Les taupes de Bolkestein

Retirée en 2005, la fameuse directive Bolkestein a refait surface en 2006 devant le Parlement européen. Pour limiter le mécontentement populaire, la « clause du pays d’origine »a été retirée du texte qu’ils ont finalement voté. La volonté de faire disparaître tous les obstacles à la concurrence libre et non faussée reste toutefois l’idée maîtresse de la directive.

Article paru dans l’Egalité n°119

La clause du pays d’origine est en fait appliquée par beaucoup de patrons, au mépris de la loi ou en la contournant : ouvriers indiens et polonais en sous-traitance pour les chantiers de l’Atlantique dans des conditions indignes, entreprises polonaises rénovant la centrale thermique de Porcheville sur les bords de Seine au tarif en vigueur sur les bords de la Vistule Le gouvernement français n’est pas plus respectueux de la législation. Le ministère de la Justice a été pris la main dans le sac en Savoie où une entreprise chargée de la construction d’un nouveau palais de Justice avait sous-traité une partie du travail à un négrier. En d’autres temps, le stade de France de Saint-Denis avait été en partie construit par des travailleurs embauchés par des sous traitants à des tarifs bien au dessous de ceux des conventions collectives.

Dans son n° du 10 février, la NVO (Nouvelle Vie Ouvrière) l’hebdomadaire de la CGT, nous apprend que l’Etat français est complice d’une violation plus vicieuse encore du code du Travail. Au Perthus (Pyrénées Orientales), sous le territoire national, sans que des inspecteurs du travail puissent intervenir, des travailleurs français sont soumis à la législation sociale espagnole. Embauchés par le consortium franco-espagnol, ils prennent leur service de l’autre côté des Pyrénées…: La raison : la seule entrée du tunnel de 8,3 km où passera la future ligne à grande vitesse entre Perpignan et Barcelone est du côté espagnol, bien que le plus gros du tracé soit au nord de la frontière. On comprend pourquoi le percement n’a pas commencé en France ou pourquoi deux tunneliers n’ont pas été mis sur le coup.

Par Jacques Capet