Logistique : les travailleurs se mobilisent pour obtenir leur dû

La logistique est un secteur qui sort gagnant de la crise de la Covid. Les commandes internet ont explosé, d’autant plus avec les magasins et centres commerciaux fermés. Les plateformes logistiques de la grande distribution ont aussi tourné à fond, et cela se voit avec le chiffre d’affaires des magasins (Carrefour +8 %, Leclerc +10 à 20 %…). Les patrons et les actionnaires se sont bien gavés mais les salariés ont été envoyés au front sans aucune reconnaissance. Il y a eu la prime Covid de 1 000 € mais dans bien des endroits, il a dû y avoir une mobilisation ou des menaces de grève pour l’obtenir.

En général, les préparateurs de commandes gagnent 11,46 € brut par heure au bout de deux ans. Puis cela n’évolue plus. Un cariste gagne au mieux 12,41 € brut par heure. Beaucoup font des heures sup’ et travaillent le samedi, sinon ils n’y arrivent pas.

Savigny-le-Temple, jeudi 11 janvier. Les grévistes de la Scadif demandaient 100€ de plus par mois et une prime exceptionnelle de 1300€

Nombreuses grèves

Les profits des grands groupes ont motivé des salariés à se mobiliser pour obtenir leur part du gâteau en faisant pression au moment des négociations annuelles obligatoires (NAO). Mais l’on sent que la période est difficile, avec ce gouvernement qui fait tout pour les patrons, car les augmentations revendiquées ne sont pas bien grosses. À la STEF, entreprise de logistique basée à Montbartier, dans le Tarn-et-Garonne, 70 grévistes ont fait 42 jours de grève. Ils ont multiplié les actions dans la région, à la DIRECCTE, sur les péages en plus du piquet. Ils ont obtenu une revalorisation de 50 € des salaires, avec 35 € dès le 1er janvier 2021 et 15 € début 2022. La prime de panier a également été revalorisée de 1,30 € pour atteindre 6,30 €. Enfin, une prime transports a été mise en place à 65 centimes par jour. L’entreprise s’est engagée à étaler les retenues pour jours de grève.

À la Scadif, qui approvisionne les magasins Leclerc en Île-de-France, les travailleurs ont fait grève une semaine pour réclamer des augmentations de salaire. La direction leur proposait 20 € bruts, disant qu’ils étaient bien payés pour des salariés sans diplôme ! Ils réclament aussi des meilleures conditions de travail alors que l’entrepôt n’est pas chauffé. La direction a mobilisé des personnels de magasins pour casser la grève. D’autres actions sont à prévoir.
À Entraigues, un quart des salariés de la plateforme Système U a fait grève pendant quatre jours et ne laissait passer qu’un camion par heure. Ils ont réussi à négocier une augmentation, la mise en place d’une prime d’ancienneté et le paiement d’un jour de grève.

Ces grèves sont encourageantes et pourraient obtenir bien plus si elles se développaient au niveau national, car elles n’ont pour l’instant pas mobilisé la majorité des travailleurs de ce secteur. Ça doit être le rôle des syndicats d’organiser cela !

Par Matthias, article paru dans l’Egalité n°204