Les agents de l’ANPE en grève contre la RTT

Si le décret Sapin, sous couvert du passage aux 35 heures, organise la casse des acquis sociaux dans la fonction publique, à l’ANPE, Michel Bernard, directeur général, en profite pour raser gratis : suppression de la sixième semaine de congés payés (« gagnée » en 68… en échange d’un gel des salaires), jours RTT non cumulables avec les congés et imprenables le mercredi, 16 semaines « rouges » pendant lesquelles la récupération RTT est impossible…

Article paru dans l’Egalité n°90

De plus, alors que les agents se sont clairement déclarés pour une semaine maintenue à 39 heures avec 23 jours RTT, dans une dernière provocation avant le conflit, la Direction Générale propose 4 options d’horaires, mais pas celle voulue par les agents ! Après deux journées de grève très suivies (une en Avril et une en Juin), les salariés de l’ANPE se devaient d’augmenter la pression.

Une forte mobilisation

Préparée depuis la rentrée, la semaine de grève est partie sur des bases élevées : contre les 1600 heures, pour la création de postes à hauteur des besoins, pour la défense des acquis. Et le lundi 17, malgré la pression particulière exercée par la direction sur les nouveaux recrutés en formation c’est plus de 55% du personnel qui n’a pas repris le travail. Des centaines d’agences restent portes closes et quelques sites sont occupés en permanence par les grévistes : la DG dans la banlieue parisienne, les directions régionales du Languedoc-Roussillon et du Nord-Pas de Calais ainsi qu’une agence de Toulouse et une de Rouen. Devant l’intransigeance et l’arrogance des autorités le mouvement est reconduit pour le mardi.

Le mouvement est moins bien suivi le deuxième jour : environ 25 % de grévistes. Ce chiffre peut paraître faible mais il ne l’est pas au regard du peu de tradition de lutte dans le service public de l’emploi. Cette deuxième journée oblige la direction à ouvrir des négociations sur les modalités d’application des 35 heures à l’ANPE.

Seul un mouvement d’ensemble de la Fonction publique nous fera gagner

Les salariés de l’ANPE vont (peut-être : rien n’est définitif à l’heure ou nous écrivons ces lignes) gagner des améliorations sur les modalités d’application mais la bataille contre le décret Sapin est, pour le moment, perdue. En effet, ce décret organisant la casse des acquis et la régression sociale dans l’ensemble de la fonction publique, ce ne sont pas les 1800 agents de l’ANPE qui pourront, seuls, faire reculer le gouvernement sur cette affaire.

Et si nous assistons bien en ce moment à des mouvements sectoriels (hôpitaux le 20/09, Education Nationale le 22/09, ANPE du 17 au 22/09 …), ils sont bien loin d’être suffisants car cette lutte par catégorie ne permet que de revenir sur les modalités d’application et ne remet pas en cause le décret fondamental. Dès lors, il est évident que la seule chose qui peut nous faire gagner est un mouvement d’ampleur dans la Fonction publique exigeant le retrait du décret Sapin.

Par Vincent Lalouette