A en croire les médias, tous dépendants des capitalistes, la situation politique se résumerait simplement à savoir qui de Juppé ou de Sarkozy sera au second tour face à Le Pen pour la présidentielle. À les écouter, l’affaire serait quasiment pliée, au point où l’on peut se demander si, après le résultat des primaires de la droite et du centre, il ne suffirait pas que de procéder directement au second tour de l’élection.
Il est clair que la politique pro-capitaliste menée par Hollande et ses différents gouvernements depuis 2012 a provoqué un rejet du PS, et une rupture entre ce parti et la classe ouvrière. Cependant les Républicains sont loin d’obtenir l’adhésion générale à leur projet politique.
Comment pourrait-il en être autrement. Nous avons en mémoire le désastre pour nous de la droite au pouvoir, sous Sarkozy mais aussi plus anciennement avec Juppé. Et les scandales qui leur collent tous à la peau… Les projets politiques de leurs candidats ont des différences aussi fines que du papier à cigarette. Ce n’est que la continuité des politiques mises en place par Sarkozy puis par Hollande. Politiques que nous avons pourtant déjà rejetées massivement dans les urnes et dans la rue.
C’est toujours plus d’austérité et d’attaques contre les travailleurs et les plus pauvres, de politique raciste et de délires ultra-sécuritaires : suppression de 250 000 à 600 000 fonctionnaires hors armée, police, justice, et entre 90 et 110 milliards d’euros de baisse des dépenses publiques. Donc moins de professeurs et d’instituteurs, moins de personnels de santé dans les hôpitaux, etc. La retraite se verrait repoussée à 64 ou 65 ans et suppression des régimes spéciaux (pas celui des parlementaires et des ministres assurément !), alignement du public sur le privé, dégressivité des allocations chômage et suppression du régime des intermittents du spectacle, fusion et baisse des différentes aides sociales… Autant de nouvelles attaques contre les salariés, les chômeurs, les précaires, les retraités.
En «contrepartie», les entreprises et les ultra-riches recevront de nouveaux cadeaux par milliards : baisse du coût du travail, autrement dit, pression à la baisse sur les salaires ; suppression de l’impôt sur les grandes fortunes et baisse de la fiscalité du capital, alors que les milliardaires et les grandes entreprises s’arrangent déjà pour en payer le moins possible grâce à l’évasion et à la fraude fiscales.
La crise politique est profonde. S’ils sont élus, ce sera sans franche majorité et sans soutien populaire. Certains candidats – Juppé, Fillon, Lemaire, Copé – ont trouvé la parade à une contestation sociale en progression : gouverner rapidement par ordonnance, c’est-à-dire sans débat parlementaire. Même plus besoin de 49.3. Au diable la démocratie bourgeoise lorsque ça bouillonne dans la France d’en bas et que leurs seules perspectives sont toujours plus d’austérité pour la majorité !
L’autoritarisme réactionnaire de leur programme se lit aussi dans le durcissement, la limitation ou la suppression du regroupement familial pour les étrangers, la mise en centre de rétention administratif ou en assignation à résidence des fichés S, soit 20.000 personnes environ privées de liberté sans jugement, sans même avoir commis de crime ou délit. La moitié sont d’ailleurs des militants politiques ou syndicaux, des zadistes, des supporters ultras de clubs sportifs, etc.
Ce petit florilège des horreurs annoncées suffira pour convaincre que nous n’avons vraiment rien à attendre de ces serviteurs décomplexés de la bourgeoisie et de l’ordre capitaliste… Mais pouvait-on en douter ?