Mittal-Arcelor : Restructuration des groupes sidérurgiques sur le dos des travailleurs

Le gouvernement français fait mine d’intervenir dans l’affaire de l’OPA du groupe sidérurgique Mittal Steel sur l’européen Arcelor. Les travailleurs ne doivent pas être dupes : les intérêts en jeu ne sont pas les leurs et quels que soient leurs patrons aujourd’hui ou demain, ceux-ci continueront à les exploiter pour leurs profits.

Article paru dans l’Egalité n°118

Le groupe européen Arcelor, premier producteur mondial d’acier est issu de la fusion du français Usinor, du luxembourgeois Arbed et de l’espagnol Acéralia. La restructuration des groupes industriels de l’acier en France et en Europe s’est toujours faite sur le dos des travailleurs : des 160 000 travailleurs d’Usinor dans les années 1970, il ne reste que 29 000 aujourd’hui. Des sites entiers ont été fermés entre 1978 et 1982, époque où l’Etat racheta l’entreprise. Une fois le groupe renfloué par les fonds publics et les profits retrouvés par des licenciements massifs, il fut de nouveau privatisé. Les bénéfices d’Arcelor l’an passé étaient de 3,8 milliards d’euros, en augmentation de 66% … avec une hausse de 85% du dividende aux actionnaires ! Pourtant les suppressions d’emplois continuent et la pression sur les salaires est énorme. Mittal Steel quant à elle possède déjà des usines en Europe, comme celles cédées en France et au Luxembourg par Usinor avant sa fusion. Elles dégagent aussi des bénéfices et elles aussi licencient (moins 200 à 300 personnes en 2005).

Lutter ensemble contre les appétits patronaux

Arcelor prétend défendre des intérêts nationaux face à Mittal, mais a la même politique d’expansion internationale. Le groupe vient ainsi d’annoncer la prise de contrôle de 38,5% du producteur chinois Laiwu pour 248 millions de dollars, tout en poursuivant son implantation au Brésil, en Turquie et en Europe de l’Est. Pour défendre leurs intérêts, les patrons d’Arcelor flattent sans le dire des préjugés xénophobes face au groupe indien Mittal. Les travailleurs de la sidérurgie ont des intérêts communs, qu’ils soient exploités par l’un ou l’autre groupe capitaliste. Face aux licenciements, aux dégradations des conditions de travail et des salaires, ils n’ont qu’un choix possible : la lutte. C’est la voie qu’ont tracée les travailleurs de Mittal et Arcelor en défilant sous une banderole commune à Strasbourg le 14 février dernier lors de la manifestation contre la directive Bolkestein. Elle ne peut se poursuivre que par la grève et l’occupation de leurs usines.

Par Pascal Grimbert