Incarnée par Isabel Diaz Ayuso, la droite réactionnaire du PP a doublé son score par rapport aux élections de mai 2019, avec 65 sièges sur 136 au parlement régional. Elle a gagné les voix de Ciudadanos, mouvement de droite populiste. Vox, mouvement de droite nationaliste, réactionnaire et populiste, a aussi accru ses voix.
Du côté, de la gauche, le dirigeant historique de Podemos, Pablo Iglesias s’était lancé dans la campagne, lâchant ses mandats auprès du gouvernement PSOE que Podemos avait rejoint. Ayuso avait qualifié l’enjeu de l’élection de « communisme contre liberté ». La campagne a donc connu une polarisation extrême. Les locaux de Podemos ont été attaqués par des groupes fascisants, proches de Vox, et Iglesias a reçu des menaces de mort.
Une « gauche gouvernementale » impotente pendant la crise
Depuis le début de la pandémie, Ayuso à la tête de la région a adopté une ligne ferme en soutien aux capitalistes et aux commerçants, de défense des ouvertures des commerces et en faveur de la liberté des patrons de travailler.
Dans le même temps, elle a confiné strictement certains quartiers populaires, les plus pauvres de Madrid, ciblés comme les responsables de la crise, dans lesquels des manifestations massives se sont déroulées !
Face à cette politique dans la capitale, le PSOE qui gouverne l’état espagnol, est venu à la rescousse du confinement ciblé d’Ayuso des quartiers populaires. Les ministres de Podemos au gouvernement ne sont malheureusement pas exprimés contre ces méthodes. De la même manière, aucune force politique ni les confédérations syndicales n’ont appelé à la mobilisation dans la rue pour contester ces politiques.
Résultat : les travailleurs-ses et les classes populaires, ont été isolés, dans la crise Covid, sans perspective commune à défendre face à ces politiques anti-ouvrières. Une partie d’entre eux s’est abstenue, d’autres se sont tournés vers un vote individualiste, pour les populistes ou l’extrême droite.
Quelles leçons pour nous en France ?
Iglesias, figure de Podemos, a décidé de quitter la vie politique, expliquant vouloir passer le flambeau à d’autres. Il peut avoir ses motivations personnelles, mais en faisant sa déclaration devant la presse avant d’en parler dans le parti, il a laissé les militant-es et sympathisant-es démuni-es.
C’est d’autant moins constructif que les résultats de Podemos ont augmenté de 280.667 (8,88 % en 2019) à 330.000 (9,13 % en mai), passant de 7 à 10 députés régionaux. Résultats modestes mais significatifs qui montrent la volonté de résister parmi une partie non-négligeable des jeunes et travailleur-ses. Un potentiel pour reconstruire une force déterminée face à la droite et l’extrême droite.
Mais l’entrée au gouvernement PSOE de Podemos a été une sévère erreur, qu’Iglesias poursuit par la manière dont il démissionne. Après la Grèce et Tsipras, le camp de la gauche anticapitaliste qui avait porté un espoir après la crise de 2008 est désarmé dans l’état espagnol.
Maintenir dans une période extrêmement tendue l’existence d’un programme d’indépendance de classe, que la social-démocratie ne représente plus depuis bien longtemps, est une tâche centrale.
L’approche du gouvernement PSOE aurait pu être autre, celle d’une politique d’appui ou d’opposition selon que les mesures proposées allaient dans le sens des intérêts des travailleurs, des jeunes ou au contraire dans le sens des capitalistes. Et un appel régulier à la construction de luttes, en lien avec le reste des organisations du mouvement ouvrier, syndical et associatif.
L’exemple de l’état espagnol est sans appel. À ne pas reproduire, en mettant toutes nos forces dans la bataille pour un programme indépendant des partis au service des capitalistes, et pour la construction d’un authentique parti de masse des travailleurs pour le socialisme face au capitalisme.
Par Leïla Messaoudi, article à paraître dans l’Egalité n°205