action.
Le site confédéral met l’accent sur le 8 mars, pour l’égalité des droits homme-femme, notamment professionnellement, et appelle à des débrayages à 15h40 sur tous les lieux de travail (l’heure à laquelle les femmes arrêteraient d’être payées par rapport aux hommes compte tenu des différences de salaire). Faire du 8 mars une vraie journée de lutte pour les droits des travailleuses va dans le bon sens, mais ce n’est pas une journée de grève capable de mobiliser massivement autour de revendications plus larges pour créer un rapport de force suffisant pour gagner.
En se basant sur les déclarations de Martinez, l’objectif de ces trois journées serait seulement de « peser » sur le débat électoral, d’où le choix de la date du 21 mars… en pleine campagne électorale, qui est souvent une période d’attente. Même si cette journée est massive, le risque que les salariés poussent à une suite est minime.
La stratégie adoptée par la direction confédérale CGT ne permettra pas aux travailleurs d’imposer largement un vrai premier recul aux capitalistes. La période est remplie de luttes notamment contre les premières applications de la loi « travail » ; une journée de grève public-privé dès fin janvier aurait pu faire converger les luttes locales et donner de la force à chacune d’elles. La puissance du mouvement contre la loi travail a démontré que la CGT pouvait mobiliser et réussir une telle journée, et placer dès février les salariés, les jeunes… en position d’imposer les revendications sociales dans le débat électoral, par la grande porte, et d’installer un rapport de force bien plus favorable. Les militants de la Gauche révolutionnaire, comme d’autres, bataillent au sein de la CGT pour aller dans ce sens. Plusieurs organisations syndicales et militantes appellent par exemple à un rassemblement à Paris le 22 avril à la veille des élections.
Le 21 mars est une journée d’action pour la reconquête de l’emploi industriel en lien avec les services publics. La CGT va tout faire pour la réussir, mais aussi la limiter à une seule journée de protestation. Les travailleurs ont tout intérêt à s’en saisir pour montrer qu’ils n’en resteront pas là et qu’ils n’ont pas l’intention d’attendre et de respecter la « trêve électorale » qu’espèrent les capitalistes.
Luc de Chivré