Le système capitaliste est fondé sur la division de la société en classes sociales. Les capitalistes sont au sommet, et possèdent les moyens de production. Les travailleurs forment la classe ouvrière et doivent se salarier en vendant leur force de travail aux capitalistes. Les autres classes sociales sont sans cesse ballottées entre ces deux classes fondamentales.
Article paru dans l’Egalité n°108
La classe ouvrière est unie par une situation sociale commune, travaillant souvent collectivement etc. Elle l’est également par un intérêt commun : en finir avec son exploitation par les capitalistes. Mais, cette unité est mise à mal par les nombreuses divisions instaurées par le capitalisme grâce à une répartition individuelle du travail (c’est la division du travail). Ainsi se font jour des différences de statut, de salaires, de qualifications, approfondies par les vieilles divisions présentes dans toutes les sociétés divisées en classe : entre hommes et femmes, jeunes et vieux, entre ressortissants nationaux et étrangers, entre immigrés et sans papiers. L’objectif d’une telle division est d’une part de mettre les travailleurs en concurrence et donc de mieux pouvoir les exploiter, et d’autre part de donner des « privilèges » à certains. Tout ceci n’a qu’un but, éviter qu’ils ne s’unissent pour lutter… Cette division se fait aussi en mettant les travailleurs en concurrence, les patrons préfèreront parfois embaucher un étranger car ils savent que sa situation de précarité le poussera á accepter n’importe quelles conditions de travail et un salaire moindre. S’opposer au racisme, c’est avant tout faire comprendre que seule l’unité de tous les travailleurs dans la lutte permettra de gagner contre les exploiteurs.
Le rôle de l’extrême droite
Les scores des partis d’extrême droite en Europe lors des dernières élections, les campagnes comme celle contre la Turquie nous montrent une fois de plus que la question du racisme est toujours largement utilisée par de nombreux partis capitalistes. Mais les différents partis nationalistes ou populistes, comme le Front National en France, le Vlaamsblock en Belgique, ou le BNP en Angleterre ont également fait campagne sur des questions sociales et ont ainsi recueilli un vote populaire parfois important. En France, le score du FN s’est un peu tassé par rapport aux élections précédentes. Il continue de faire de gros scores dans les campagnes, mais recule dans la plupart des villes. Les régions dans lesquelles il augmente son nombre de voix sont celles les plus durement touchées par les dernières vagues de licenciements.
Pour la plupart de ces électeurs, la question du racisme a été secondaire. Ils ont voté pour ces partis parce qu’ils se présentent contre les politiciens corrompus. N’ayant que très rarement été au pouvoir ils ont peuvent laisser croire qu’ils sont moins magouilleurs. Mais c’est un masque : les dirigeants de ces partis sont de grands amis des patrons, et souvent des patrons eux mêmes. Les espoirs que les travailleurs plaçaient dans les partis de gauche ont été déçus. Ces partis ont souvent été les premiers à mettre en place des politiques de discriminations envers les immigrés, ou ne les ont pas supprimées quand ils sont arrivés au pouvoir. Il serait donc faux et dangereux de considérer ces électeurs comme une bande de fascistes avec lesquels nous n’avons rien à faire. En effet, ces partis ont des éléments fascistes et s’appuient sur des thèses racistes et donc jouent un rôle pour faire pénétrer le racisme dans certaines couches de la société. C’est pour cela qu’il faut les combattre. Mais il faut bien comprendre que leur propagande trouve d’autant plus d’écho que le système capitaliste favorise le racisme. Celui-ci n’est donc pas à aborder sous l’angle d’une question d’opinion individuelle, mais comme le produit d’un système.
L’impérialisme : première cause de l’émigration
En Afrique, en Amérique du Sud, au Moyen Orient ce sont les multinationales européennes et américaines qui s’accaparent les richesses et les marchés, avec l’aide des dirigeants locaux qui se servent au passage. Ceci prive les pays des richesses nécessaires. Les capitalistes n’ont aucun scrupule à piller les pays pauvres de leurs ressources humaines et naturelles. Ils poussent ainsi les populations à quitter leur pays pour espérer de meilleures conditions de vie en Europe ou aux Etats Unis, où en même temps, il leur est refusé le droit à une existence digne.
C’est ce que l’on peut voir si on analyse de près les récentes lois contre les étrangers votées dans des pays comme le Danemark, les Pays Bas ou l’Autriche, et celles discutées au conseil de l’Union européenne. Ce qu’ils veulent en fait, c’est rentabiliser l’immigration, pouvoir se servir des immigrés comme des outils quand ils en ont besoin et les renvoyer dès qu’ils deviennent « inutiles » aux capitalistes. A peine l’entrée dans l’Union européenne était sure pour plusieurs pays de l’est de l’Europe que de nombreux gouvernements (Suède, Allemagne etc.) ont aussitôt établis des quotas fixant la durée et le nombre de permis de travail qui seraient accordés aux polonais, tchèques etc.
Un autre aspect des campagnes racistes des gouvernements contre les immigrés est de se servir de ceux-ci comme boucs émissaires, il est plus simple de rendre les immigrés responsables de tous les problèmes de la société pour masquer le vrai responsable : le capitalisme. De plus, tant qu’on parle de l’insécurité ou du « problème de l’immigration » on ne parle pas des privatisations, des licenciements ou de la misère. C’est ce qu’on a pu voir avec la campagne pour l’exclusion des lycéennes musulmanes portant le voile à l’école. Une telle campagne justifie encourage le racisme car elle montre du doigt une partie de la population et la rend responsable de tous les problèmes. Pourtant les classes qui ferment, les enseignants surchargés de travail… voilà les vrais problèmes que connaît l’école.
Pour en finir avec le racisme, il faut en finir avec le capitalisme
La lutte contre le racisme est une lutte qui doit s’attaquer aux sources du problème. Ce sont les capitalistes qui exploitent les travailleurs, les licencient, font des milliards de profit tandis que des millions de personnes meurent de faim. Il y a suffisamment de richesses aujourd’hui pour loger, nourrir etc. l’ensemble de la population. En même temps que nous sommes pour la régularisation des sans papiers, l’égalité des droits entre français et immigrés, nous luttons pour des logements de qualité pour tous, de vrais services publics etc. Et c’est en luttant tous ensemble que nous les obtiendrons.
Il faut se battre dès aujourd’hui aux côtés des travailleurs et des jeunes immigrés pour l’égalité des droits, aux côtés des sans papiers pour leur régularisation immédiate, pour les pleins droits de citoyenneté pour les immigrés, que l’on peut se battre contre le racisme. Dans les usines, les lycées et les facs, dans les quartiers, tous ensemble, immigrés et français !
On ne pourra réellement en finir avec le racisme que si on lutte pour en finir avec ce système, pour la construction d’une alternative démocratique : le socialisme, où la production sera organisée et gérée par les travailleurs eux-mêmes, pour la satisfaction des besoins de tous et non les profits d’une minorité d’exploiteurs. En organisant ainsi l’économie, on pourra avancer et, à terme, en finir avec la domination d’une classe par une autre, d’un pays sur un autre, donc d’une nationalité sur une autre. Ce n’est que dans un tel système organisé de façon démocratique que l’on pourra en finir avec le racisme, le sexisme, l’homophobie, l’antisémitisme, l’intolérance…
Pour y parvenir il faut l’unité de la classe ouvrière autour de l’objectif du socialisme. Lutter contre le racisme, le sexisme etc. n’est pas une question morale, c’est un combat qui concerne tous ceux qui veulent en finir avec le capitalisme et l’exploitation. C’est un combat pour l’unité de la classe ouvrière non pas en ignorant certains problèmes ou certaines oppressions mais en permettant à chacun et à chacune de trouver sa place dans ce combat. Seul un parti révolutionnaire peut avoir une telle vision d’ensemble qui permette de lutter efficacement contre le racisme, le sexisme…
C’est cela que nous voulons construire, rejoignez nous !